Gezora et son jockey Christophe Soumillon font triompher la France et l’Amérique dans le Prix de Diane Longines
Credit : Scoopdyga
La pouliche française Gezora a remporté dimanche le Prix de Diane Longines, à l’issue d’une superbe fin de course à l’extérieur. Elle est entraînée à Chantilly (Oise) par Francis-Henri Graffard, qui avait trois partantes dans la course – lesquelles ont toutes terminé dans les premières : Gezora (1re), Cankoura (3e) et Mandanaba (4e). Seule l’irlandaise Bedtime Story (2e) a réussi à s’intercaler au sein de ce trio. Ce tir groupé est un véritable exploit de la part du professionnel cantilien, dont nous n’avons pas souvenir dans le Diane.
Cette victoire est assez logique puisque la pouliche venait de remporter l’Auguste Rodin Coolmore Prix Saint-Alary, l’une des préparatoires officielles au Prix de Diane Longines.
Gezora était montée par le jockey belge installé en France Christophe Soumillon, plusieurs fois Cravache d’Or (meilleur jockey français), qui remporte son troisième Diane après les victoires de Latice (2004) et Zarkava(2008).
Elle appartient au propriétaire américain Peter Brant (White Birch Farm), grand industriel connu notamment pour posséder la plus belle collection de toiles de Jean-Michel Basquiat dans le monde. Le flamboyant Américain a déjà eu beaucoup de chevaux en France, en particulier le champion Sottsass (Siyouni), lauréat du Prix du Jockey Club et du Qatar Prix de l’Arc de Triomphe en 2020. Le meilleur classement de sa casaque dans le Diane était la deuxième place de la championne Sistercharlie en 2017.
Gezora a été élevée au Haras d’Etreham, dans le Bessin, l’extrémité Est du Calvados (Normandie). Le haras appartient à la famille Chambure depuis plusieurs générations : c’est actuellement Nicolas de Chambure qui dirige l’opération. Nombre de grands champions y ont été élevés, parmi lesquels la championne Urban Sea (Arc de Triomphe et mère de deux étalons miracles : Galileo et Sea the Stars), Maximova, Septieme Ciel, Anabaa Blue, King’s Best…et plus récemment le Champion Européen Almanzor, père de Gezora.
La dernière gagnante du Diane élevée au Haras d’Etreham est Montenica, lauréate en 1947.
Le résultat technique
1re GEZORA (C. Soumillon)
2e BEDTIME STORY (R. Moore)
3e CANKOURA (C. Lecoeuvre)
4e MANDANABA (M. Barzalona)
5e D’ORES ET DÉJÀ (C. Demuro)
Temps : 2’06’’57. Écarts : 1 - 1/2 – 1 1/4 – 1 – 1 1/4 – 2,5.
LES CITATIONS DES VAINQUEURS
Francis Graffard, entraîneur de Gezora (1re), Cankoura (3e) et Mandanaba (4e), Chantilly (Oise)
« Gezora avait très bien gagné le Saint-Alary et surtout elle a continué de progresser après cette victoire, si bien qu’elle est arrivée au top de sa condition pour le jour J. Je ne connaissais pas vraiment ses limites, et pour moi, ce n’est pas une surprise de la voir gagner. C’est une pouliche facile, professionnelle. En remportant cette course, elle va bénéficier d’une wild card pour l’Arc : nous ne fermons aucune porte, surtout que nous savons qu’elle adore le terrain souple. C’est une émotion énorme, avec la présence de mon père, qui a toujours été un grand soutien pour moi, même s’il n’est pas du tout dans le milieu des courses… Il rêvait que je devienne un pilote de Formule 1 ! »
Peter Brant (White Birch Farm), propriétaire de Gezora (1re)
« Michel Zerolo avait repéré cette pouliche quand elle avait 2 ans et m’en a parlé. Elle descend d’une très belle famille Niarchos, elle avait de bonnes performances, aussi l’ai-je achetée. J’ai eu beaucoup de succès avec les pouliches françaises, comme Sistercharlie, qui aurait pu gagner cette course si elle avait été plus heureuse. Gezora va poursuivre sa carrière en France. »
Christophe Soumillon, jockey de Gezora (1re), Chantilly (Oise)
« Quel pied ! À l'entrée de la ligne droite, je suis un peu bloqué en dedans. Dès le départ, j'avais dit à Francis [Graffard, son entraîneur, ndlr] que je ne voulais pas trop me retrouver derrière des pouliches qui n'avaient pas de chance. Gezora ne s'est pas élancé très très vite. En partant, dès que j'ai eu l'opportunité, j'ai décalé ma partenaire. Je ne voulais pas laisser Clément [Lecoeuvre, jockey de Cankoura, ndlr] en troisième épaisseur et je l'ai laissé rentrer. À l'entrée de la ligne droite, je voyais que Cankoura avait beaucoup de ressources et j'ai réussi à revenir dans son sillage. Ce sont des courses dans lesquelles il faut être là. Il faut aussi avoir la chance avec soi... Mardi matin, j'ai eu une mauvaise nouvelle avec le souci d'Audubon Park et j'ai eu la chance que l'entraîneur et le propriétaire de Gezora veuillent bien de moi sur la pouliche. C'est génial ! Je savais que Gezora avait une première chance. J'avais adoré sa victoire dans le Prix Saint Alary. Dans notre métier, il ne faut rien lâcher, se lever tous les matins et travailler dur. J'espère que ça servira d'exemple aux jeunes... Je monte un peu moins, mais j'ai de grands entraîneurs qui me font confiance donc lorsque j'ai de la chance de monter de super chevaux dans les bonnes courses, c'est un régal ! »
Michel Zerolo, représentant en France de White Birch Farm, propriétaire de Gezora (1re), Chantilly (Oise)
« Gagner le Diane, c'est très dur. Nous avons essayé plusieurs fois. Cela avait fonctionné avec Stacelita... À 2 ans, Gezora nous plaisait beaucoup. Et elle faisait partie des rares bonnes pouliches que nous pouvions acheter. C'était un peu une évidence. Il n'y a pas plus sportsman que Peter Brant. C'est très valorisant de travailler avec lui. On travaille en confiance. »
Aidan O’Brien, entraîneur de Bedtime Story (2e) et de Merrily (non placée), Irlande
« Nous sommes ravis de la performance de Bedtime Story. Elle court magnifiquement bien. Ses progrès sont manifestes. Je n'ai pas cessé de la présenter dans de bonnes courses et elle montre son vrai visage. Aujourd'hui, c'est vraiment une grande performance. Nous sommes aux anges. Cet accessit, sur cette distance, lui ouvre de nombreuses possibilités. Je ne sais pas encore ce que nous ferons pour la suite de son programme. Il faut voir comment elle rentre. En revanche, Merrily n'a pas tenu. Il faudra la raccourcir. »
Nemone Routh, racing manager d’Aiglemont, pour les pouliches Cankoura (3e) et Mandanaba (4e), Chantilly (Oise)
« Les deux pouliches n’ont pas d’excuse, elles ont réalisé deux super lignes droites. Mais lors des 100 derniers mètres, leurs concurrentes ont accéléré plus fort. Mickaël Barzalona et Clément Lecœuvre n’ont pas l’impression qu’elles aient craqué, mais plutôt que ce sont les autres qui ont terminé fort. Nous n’avons pas été gâtés par les numéros de corde, ce qui les a contraintes à faire des efforts importants en partant. Ce n'est jamais simple... »
Rupert Pritchard-Gordon, manager de l’écurie Al Shaqab Racing, propriétaire de D’Ores et Déjà (5e), Chantilly (Oise)
« Nous sommes très contents de sa performance. Il faut que nous regardions à nouveau la course, mais nous avons l'impression qu'elle n'était pas spécialement heureuse à l'entrée de la ligne droite. Elle était un peu loin, puis elle est venue, mais ça s'est un peu fermé. Elle a été reprise avant de revenir et elle a bien répondu. Les quatre premières sont sûrement meilleures qu'elle. Mais avec un parcours plus fluide, elle aurait terminé plus près. Elle a confirmé ce que nous espérions d'elle : c'est une pouliche de ce niveau. Elle aura un bon break maintenant et nous allons voir avec Fabrice [Chappet, son entraîneur, ndlr] comment nous allons préparer l'automne. Elle aime bien le terrain très souple et nous allons garder ça en tête pour qu'elle arrive avec de la fraîcheur sur l'automne. »
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