Tout sur les acteurs du Qatar Prix du Jockey Club 2023 !

1 juin 2023

Photos scoopdyga.com

La 183e édition du Qatar Prix du Jockey Club se déroulera le dimanche 4 juin 2023 sur l’Hippodrome de Chantilly. Les meilleurs 3 ans européens s’affronteront sur un parcours long de 2 100 mètres, avec à la clé une allocation de 1,5 million d’euros, ce qui en fait la deuxième course française la mieux dotée (derrière le Qatar Prix de l’Arc de Triomphe). Ce grand prix permet de désigner le meilleur représentant de sa génération, tout en projetant vers les grands tournois de l’automne, dont le Qatar Prix de l’Arc de Triomphe est le point culminant. 

POINT TERRAIN

Les conditions seront idéales dimanche à Chantilly. Marin Le Cour Grandmaison, responsable du centre d’entraînement et de l’hippodrome de Chantilly, annonce : « La piste a été mesurée à 3,3, bon souple, jeudi matin. Un arrosage sera effectué jeudi soir. La hauteur de tonte est de 12 cm. L’objectif est d’avoir une piste à 3,3 (bon souple) dimanche matin à 10 h, pour tendre vers 3,2 dans la journée. »

ENTRAÎNEUR

Le favori est français, et entraîné à Chantilly par Christopher Head

Le poulain français Big Rock s’élancera avec le statut de favori, lui qui a accompli des progrès remarquables cette année, et qui vient d’enlever avec brio deux des courses préparatoires : le Prix de Guiche et le Prix La Force.

Il est entraîné à Chantilly par Christopher Head, issu d’une famille qui a écrit quelques-unes des plus grandes pages de l’histoire des courses mondiales. À 36 ans seulement, Christopher Head est l’étoile montante parmi les entraîneurs de Galop. Il est le fils de Freddy Head, qui fut un crack-jockey, lauréat de quatre Prix de l’Arc de Triomphe. En 1997, Freddy Head décide de raccrocher les bottes de jockey et devient entraîneur. La jument marquante de sa carrière d’entraîneur se nomme Goldikova et elle portait les couleurs de l’écurie Wertheimer & Frère. La championne remportera 14 Groupes 1, dont le Prix Rothschild à quatre reprises et le Breeders’ Cup Mile (aux États-Unis) trois fois. Christiane Head, la tante de Christopher, est la seule femme à avoir inscrit son nom au palmarès du Qatar Prix de l’Arc de Triomphe en tant qu’entraîneur. Elle a même remporté la grande course à trois reprises, la première fois en 1979, un an après son installation, avec Three Troïkas, puis à deux reprises avec la championne Trêve, en 2013 et 2014. Elle a pris sa retraite d’entraîneur en janvier 2018. 

Installé en 2018, Christopher Head a très vite connu le succès et l’an dernier, il a remporté sa première grande course grâce à Blue Rose Cen, lauréate du Qatar Prix Marcel Boussac (Groupe 1), la meilleure épreuve française pour les pouliches de 2 ans. Blue Rose Cen a confirmé cette année en s’adjugeant l’Emirates Poule d’Essai des Pouliches (le sommet du printemps pour les pouliches sur 1 600 mètres). Blue Rose Cen et Big Rock portent la casaque de la Yeguada Centurion, l’écurie de Leopoldo Fernández Pujals, entrepreneur né à Cuba mais qui a fait fortune en Espagne où il a notamment fondé la chaîne de livraison à domicile de pizzas Telepizza.

PROPRIÉTAIRE

Nurlan Bizakov, pour l’amour de la Normandie

Padishakh, entraîné à Deauville par Jean-Claude Rouget, défendra les intérêts de Nurlan Bizakov, qui en est aussi l’éleveur. Homme d’affaires originaire du Kazakhstan, Nurlan Bizakov a découvert les courses de chevaux dans son pays natal, avant que sa passion ne prenne une autre envergure en Angleterre, où il était alors basé. En 2010, il achète un haras dans le sud de l’Angleterre, Hesmond Studs, avant de tomber amoureux de la Normandie et de vouloir y développer son activité d’élevage et de courses, sous la bannière Sumbe (du nom de son village natal). 

En 2019, il acquiert le haras de Montfort et Préaux, situé entre Orbec et Lisieux, au cœur du pays d’Auge, et en 2021, il se porte acquéreur du haras du Mézeray, situé à Livarot, dans l’Orne, une autre place historique de l’élevage du pur-sang en France. Ces deux structures dédiées à l’élevage s’étendent sur 350 hectares et accueillent quatre étalons renommés, Mishriff, Golden Horde, De Treville et Recorder. 

La réussite ne tarde pas : en remportant l’an dernier le Qatar Prix Jean-Luc Lagardère, la meilleure course de l’automne réservée aux poulains de 2 ans, Belbek devient le premier lauréat de Groupe 1 élevé et propriété de Nurlan Bizakov.

Signe de son attachement aux courses françaises, Nurlan Bizakov, via Sumbe, a signé un partenariat de cinq ans avec la journée du Prix Morny (Groupe 1 – dimanche 20 août 2023), point culminant du Meeting de Deauville Barrière qui se déroule sur tout le mois d’aout dans l’hippodrome de la cité balnéaire.

PROPRIÉTAIRE ET ENTRAÎNEUR

Une longue complicité entre le tandem Jean-Louis Bouchard/Pascal Bary (Chantilly) et une forte réunssite dans le Qatar Prix du Jockey Club

Propriétaire depuis une quarantaine d’années, Jean-Louis Bouchard nourrit une relation particulière avec le Qatar Prix du Jockey Club, une course qu’il a déjà gagnée à quatre reprises. C’était à chaque fois avec le même entraîneur, Pascal Bary, installé à Chantilly.

Les deux hommes ont choisi cette année de supplémenter (c’est-à-dire d’engager à la dernière minute, moyennant la somme de 72.000 €) le poulain Feed the Flame. Il sera le seul cheval invaincu au départ. Feed the Flame n’a débuté que le 9 avril dernier, s’imposant avec classe. Il a confirmé sa qualité le 27 avril. 

Entrepreneur à succès (il a fondé Econocom, groupe européen spécialisé dans les services liés à la transformation numérique, dont il est toujours le président directeur général), Jean-Louis Bouchard est un vrai passionné de chevaux... et de tous les chevaux ! Des galopeurs bien évidemment, mais aussi des chevaux ibériques pour se promener dans sa propriété du Var.

Pascal Bary dit de lui : « Cela fait plus de quarante ans que nous avons des chevaux avec Jean-Louis Bouchard. Nous avons connu de très belles périodes, comme de moins bonnes évidemment. C’est un homme qui aime les courses et surtout les chevaux. Avec lui, c’est très simple de collaborer. Il comprend tout. Il a toujours aimé les bons chevaux et il est servi avec Feed the Flame. Et puis, pour l'anecdote, Jean-Louis Bouchard allait aux courses bien avant moi ! 

LES CITATIONS DES ENTOURAGES AYANT UN PARTANT DANS LA COURSE

Pascal Bary

Entraîneur de FEED THE FLAME - Chantilly (Oise)

(Citations issues de la conférence de presse via Zoom organisée par France Galop)

« Au moment où il fallait engager nos pensionnaires dans le Prix du Jockey Club, jamais je n'aurais pensé que Feed the Flame allait être au départ. Comme on peut le voir, il s'agit d'un poulain impressionnant physiquement. Dès lors, comme beaucoup de chevaux de ce gabarit, il a mis du temps avant de trouver son action. Il est vraiment venu tardivement.

Lorsqu’il a débuté, il y a six semaines maintenant, Feed the Flame a gagné facilement. Ce jour-là, je m’attendais à ce qu’il gagne mais pas avec autant de marge. Ensuite, il est revenu très rapidement en compétition, à vingt jours, car je voulais le recourir une fois, tout en lui laissant du temps avant le classique [le Qatar Prix du Jockey Club, NDLR]. Nous avons pris la décision de le supplémenter après sa deuxième victoire, qui s’est avérée particulièrement aisée elle aussi. Feed the Flame connaît le champ de courses de Chantilly puisqu’il est allé s’y entraîner avant de débuter. Il y est retourné mardi dernier [le 23 mai, ndlr]. Avec lui, j’ai surtout cherché à laisser un laps de temps suffisamment long entre ses deux premières courses et le Jockey Club. D'autant que ses deux premières apparitions n’étaient pas très espacées. Même si le poulain a gagné sans avoir à forcer son talent lors de ces deux courses, il a fallu lui laisser du temps afin qu’il puisse comprendre ce que nous lui demandions… »

Yann Barberot

Entraîneur d’AMERICAN FLAG - Deauville (Calvados)

« Lors de l’Emirates Poule d’Essai des Poulains, nous sommes arrivés trop sereins. Lorsque le poulain a perdu du terrain au départ, nous sommes très vite revenus sur terre. Ce qui démontre bien que "gagner des courses" n’est pas chose aisée, même pour un cheval à 2/1. Dimanche, nous serons très concentrés et l’allongement de la distance (2 100 mètres) après la Poule (qui a lieu sur 1 600 mètres) ne pourra qu'être un plus pour American Flag. Suite aux seconds forfaits, je ne suis pas certain de voir un cheval sortant du lot et qui sera grandissime favori de ce Qatar Prix du Jockey Club. American Flag a donc toutes ses chances. C’est la première fois que je vais avoir un partant dans cette course. L’année dernière, je présentais une pouliche dans le Prix de Diane Longines, également pour la première fois. Mais le Qatar Prix du Jockey Club, c’est quand même quelque chose ! Il y a de gros enjeux derrière, notamment pour le cheval et une potentielle carrière d’étalon. Lors de son dernier travail, American Flag était très facile et serein. Il a un peu ce côté coquin mais nous l’avons remis au travail, il s’est montré concentré et bien appliqué. Son jockey Christophe Soumillon a opté pour une autre monte et nous avons dû trouver un pilote. Le choix de Stéphane Pasquier s’est fait tout simplement, car Malcolm Parrish a des affinités avec lui. Par le passé, tous deux ont connu de la réussite ensemble… » 

Christopher Head

Entraîneur de BIG ROCK - Chantilly (Oise)

(Citations issues de la conférence de presse via Zoom organisée par France Galop)

« Big Rock a déjà couru sept fois depuis le début de sa carrière, soit une fois par mois. C’est beaucoup ! C’est d’ailleurs rare d’avoir disputé autant de courses avant d’arriver sur un Groupe 1. Mais il encaisse tellement facilement ses sorties… Je le vois au niveau du poids, du cardio, de son comportement… Par exemple, son dernier galop est bien meilleur que ceux effectués avant les préparatoires. Cela étant, il y a toujours la question de la distance. Nous savons qu’il est capable de bien récupérer après avoir parcouru 1 800 mètres. Mais 2 100 mètres, nous ne le savons pas encore car nous n’avons pas la possibilité de l’essayer le matin. Nous allons bientôt le découvrir.

Avec son jockey Aurélien Lemaître, nous avons eu la chance de nous rencontrer chez mon père. Et nous avons toujours gardé de très bons rapports. Toutefois, nous étions loin de penser que nous irions jusque-là. C’est incroyable. Je suis heureux de vivre cette aventure avec lui. »

Jean-Claude Rouget

Entraîneur d’ACE IMPACT, PADISHAKH et RAJAPOUR - Deauville (Calvados)

« Mes trois partants pour le Qatar Prix du Jockey Club ont galopé sur la grande piste de Deauville. Le galop s’est bien passé pour tous les poulains qui ont travaillé par petits groupes. Il n’y avait rien à inventer car ils sont prêts. C’était simplement un galop d’entretien. Il faut oublier les performances de Padishakh et de Rajapour dans le Prix de Guiche, car le terrain était trop profond ce jour-là. Quant à Ace Impact, il a bien gagné le Prix de Suresnes. Il sera monté par Cristian Demuro. Padishakh, lui, sera associé à Maxime Guyon. Enfin, Ioritz Mendizabal montera Rajapour. » 

Andreas Schutz

Entraîneur de MARHABA YA SANAFI - Chantilly (Oise)

« Je pense que nous avons une vraie chance de terminer dans les trois ou quatre premiers. Marhaba Ya Sanafi est un poulain facile à monter. Il a assez de vitesse pour qu'on puisse le placer où l'on veut. Avec lui, pas besoin d'aller devant ou de rester à l'arrière. C'est vraiment un cheval maniable. Il doit encore être capable de progresser. Peut-être, aussi, que le rallongement de la distance va l'aider. Nous ne lui avons pas mis une pression trop forte lors de sa préparation ce printemps. Je suis très content de la manière dont il évolue, mentalement et physique. À présent, nous avons besoin d'un bon numéro à la corde et d'un déroulement de course sans incident. 

Lorsque Marhaba Ya Sanafi a gagné l’Emirates Poule d’Essai des Poulains, j'étais vraiment très heureux d'avoir été considéré comme faisant partie de "l'équipe de France" [le pays d’un cheval est déterminé par son lieu d’entraînement – en l’occurrence Chantilly – même si l’entraîneur a une nationalité différente – Andreas Schutz est allemand, NDLR]. J'avais presque l'impression d'avoir gagné deux fois la course ! Pour l'équipe et l'entourage de Marhaba Ya Sanafi bien sûr. Mais aussi pour les Français et les Cantiliens qui semblaient eux aussi ravis. France Galop fait de grands efforts pour que notre outil de travail, les pistes, soit du meilleur niveau possible. Si vous ne parvenez pas à entraîner des gagnants à Chantilly, alors vous n'y arriverez nulle part ! »

Claude Beniada,

Représentant de la succession du Prince Khalid Abdullah, propriétaire de FLIGHT LEADER

« Sa dernière performance dans le Prix de Guiche est à oublier. Nous nous doutions que la distance serait un peu courte pour lui mais l'idée était de lui donner une course en vue du Qatar Prix du Jockey Club. Malheureusement, il a beaucoup plu et le terrain était épouvantable. Nous espérons que les prévisions météorologiques vont se maintenir comme annoncé, avec ce bel anticyclone. Bauyrzhan Murzabayev devrait lui être associé comme jockey. »