Historique du Prix Juigné

6 mars 2022

Theleme devance Hermes Baie dans le Prix Juigné (Gr3), dimanche 6 mars 2022 sur les haies d'Auteuil.

Photo scoopdyga.com

Mars, Auteuil

Prix Juigné


Groupe 3, 5ans & plus, 3 600 mètres, Haies, 120 000€

Créé en 1901

Tenant du titre : Thélème (h5, FRA par Sidestep et Utopia Jem, par Okawango) appartenant à JDG Bloodstock, élevé par SCEA Bissons, entraîné par Arnaud Chaillé-Chaillé, monté par Pierre Dubourg.

La course se déroule en 2023 pour la 114ème fois

L'édition 2022

Dimanche 6 mars 2022, Hippodrome d’Auteuil (Paris). - La première confrontation de la génération montante avec ses aînés a tourné très largement à l’avantage de la jeunesse puisque les 5ans Thélème (Sidestep) et l’AQPS Hermès Baie (Crillon) se sont retrouvés seuls aux prises après le saut de la dernière haie dans le Prix Juigné (Gr3).

La course a été longtemps menée par le vétéran Galop Marin (Black Sam Bellamy), tombeur de la championne L’Autonomie dans le Grand Prix d’Automne, mais dans le tournant final, ses cadets sont passés à l’attaque et ils ont pris le dessus dans la phase finale. Pour finir, Thélème a pris une longueur, en force, à Hermès Baie, qu’il avait laissé prendre l’initiative. Le troisième Porto Pollo s’est finalement emparé de la troisième place à neuf longueurs, juste devant Galop Marin.

Prochaine étape : la réapparition de L’Autonomie face à ces nouveaux challengers.

Thélème a été élevé par la SCEA Bissons, et il porte les couleurs de JDG Bloodstock, représentant les héritiers de James Gordon, disparu il y a 18 mois, quelques jours après que son Thélème eut remporté le Prix Cambacérès (Gr1), la Grande course de haies des 3ans à Auteuil. Le pensionnaire d’Arnaud Chaillé-Chaillé n’a recouru qu’en septembre dernier, et il a été battu deux fois par Hermès Baie avant de renouer avec le succès dans le Prix Renaud du Vivier (Gr1), lorsque son nouveau rival avait fait tomber son jockey…

Thélème avait été présenté yearling aux ventes Osarus en 2018, et il y a été racheté pour 3 000 €.

Thélème est issu d’Utopia Jem (Okawango), une jument vendue 5 000 € en décembre 2019 à Deauville, et dont le cinquième produit, une fille de Whipper née en 2021, a été adjugée 15 000 € en décembre dernier à Deauville à BLM Bloodstock, c’est-à-dire à Bertrand Le Métayer, représentant de JDG Bloodstock.

 

 

Historique

Le Prix Juigné commémore le souvenir d’un important propriétaire-éleveur, Gustave de Juigné qui fut membre fondateur et vice-président du comité de la première Société des Steeple-Chases de France lors de sa création le 2 janvier 1863 jusqu’à sa dissolution le 25 mars 1873.

Suivant l’usage, après son décès survenu à l’automne 1900, son nom fut attribué à une course du programme d’Auteuil. Ainsi le 10 mars 1901, fut disputé le Prix Juigné, une course de haies handicap dotée de 15 000 F, qui fut gagnée par Gilbert, appartenant à Edmond Archdeacon, entraîné par Joseph Desbons et monté par Frederick Hall.

La course était à l’origine ouverte aux chevaux de 4 ans et au-dessus. A partir de 1965 les 4 ans en furent exclus. Aujourd’hui la course, programmée peu après la réouverture d’Auteuil, permet aux meilleurs chevaux de haies d’effectuer leur rentrée. La course n’a pas été disputée de 1915 à 1919, ainsi qu’en 1946, 1947, 1978 et 1983.

Gustave de Juigné (1825-1900)

Un des plus riches propriétaires terriens de la Bretagne, Gustave de Juigné ne fut pas seulement vice-président de la première Société des Steeple-Chases de France. Admis au Jockey Club en 1847, député de la Loire Inférieure dès 1871 puis sénateur, il devint membre adjoint du comité de la Société d’Encouragement en 1878, puis membre fondateur en 1892, tout en entrant au sous-comité en 1896. En hommage à sa mémoire, la Société d’Encouragement attribua le nom de Prix Juigné au Prix de la Reine Marguerite créé en 1894 et réservé aux chevaux de 3 ans n’ayant jamais couru. Avec ces mêmes conditions, le Prix Juigné est resté au programme de printemps de Longchamp.

Dans la seconde partie du XIXe siècle, Gustave de Juigné fut un important propriétaire-éleveur. C’est vers 1860 qu’il entreprit l’élevage de chevaux dans une propriété familiale, le haras du Bois Rouaud à une trentaine de kilomètres de Nantes, sur la route de Pornic. Après avoir élevé des demi-sang, de Juigné donna une place prépondérante au pur-sang en 1867 lorsqu’il déclara ses couleurs (casaque cerclée jaune et rouge, toque noire) et s’associa avec Auguste d’Arenberg. Mars (1867), 4ème du Prix du Jockey Club, fut le premier bon élève du Bois Rouaud. Les suivants, nés en 1870, furent la pouliche Christiana, lauréate à 2 ans du Prix de la Forêt, et le poulain Montargis. S’il ne fut en France que le troisième d’une génération dominée par Boïard et Flageolet, il remporta en Angleterre une spectaculaire victoire dans le Cambridgeshire Handicap. Juste après Jonquille (1873), lauréate du Grand Critérium, naquit son frère utérin, Jongleur, sans conteste le meilleur élève du Bois Rouaud. Après s’être adjugé à 2 ans en 1876 le Grand Critérium et les Criterion Stakes à Newmarket, il s’affirma à 3 ans par des victoires dans le Prix Lupin, le Prix du Jockey Club, le Prix Royal Oak, les Select Stakes et le Cambridgeshire Handicap à Newmarket, tout en se classant second du Grand Prix de Paris, dont les 3 100 mètres excédaient ses aptitudes. À 4 ans, après une victoire dans le Prix Biennal, Jongleur fut accidenté à l’entraînement et mourut du tétanos. Les couleurs de Juigné furent ensuite portées victorieusement par Mantille (1875, Prix Morny, Grand Critérium, Prix de la Salamandre) ; par Mineure (1883, Grand Prix de Bruxelles) ; par Tantale (1886, Prix de la Salamandre) ; par Yellow (1887), acquis yearling et qui enleva quinze courses dont le Prix Hocquart, le Prix d’Ispahan et le Grand Prix de Deauville ; par Claret (1891, Omnium de 2 Ans) ; ainsi que par Daphnis (1893, Prix Morny) et Clairvoyant (1893, Grand Prix de Bruxelles). A noter aussi les quatre victoires remportées dans le Prix du Jubilée (Grand Prix), à Bade, par Tantale en 1889, Yellow en 1890, Perdican en 1892 et par Gobseck en 1899. Tous ces chevaux n’eurent que deux entraîneurs, d’abord Henry Jennings (jusqu’en 1878) puis Charles Pratt.

Le 26 octobre 1900, devant le comité de la Société d’Encouragement dont il était le président, Auguste d’Arenberg évoqua le souvenir de Gustave de Juigné dont il était l’associé : « Il a rempli sa vie d’une manière active et utile. Vous aviez apprécié l’intelligence et la valeur, le caractère ferme et loyal et surtout le cœur si bon et si généreux de celui qui nous a quittés. »

Après le décès de Gustave de Juigné, l’effectif de « l’association Juigné-d’Arenberg » fut dispersé lors de deux ventes aux enchères, d’abord le 19 novembre 1900 (chevaux à l’entraînement) puis le 29 juin 1901 tous les sujets d’élevage du Bois Rouaud. Adjugé pour 3 000 F, un yearling nommé Dandolo (1899) était appelé à remporter deux fois (1904, 1908) le Grand Steeple-Chase de Paris sous les couleurs d’Eugène Fischhof.

Prix Juigné et Grande Course de Haies d’Auteuil

Le Prix Juigné s’est révélé être une bonne épreuve préparatoire à la Grande Course de Haies d’Auteuil. Les deux courses ont été gagnées la même année par onze chevaux : Hipparque (1904), Chi Lo Sa (1907), Pour le Roi (1932), Céréaliste (1936), Frascati (1953), Sicié (1954), Elégant (1955), Pansa (1966), Le Pontet (1971), Hardatit (1972 et 1973) et De Bon Cœur (2018).

Trois autres chevaux ont réalisé le doublé sur plusieurs années : Verdi (1951 Gde Cse H, 1952 Jui.), Claude le Lorrain (1985 Jui., 1987 Gde Cse H), Questarabad (2009 Gde Cse H, Jui. 2010 et 2011).

 

Propriétaires

  • M. & Mme Roger Polani (3 victoires) : Phonidal (2007) & Questarabad (2010, 2011).
  • Arthur Veil-Picard (2 victoires) : Bateau (1921) & Traghetto (1935).
  • Triquerville (2 victoires) : Guingamp (1923) & Nichilodas (1945).
  • Simon Guthmann (2 victoires) : Eider (1925) & Céréaliste (1936).
  • Emile Marchand (2 victoires) : Pour le Roi (1932) & Mon Amour III (1933).
  • Julien Décrion (2 victoires) : Cotril (1949) & Savigny (1960).
  • Joseph Sauvan (2 victoires) : Palmoss (1968, 1969).
  • Mme Cino Del Duca (2 victoires) : François Saubaber (1970) & Endless (1976).
  • Charles Sweeny (2 victoires) : Hardatit (1972, 1973).
  • Georges Blizniansky (2 victoires) : Hollygood (1977) & Bayolidaan (1989).
  • Daniel Wildenstein (2 victoires) : Paiute (1982) & Villez (1997).
  • Giuseppe Campanella (2 victoires) : Gacko (1986, 1987).
  • Mme Gilbert Gallot (2 victoires) : Royal Speed (2004) & Royale Athenia (2006).
  • Simon Munir & Isaac Souede (2 victoires) : Gitane du Berlais (2015) & Raffles Sun (2019).
  • Haras de Saint-Voir (2 victoires) : Bosseur (2016) & De Bon Cœur (avec Jacques Détré, 2018).
  • Jacques Détré (2 victoires) : De Bon Cœur (2018), Polirico (2021).

 

Entraîneurs

  • André Adèle (5 victoires) : Cotril (1949), Savigny (1960), Parandero (1967), Right Ho (1975) & Hollygood (1977).
  • Charles Bariller (4 victoires) : Guingamp (1923), Fandango IV (1939), Nordir (1940) & Quinault (1941).
  • William Head (4 victoires) : Boabdil (1924), Filidor (1931), Quick (1938) & Vital (1948).
  • Daniel Lescalle (4 victoires) : Sicié (1954), Nistralin (1956) & Palmoss (1968, 1969).
  • René Pelat (4 victoires) : François Saubaber (1970), Hardatit (1972, 1973) & Endless (1976).
  • Marcel Rolland (4 victoires) : Phonidal (2007), Questarabad (2010, 2011), Lord Prestige (2014).
  • Noël Pelat (3 victoires) : Nichilodas (1945), Finaroc (1961) & Wild Hunolin (1965).
  • Georges Pelat (3 victoires) : M’Amour (1950), Orin (1963) & Boniface (1974).
  • Henri Gleizes (3 victoires) : Verdi (1952), Frascati (1953) & Elégant (1955).
  • Gérard Philippeau (3 victoires) : Le Pontet (1971), Highello (1981) & Tenerific (1992).
  • Patrick Rago (3 victoires) : Paiute (1982), Lameloise (1991) & Saute au Bois (1999).
  • François Nicolle (3 victoires) : De Bon Cœur (2018), L’Autonomie (2020), Polirico (2021).

 

Jockeys

  • Maurice Prod’homme (3 victoires) : Bluff (1957), Savigny (1960), Parandero (1967) ; Antoine Yglésias (3 victoires) : Ming (1958), La Hève (1962), Pansa (1966) ;
  • Cyrille Gombeau (3 victoires) : Royal Speed (2004), Grande Haya (2005), Royale Athenia (2006).
  • Alec Carter (2 victoires) : Bol (1908) & Ben y Gloë (1913).
  • George Parfrement (2 victoires) : Maurienne (1910) & Beauté de Cour (1920).
  • René Sauval (2 victoires) : Thésée (1911) & Saint Potin (1914).
  • Léon Barré (2 victoires) : Guingamp (1923) & Boabdil (1924).
  • Alfred Kalley (2 victoires) : Filidor (1931) & Quick (1938).
  • Lucien Niaudot (2 victoires) : Mon Amour III (1933) & De Beers (1934).
  • Noël Pelat (2 victoires) : Fandango IV (1939) & Quinault (1941).
  • André Gill (2 victoires) : Vital (1948) & Ofanto (1951).
  • Jacques Géneau (2 victoires) : Palmoss (1968, 1969).
  • Christian Fornaroli (2 victoires) : François Saubaber (1970) & Hardatit (1972).
  • Patrick Sabarly (2 victoires) : Marittimo (1984) & Hubersent (1990).
  • Roger Duchêne (2 victoires) : Gacko (1986, 1987).
  • Christophe Aubert (2 victoires) : Tenerific (1992) & Villez (1997).
  • Christophe Pieux (2 victoires) : Wacio (1996) & Fadalko (1998).
  • Régis Schmidlin (2 victoires) : Questarabad (2010, 2011).
  • Kévin Nabet (2 victoires) : Bosseur (2016) & Raffles Sun (2019).
  • Gaëtan Masure (2 victoires) : L’Autonomie (2020), Polirico (2021).