Historique du Prix Corrida : Hommage à une grande voyageuse

20 mai 2024

Corrida 24 Pensée du Jour

Photo scoopdyga.com

Mai, Saint-Cloud*

PRIX CORRIDA

 

Groupe 2, Juments de 4 ans et au-dessus, 2 100 mètres, 130 000 €

Créé en 1979

Tenant du titre : PENSÉE DU JOUR (f4, IRE par Camelot et Painter's Pride, par Dansili), appartenant à Wertheimer&Frère, élevée par Dayton, entraînée par André Fabre, monté par Maxime Guyon.

Temps record : 2’10’’5 par Sarafina en 2011.

La course se déroule en 2025 pour la 47ème fois

 

L’édition 2024
 

Lundi 20 mai 2024, Hippodrome de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine). – C’est à l’issue d’une course en tête parfaitement maîtrisée que la favorite Pensée du Jour (Camelot) a remporté sa première course majeure sur les 2 100m du Prix Corrida (Gr2).

Désormais parée des couleurs de Wertheimer&Frère, l’élève de la famille Wildenstein a accéléré franchement à l’entrée de la ligne droite pour ensuite se tenir hors d’atteinte de Quatamera (Lope de Vega), qui l’avait suivie dans le parcours. À deux longueurs, Melo Melo (Gleneagles) manque de perdre in extremis la 3e place au bénéfice de la bonne rentrante Ardent (Frankel), prise de vitesse. Deuxième du Prix Vermeille (Gr1) l’an dernier, et du Prix Gold River (L) pour sa rentrée, Melo Melo va certainement réussir cette saison, comme la plupart des protagonistes de ce bon lot.

Pensée du Jour disputait elle aussi sa 2e course de l’année puisqu’elle avait terminé 2e d’American Sonja dans le Prix Allez France Longines (Gr3) pour son retour cette saison. L'an dernier, elle a remporté le Prix Pénélope (Gr3) de façon convaincante, mais n'a pas réussi à confirmer au plus haut niveau dans le Prix de Diane Longines (Gr1) ou le Prix Vermeille (Gr1). Cependant, elle a réussi à se classer 4e dans le Prix de la Nonette - Alec Head (Gr2) entre-temps.

Élevée par Dayton Investments, Pensée du Jour a pour mère Painter’s Pride (Dansili), inédite révélée au haras. Ses trois premiers partants ont gagné, et la première, Canvassed (Shamardal), s’est même distinguée au niveau groupe à Dubaï après avoir été engagée dans les Irish Oaks.

L'autre produit, Peinture Secrète (Lope de Vega), a été vendue 600 000 £ à 5 ans, pleine de Camelot, en décembre dernier à Tattersalls, à Chantilly Bloodstock Agency (Gérard Larrieu). Un mâle est né cette année au Haras de la Perelle. 

Peinture Bleue (Alydar), la deuxième mère, fut une bonne jument de tenue, qui s'est adjugé le Prix Charles Laffitte (L) et le Belmont Long Island Handicap (Gr2, 2 400m). C'est la mère du crack Peintre Célèbre (Nureyev), entre autres, lauréat du Prix de l’Arc de Triomphe (Gr1). Peinture Bleue est par ailleurs la quatrième mère de Jet Dark (Trippi), quintuple lauréat de Gr1 en Afrique du Sud et quatre fois meilleur cheval de sa catégorie dans ce pays. Il est entré au haras en 2023, à Drakenstein Stud. C’est la grande souche des "P" de l’élevage Wildenstein.

Historique
 

Le Prix Corrida commémore le souvenir d’une des plus grandes juments françaises, brillante ambassadrice de notre élevage à l’étranger, double gagnante du prix de l’Arc de Triomphe, sans conteste la plus populaire des juments ayant foulé les pistes entre les deux guerres mondiales.

Corrida donna pour la première fois son nom en 1950 à une modeste course disputée au Tremblay fin juillet. Elle demeura au programme de cet hippodrome jusqu’à sa fermeture fin 1967. Le prix Corrida fut transféré à Vichy en 1968 et 1969 puis fut rayé des programmes des sociétés de courses parisiennes jusqu’en 1978. Un nouveau prix Corrida fut créé en 1979, disputé à Saint-Cloud avec le statut de course de groupe III. Il « voyagea » quelque peu, émigrant à Evry (1994 et 1995) et à Lyon (de 1996 à 1999, sur 2 200 mètres) avant de réintégrer Saint-Cloud en 2000. Elément d’un nouveau programme destiné exclusivement aux femelles de 4 ans et plus inauguré en 2004, le prix Corrida a pris du grade, étant promu au niveau de Groupe 2.

(*) : En 2020, le prix Corrida est disputé à Lyon-Parilly au mois de juin en raison des restrictions et reprogrammations liées à l'épidémie de coronavirus.

Corrida
 

Corrida était une femelle alezane née en 1932 par Coronach et Zariba (Sardanapale), élevée par Marcel Boussac au haras de Fresnay-le-Buffard dans l’Orne. Elle disputa trente-trois courses et n’en remporta que treize. C’est peu pour un sujet de grande classe. Mais quelle aventure la vie de cette pouliche née dans la pourpre. Son père Coronach en Angleterre et sa mère Zariba en France avaient été tous deux les meilleurs sujets de leur génération. Dès 2 ans, Corrida confirma les espoirs nés de cette origine royale. Victorieuse dans le prix Morny, Corrida finit à une demi-longueur de Pampeiro dans le Grand Critérium.

Assuré de la qualité de sa pouliche, Marcel Boussac envoie alors Corrida à l’entraînement à Newmarket chez George Lambton en vue des courses classiques anglaises de 1935 qu’il convoite. Deuxième favorite des Mille Guinées, puis troisième préférée des Oaks, Corrida finit en queue de la première épreuve et non placée dans la seconde. Après un nouvel échec au Royal Ascot, retour en France. Passés les effluves printaniers, la véritable classe de Corrida perce. Quatre places dont la troisième du prix de l’Arc de Triomphe (tout près de Samos et de Péniche) et la seconde du prix du Conseil Municipal à un souffle du vainqueur Come In. Enfin un voyage à Marseille où son premier succès de l’année l’attend dans le Grand prix local.

Deux victoires au terme de la troisième année de Corrida, c’est un bilan qui ne peut satisfaire son propriétaire. La foi de Marcel Boussac en son élève est profonde. La fille de Zariba doit poursuivre sa carrière sur le turf. Certaine sagesse venue avec l’âge ou meilleure compréhension du nouvel entraîneur, John Watts remplaçant William Hall ? Quoi qu’il en soit Corrida montre enfin son grand talent à 4 et 5 ans, totalisant onze victoires et neuf places pour vingt et une apparitions.

Sept victoires à 4 ans, les prix du Prince de Galles et d’Hédouville à Longchamp, les Hardwicke Stakes au Royal Ascot, le prix du Président de la République à Saint-Cloud, le Grand International d’Ostende, le prix de l’Arc de Triomphe et le Grand prix de Marseille pour la seconde fois.

Et quatre victoires à 5 ans, le Grand prix du Tremblay, le Grand International d’Ostende pour la seconde fois, le Grand prix de la Capitale du Reich (couru en septembre à Hoppegarten, le grand hippodrome de Berlin) et le prix de l’Arc de Triomphe. Ce faisant, elle devenait la première jument à gagner deux fois la plus prestigieuse course française, près d'un siècle avant Trève et Enable, seules autres femelles deux fois au palmarès de l'Arc.

Certes la reine s’est montrée encore quelquefois dissipée, surtout au printemps. Mais en Europe la grande voyageuse a été une ambassadrice très remarquée de l’élevage français à la veille d’événements appelés à bouleverser le monde.

De sa qualité de poulinière, Corrida ne donnera qu’un seul échantillon, son fils Coaraze gagnant du prix du Jockey Club en 1945. Un an avant, elle avait disparu, capturée à Fresnay-le-Buffard durant la bataille de Normandie lors de la déroute de l’armée du Reich. Toutes les recherches pour retrouver sa trace demeurèrent vaines.

Les concurrentes étrangères
 

Leur présence est assez fréquente. Elles comptent huit victoires, obtenues par trois entraîneurs allemands, Bruno Schütz (Elacata 1994), Uwe Ostmann (Hollywood Dream 1995), Andreas Schütz (Elopa, 2005) et Mario Hofer (Fair Breeze, 2008), deux Anglais, Peter Chapple Hyam (Camporese 1997) et John Fanshawe (Speedy Boarding, 2016), un Italien, Valiani Renzetti (Super Tassa 2000), et un Irlandais, Joseph O'Brien (Above the Curve, 2023).

 

Propriétaires
 

  • Famille Wertheimer (6 victoires) : Athyka (1989), Fabulous Hostess (1992) pour Jacques, Trumbaka (2003), Plumania (2010), Solemia (2012), Pensée du Jour (2024) pour Wertheimer & Frère.
  • Famille Wildenstein (2 victoires) : Ode (1990) pour Daniel et Actrice (2004) pour l’écurie Wildenstein.
     

Entraîneurs
 

  • André Fabre (8 victoires) : Fly Me (1984), Galla Placidia (1986), Dièse (1993), Luna Mareza (1995), Plumania (2010), Armande (2017), Morgan Le Faye (2019), Pensée du Jour (2024).
  • Christiane Head (5 victoires) : Athyka (1989), Fabulous Hostess (1992), Trumbaka (2003), Trève (2015).
  • Alain de Royer-Dupré (5 victoires) : Pride (2006), Mandesha (2007), Alpine Rose (2009), Sarafina (2011), Ebaiyra (2021).
  • Trois autres femmes ont remporté la course : Helena Van Zuylen avec Lexa (1998), Valérie Dissaux avec Accélération (2001) et Tatiana Puitg avec Grace Lady (2013).
     

Jockeys
 

  • Olivier Peslier (5 victoires) : Camporese (1997), Trumbaka (2003), Actrice (2004), Plumania (2010) et Solemia (2012).
  • Henri Samani (3 victoires) : Tintagel (1979), Lady Tamara (1985) et Birthday Fever (1988).
  • Thierry Jarnet (3 victoires) : Dièse (1993), Luna Mareza (1996), Trève (2015).
  • Pierre-Charles Boudot (3 victoires) : Siljan’s Saga (2014), Armande (2017), Bateel (2018).