Histoire du centre d’entrainement de Maisons-Laffitte

Si Maisons-Laffitte est devenue une éminente cité du cheval, elle le doit à son Château. En effet, l’existence de l’hippodrome et du centre d’entrainement découle de l’histoire du Château, ou plus exactement de l’intérêt des divers propriétaires du Château pour les chevaux de course.

De 1640 à 1660

C’est l’époque de la construction, à Maisons sur Seine comme le site se nommait alors, du château et de ses écuries. La construction du château débuta sous Louis XIII, à l’initiative de René de Longueil, très haut magistrat, conseiller du roi, gouverneur des châteaux parcs et forêts de Saint Germain et de Versailles. Il lui fallait pouvoir accueillir dignement le roi, qui avait droit de gîte à Maisons. Il fit appel à un architecte prestigieux François Mansart dont le neveu Jules Hardouin-Mansart travaillera au château de Versailles quelques dizaines d’années plus tard. René de Longueil obtiendra du roi l’autorisation de bâtir un mur d’enceinte autour du parc (mur toujours en place au cœur du centre d’entrainement). Les écuries, conçues, elles aussi par François Mansart, pouvaient accueillir jusqu’à 56 chevaux et s’accompagnaient d’un manège et d’une galerie couverte. Le roi et sa suite venant à cheval de Saint Germain par la forêt, arrivait par les caves du nord en empruntant ce qui est aujourd’hui l’avenue Albine. Le roi pouvait donc être reçu très dignement.

De 1683 à 1776

Les premières courses de chevaux officielles en France eurent lieu dans la plaine d’Achères, à proximité du château, avec 7 chevaux anglais au départ. Pour la circonstance un amphithéâtre avait été construit pour recevoir la cour du roi. A cette date (1740), les cartes présentent le domaine du château tel que nous le connaissons aujourd’hui. Presqu’un siècle après les premières courses à Achères, de nouvelles courses sont organisées à Paris, à l’occasion de l’inauguration du Champ de Mars, par le Comte d’Artois frère de Louis XVI et futur Charles X passionné de courses. Grâce à lui sera créé, dans la plaine des Sablons à Neuilly, un hippodrome qui sera régulièrement utilisé pendant des dizaines d’années.

De 1777 à 1809

Le château est acheté par le Comte d’Artois qui logera dans les écuries sa propre écurie anglaise, composée d’une vingtaine de chevaux, et qui établira ses pistes d’entrainement sur les prairies du bord de Seine. Celles-ci et les écuries seront utilisées jusqu’au départ du Comte d’Artois en 1784. Après la révolution le château est mis sous séquestre pour devenir propriété nationale. Le château est vendu au citoyen Lanchère que seules les écuries intéressaient car il était loueur ou vendeur de chevaux aux armées. Chevaux dont il faisait lui-même l’acquisition dans les alentours de manière douteuse. Le château est acheté par le Maréchal Lannes qui hébergera dans les écuries 14 chevaux et 6 juments. Le Maréchal Lannes décède à la bataille d’Essling. Sa veuve, duchesse de Montebello, conservera le château pendant encore 9 ans et finira par le vendre.

De 1818 à 1834

Achat du château par le banquier Jacques Laffitte dont le gendre, le Prince de la Moskova et le neveu de Charles Laffitte étaient des passionnés de courses de chevaux, propriétaires eux-mêmes, membres fondateurs de la Société d’Encouragement, puis du Jockey Club. La première réunion de course fut organisée par Jacques Laffitte sur la prairie en bordure de Seine le 20 juillet. Après des épisodes politiques tumultueux, Jacques Laffitte sort, à peu près ruiné, et décide donc de morceler le domaine de Maisons-sur-Seine pour réaliser une fructueuse opération immobilière. Les écuries et certaines dépendances sont détruites par Jacques Laffitte pour fournir des matériaux de construction pour les lotissements du parc. Le bail est repris par la Société Anonyme des champs de courses. Afin d’attirer les visiteurs pour les terrains à bâtir qu’il a mis en vente dans le parc, Jacques Laffitte organisera deux nouvelles réunions hippiques. Il fit paraître à cette époque dans le calendrier des courses un article où il exposa son projet de créer un hippodrome à Maisons sur Seine. La Société d’Encouragement refusa sa proposition de transférer à Maisons sur Seine les compétitions qui se déroulaient au Champ de Mars. Le cahier des charges du lotissement du parc est déposé devant le notaire ; une copie est encore aujourd’hui remise à chaque acquéreur dans le parc. Le cahier des charges a pour but de poser les principes de construction de cette « ville à la campagne ».

De 1843 à 1878

Le 3 mai a été fêtée l’arrivée du chemin de fer à la gare de Maisons-Laffitte et non comme cela aurait dû être de « Maisons sur Seine ». Charles Laffitte était l’un des deux promoteurs de la ligne Paris Rouen. Jacques Laffitte décède, la ferme et les prairies le long de la Seine sont vendues à Pierre Paul Manceau. Au décès de celui-ci en 1877, son fils et sa fille revendront le tout à la Société Allaire et Lévêque. Le 11 avril cette société concéda à Joseph Oller, créateur des courses avec paris, le droit d’organiser des courses de chevaux sur la prairie, pour une durée de 12 ans avec possibilité de résiliation annuelle. Après avoir aménagé des pistes et des tribunes, Joseph Oller inaugura le 6 juin le champ de course, mettant ainsi à exécution le projet de 1834 de Jacques Laffitte. Maisons-Laffitte se voit ainsi dotée d’un grand hippodrome avec des tribunes fixes et un pavillon de pesage. L’architecture de ces tribunes appartient encore à la génération des premiers hippodromes : de simples gradins surmontés d’un large auvent supporté par des colonnes de fonte avec pour seul décor des lambrequins.

De 1881 à 1891

L’organisation régulière de courses attire de plus en plus d’entraineurs qui éprouvent le besoin de s’entrainer sur place. L’avenue Jacques Laffitte qui longe le mur d’enceinte de l’ancien parc du château, présentant une longueur de 1800 mètres, a été alors choisie pour devenir la première piste d’entrainement, ce qu’elle est toujours, constituant l’épine dorsal du centre d’entrainement. A la suite de l’annulation de la vente à la Société Allaire et Lévêque de la ferme et des prairies Joseph Oller est contraint d’organiser le 11 décembre sa dernière course. En 4 ans il aura organisé 76 réunions. Reprise des courses de plat sur l’hippodrome La Société Anonyme des champs de course est mise en liquidation et c’est la Société Sportive d’Encouragement reprend la gestion du champ de course.

De 1895 à 1940

La Société d’Encouragement devient propriétaire du champ de course. Construction d’un embranchement ferroviaire permettant la création d’une gare au plus prés de l’hippodrome, à l’emplacement actuel du rond Sévigné et du parking des vans. Inauguré le 16 mars cet embranchement ne sera démonté, par les allemands, qu’en 1942. C’est en 1898 que nait le centre d’entrainement avec la signature de baux de tolérance entre l’association syndicale du parc et douze entraineurs afin que les routes d’entrainement dites ronds de sable ainsi que la ligne droite (piste Jacques Laffitte) puissent être utilisées pour l’entrainement des chevaux. Ces baux seront rapidement transformés en conventions individuelles et en une convention réglementant la circulation des chevaux dans le parc. Est inauguré un nouvel hippodrome construit par André Raimbert. Des tribunes jusqu’aux pavillons les plus modestes du centre de la pelouse, l’architecte adopte le néo-régionalisme normand : pans de bois aux multiples combinaisons, toits à pans brisés aux nombreux décrochements, etc.
La société mère acquiert de nombreux espaces au sein du parc, ainsi qu’au Mesnil Le Roi dans le but d’y bâtir des écuries. L4entrainement des chevaux de course a alors lieu en forêt sur les pistes de l’époque : La Muette et Chaillou ainsi que sur le gazon d’Achère. La même année, la société continue de s’agrandir et créé de nouvelles installations pour l’obstacle (Rond Adam, Rond de l’Epine) et pour le plat (Rond Poniatowski, Rond Boileau). La guerre de 40 signe la fin des courses en province.

De 1970 à 1986

Le centre d’entrainement s’agrandit une dernière fois avec la création des pistes de Lamballe et de Penthièvre. Sous l’impulsion de Marcel Boussac, les installations actuelles de l’hippodrome sont construites faisant de celui-ci à l’époque le lus moderne d’Europe, voulant rivaliser avec celui du New Market. Les cabinets d’architectes Leriches, Milanovitch et Lizero conçoivent un bâtiment d’une capacité de 3500 places debout et 2500 assises avec trois halls de 3450 m², 6 salles et un restaurant panoramique. 2500 chevaux d’effectif à l’entrainement pour 85 entraineurs Vitiges, entrainé à Maisons-Laffitte, est vainqueur du Prix Robert Papin et du Prix Morny. La même année, Theia est vainqueur du Grand Criterium des Pouliches. Le site est repris par la Société Sportive d’Encouragement qui la loue à l’ASP (Association Sportive d’Encouragement) afin de développer les courses et le centre d’entrainement et ainsi créer des écuries favorisant l’installation des entraineurs à Maisons-Laffitte.

Retour Centre d'Entraînement de Maisons-Laffitte >