28 juin 2017
Photo scoopdyga.com
Centre d'entraînement à sa création en 1901, l'hippodrome « le plus moderne et le plus pratique de France » est d'abord dévolu aux courses au trot, puis Saint-Cloud devient un fer de lance de la Société Sportive d'Encouragement avant de rejoindre le giron de France Galop. C'est aujourd'hui la seule piste francilienne de plat à main gauiche, et sans doute la meilleure piste de la région...
Situé sur un plateau au sommet de la colline de Saint-Cloud, l’hippodrome du Val d’or est un des préférés des professionnels des courses. En raison de son terrain exceptionnel, il permet en effet de courir sur le gazon tôt dans la saison, et tard jusqu’en hiver. La surface supporte en effet très bien les intempéries. En outre, le tracé de la piste est très régulier, relativement plat, avec une longue et large ligne droite de 500 mètres. Par ailleurs, Saint-Cloud est le seul hippodrome parisien qui soit exclusivement corde à gauche, sans doute aussi parce que c’est le plus récent : il date du tout début du XXème siècle et a été conçu, à l’origine, pour l’agrément du public.
Compte tenu de son meeting printanier, Saint-Cloud voit régulièrement les meilleurs 3ans fouler son gazon avant de s’en aller vers les sommets des courses, ce qui lui procure une réputation de pépinière de champions, car en France beaucoup de chevaux de premier plan débutent seulement en début d’année de 3 ans pour les combats de cette saison primordiale.
Les tribunes reconstruites dans les années 50 pour être plus fonctionnelles que les anciennes se sont progressivement intégrées dans cet un écrin de verdure et de paix tout près de Paris et de Boulogne, qui possède un charme inimitable, avec son golf au centre des pistes, les incroyables bâtiments des anciennes installations de la Fouilleuse, devenues Country-Club de Paris, ces structures en brique qui fleurent bon les Trente Glorieuses.
Historique
L'hippodrome de Saint-Cloud, ou hippodrome du Val d'Or, se situe à l’emplacement d’un ancien domaine dont l'origine remonte au IXe siècle. Napoléon III rassemble avec difficulté, de 1855 à 1860, de nombreuses parcelles et terrains de la plaine de Fouilleuse en vue de constituer une ferme modèle pour le domaine privé de l'Empereur. En janvier 1871, la ferme brûle pendant les combats contre les Prussiens. L'État met le domaine de Fouilleuse et tous ses bâtiments en vente aux enchères publiques en 1898 et Edmond Blanc, héritier de la société des bains de mer de Monaco, député et maire, mais aussi important propriétaire-éleveur dont le haras de Jardy fonctionne déjà à quelques kilomètres de là , remporte les enchères.
Trois ans plus tard s’élèvent une tribune monumentale, le pesage et un commissariat de course. Des jardins fleuris, des arbres et nombreux parterres sont plantés et la location de l'hippodrome, inauguré en mars 1901, a été consentie à la Société d'Encouragement pour l'amélioration du Cheval français de demi-sang, c’est-à-dire aux trotteurs, qui ne sont pas certains de pouvoir continuer de courir à Vincennes, réclamé par l’armée, et viennent de perdre l’hippodrome de Neuilly-Levallois.
Rien n'a été négligé du point de vue de la technique et de la modernité. Les pistes ont 50 mètres de largeur, les lignes droites se raccordent à des tournants de grands rayons, la ligne droite mesure près de 1 000 mètres. Les départs sont donnés au moyen de starting-gates. Un télégraphe est installé sur place, pour retransmettre immédiatement, les résultats des courses. La consécration de cette réalisation arrive lors de visite du roi d'Angleterre Édouard VII le 1er mai 1905. Après avoir reçu les félicitations de son hôte royal sur l'ensemble de son établissement, Monsieur Edmond Blanc fait remarquer que toutes les constructions étaient de style anglais : « Oui, anglais, répond Sa Majesté, avec son bon sourire, c'est anglais, mais avec beaucoup de goût français ».
Les Jeux olympiques d'été de 1924 utilisent les terrains de l'hippodrome pour les épreuves de polo.
Pendant la guerre 1939-1945, les courses s'arrêtent à nouveau. Une partie des pelouses est recyclée en jardins potagers, fournissant ainsi à la population locale, de précieuses denrées fraîches. Les successeurs d'Edmond Blanc vendent l'hippodrome en 1952 à l'industriel du textile et propriétaire-éleveur, Marcel Boussac. Le locataire en place, la société sportive d'encouragement, confie en 1954 à l’architecte Eugène Lizero la reconstruction de la tribune, paddock, guichets, stalles et boxes. Seuls le centre d'entraînement et l'habitation du propriétaire sont épargnés.
Le nouvel hippodrome de Saint-Cloud, plus fonctionnel que réellement esthétique, est inauguré en février 1955. Il est revendu en 1974 et appartient aujourd'hui à la société France Galop.
Le centre d'entraînement privé et la maison d'Edmond Blanc sont restaurés puis transformés en club sportif privé en 1981 sous le nom de « Paris Country Club ».