Historique du Saint-Alary : le Prix de Diane de Paris

12 mai 2024

StAlary 24 Birthe

Photo scoopdyga.com

Le Prix Saint-Alary est une version parisienne du Prix de Diane cantilien disputée le même week-end que la Poule d’Essai des Pouliches, mais sur la distance de 2 000 mètres, et non sur 1 600 mètres. Dès lors, cette épreuve de Groupe 2 (depuis 2024) réunit presque toutes les conditions d’un test grandeur nature avant Chantilly pour beaucoup de prétendantes, mais il témoigne d’une certaine précocité de ses participantes. Plutôt qu’un piédestal vers le sommet qu’est le Prix de Diane, il s’agit en fait d’une sorte de play off de début de saison, raison pour laquelle peu de lauréates du Prix Saint-Alary figurent au palmarès, plus d'un mois plus tard, du Diane. En revanche, c’est une pépinière de grandes juments d’élevage, car une victoire au meilleur niveau si tôt dans l’année témoigne d’une aptitude naturelle très prononcée, signe d’une génétique bien structurée.

Mai, ParisLongchamp

ST MARK'S BASILICA COOLMORE PRIX SAINT-ALARY

Groupe 2, Pouliches de 3 ans, 2 000 m, 140 000 €

Créé en 1960

Tenante du titre : Birthe (f3, IRE par Study of Man et Barakaat, par Lope de Vega), appartenant à Alain Jathière & Christine Guilbert, élevée par Sabah Mubarak al Sabah, entraînée par Laura Vanska, montée par Aurélien Lemaître.

Temps record : 2'00''87, en 2015 par Queen’s Jewel.

La course sera disputée pour la 65ème fois en 2025.

L'édition 2024

Dimanche 12 mai 2024, Hippodrome ParisLongchamp (Paris). – Cette 64e édition du St. Mark’s Basilica Coolmore Prix Saint-Alary (Gr2) est la 1re qui se soit disputée sous le label Groupe 2, puisqu’elle a perdu son label Groupe 1. L’avenir nous dira si la course peut se rétablir mais sa rétrogradation n’a pas privé le public du Bois de Boulogne d’une très jolie course avec une victoire à suivre de Birthe (Study of Man), qui répète brillamment ici son dernier succès, acquis sur les 2 000 mètres de Toulouse à l’occasion du Prix de la Caravelle – Haras des Granges (L) pour son premier essai dans cette catégorie, et sa 4e sortie. Deuxième de Paraiba, qui a pris une prometteuse 2e place la veille de ce « Saint-Alary » à Chantilly pour sa rentrée, pour ses débuts, devant Acqua Augusta, également auteur d’une bonne rentrée ce mois-ci, Birthe est allée trois semaines plus tard remporter sa 1re victoire dans une épreuve de classe 2, toujours sur PDSF sur 1 900 mètres mais à Chantilly.

Alain Jathière s’est alors associé à sa première propriétaire, Christine Guilbert, et l’hiver est passé là-dessus. En mars dernier, la pouliche terminait 3e pour sa rentrée, sur le même parcours que ceux de ses précédentes sorties, derrière Goa et Almara (Almanzor), qu’elle retrouvait cette fois, après un détour victorieux par La Cépière, où elle avait donc découvert le gazon en compétition.

Ces chemins de traverse n’avaient pas convaincu les parieurs, qui la laissaient partir à 10/1 dans ce lot de sept pouliches dont aucune, pourtant, ne sortait du rang.

Tenue au 2e rang à la corde (elle avait tiré la stalle 2) derrière les animatrices, Almara, donc, et l’anglaise War Chimes (Summer Front). La première citée ne se laissa pas faire, mais Birthe, après ce parcours idéal avec l’open-stretch pour la libérer, alla au bout de son effort pour s’imposer de plus d’une longueur, Survie (Churchill) finissant bien, 3e venant de loin, à une encolure, près de deux longueurs devant la favorite Dare to Dream (Camelot).

Lauréate du Prix Caravelle (L) à Toulouse dernièrement, l’outsider Birthe Study of Man) ⁦@lemaitre60LA⁩ vient à bout d’une courageuse Almara (Almanzor) dans le StMark’s Basilica #CoolmoreStud #HomeofChampions Saint-Alary (Gr2). pic.twitter.com/bgzML2eeqq

— France Galop (@francegalop) May 12, 2024

Birthe est entraînée par Laura Vanska, qui revendique aujourd’hui neuf pensionnaires à Chantilly, et elle lui donne ainsi son premier « Groupe » après lui avoir donné sa première Listed-race.

La pouliche est issue de Barakaat (Lope de Vega), adjugée 10 000 € aux ventes Goffs de novembre 2022 à J D Moore. Un an plus tard, en juillet dernier, elle était vendue 12 000 € à Tina Rau et Laura Vanska aux ventes de juillet à Deauville, après un canter sur la PSF de Deauville.

La mère Barakaat avait couru sous les couleurs de Hamdan Al Maktoum. Elle avait remporté une seule victoire, à Toulouse, comme sa fille, qui est son premier produit, de même qu’elle était elle aussi le premier produit . Elle avait elle-même coûté 240 000 € à Deauville à Shadwell car elle descend d’une bonne famille, celle de Grise Mine, qui remporta ce Prix Saint-Alary sous la casaque Rothschild, son éleveur, en 1984. Mais avant d’aboutir à Birthe, la lignée s’en fut aux États-Unis via Kostroma, triple gagnante de vrais Gr1s aux USA et au Canada, et 4e mère de la pouliche.

 

Historique

Évremond de Saint-Alary (1868-1941)

Cette course a été créée en 1960 ; elle doit son nom à Evremond de Saint-Alary (1868-1941). Il fut un des plus grands éleveurs français. C'est à vingt-trois ans, le 24 avril 1891 à Maisons-Laffitte, qu'il connaît sa première victoire avec Boabdil, un cheval acheté à réclamer. En 1893, il acquiert aux ventes de yearlings à Deauville Omnium II qui lui procure dix-sept victoires dont le Prix du Jockey Club, le Prix Gladiateur et deux fois le Prix du Conseil Municipal. Dans le haras de Saint-Pair-du-Mont (Calvados) qu'il vient d'acquérir après le décès de son fondateur Léonce Delâtre, Evremond de Saint-Alary installe Omnium II. Mais le crack meurt seulement après deux années de monte tout en ayant le temps de procréer deux juments célèbres, Kizil Kourgan (Prix de Diane, Grand Prix de Paris 1902) et Basse Terre, la mère de Basse Pointe (Prix du Conseil Municipal 1911) et de Brûleur (Grand Prix de Paris 1913).

Tous ces chevaux portèrent les couleurs (casaque rayée jaune et marron, toque idem) d'Evremond de Saint-Alary, tout comme Comrade (acheté par lui en Angleterre) lauréat en 1920 du Grand Prix de Paris et de la première édition du Prix de l'Arc de Triomphe. D'autres élèves d'Evremond de Saint-Alary vont s'illustrer entre les deux guerres mondiales : Ksar (Prix du Jockey Club et Arc de Triomphe, deux fois, 1921,1922), Kantar (Arc de Triomphe 1928) et Le Ksar (Deux Mille Guinées 1937), tous les trois vendus par lui. Mais conservés et courant sous ses couleurs se distinguent aussi Kandy (Mille Guinées 1932), Samos (Arc de Triomphe 1935) et Porphyros (Prix du Conseil Municipal 1940).

Evremond de Saint-Alary fut aussi un membre influent de la Société d'Encouragement, ancêtre de France Galop en qualité de société-mère des courses de plat. Élu au comité en 1920, M. de Saint-Alary fut commissaire de 1931 à 1938.

Avant sa mort, Evremond de Saint-Alary avait légué le haras de Saint-Pair-du-Mont à Mlle Frémont-Tousch. Au décès de celle-ci, le haras fut acquis par Mme Jean Stern. Une partie de l'élevage de son époux y stationnait déjà.

Participations étrangères (1868-1941)

Quatre fois, une visiteuse a gagné la course : Indian Skimmer (1987), entraînée en Angleterre par Henry Cecil, Sobetsu (2017), présentée par Charlie Appleby, Laurens (2018), également venue d'Angleterre, où l'entraînait Karl Burke, et l'irlandaise Above the Curve (2022), sous l'entraînement de Joseph O'Brien.

Partenariat (1868-1941)

Depuis 2006, le grand haras irlandais Coolmore est le partenaire attitré du Prix Saint Alary, auquel il ajoute le nom d'un de ses meilleurs étalons entraînés en France. Ce fut d'abord Montjeu, puis son fils gagnant du Derby d'Epsom Pour Moi, puis le lauréat de la Poule d'Essai des Poulains 2016, The Gurkha, Saxon Warrior et à présent St Mark's Basilica, auteur d'un mémorable doublé Poule d'Essai-Jockey Club en 2021. Au sujet de ce partenariat, Hermine Bastide, représentante de Coolmore en France a tenu à expliquer : "Étant donné que St Mark’s Basilica a remporté deux Classiques en France l’année dernière et qu’il est par le meilleur étalon du pays, Siyouni, nous avons pensé qu'il était le candidat idéal pour le Prix Saint-Alary que Coolmore sponsorise depuis 2006. La gagnante du Prix Saint-Alary en 2009 Stacelita et la mère de la gagnante en 2018 Laurens font toutes les deux parties du premier book des juments exceptionnelles qui rencontreront St Mark’s Basilica cette année et j'espère que la lauréate du Coolmore Prix Saint-Alary 2022 pourra elle aussi lui rendre visite dans le futur."

Prix Saint-Alary et Prix de Diane Longines (1868-1941)

Du fait d'un espacement de trois semaines dans le calendrier –ce qui n’est plus le cas- et de leur distance voisine, le Prix Saint-Alary (2 000 mètres) a longtemps constitué une épreuve préparatoire sérieuse pour le Prix de Diane Longines (2 100 mètres). Le doublé Prix Saint-Alary-Prix de Diane Longines a ainsi été réalisé par douze pouliches : La Sega (1962), Belle Sicambre (1964), Pistol Packer (1971), Madelia (1977), Reine de Saba (1978), Harbour (1982), Lacovia (1986), Indian Skimmer (1987), Zainta (1998), Stacelita (2009), Sarafina (2010) et Laurens (2018).

Dix-huit gagnantes du Prix Saint-Alary se sont placées deuxième ou troisième dans le Prix de Diane, la plus récente étant Silasol (2013, 3ème). Inversement, sept pouliches placées deuxième ou troisième dans le Prix Saint-Alary ont pris leur revanche en gagnant ensuite le Prix de Diane, ce qui fut le cas le plus récemment de Bright Sky (2002, 2ème).

 

Propriétaires

  • Aga Khan (8 victoires) : Cervinia (1963), Behera (1989), Zainta (1998), Vadawina (2005), Sarafina (2010), Sagawara (2012), Vazira (2014), Siyarafina (2019).
  • Famille Wertheimer (5 victoires) : Reine de Saba (1978), Rivière d’Or (1988), Fidélité (2003), Silasol (2013), Queen’s Jewel (2015). 
  • Mohammed Al Maktoum/Darley/Godolphin (5 victoires) : Indian Skimmer (1987), Rosefinch (1992), Intrepidity (1993), Wavering (2011), Sobetsu (2017).
  • François Dupré (3 victoires) : Solitude (1961), La Sega (1962) et Tonnera (1966).
  • Mme Alec Head (3 victoires) : Pistol Packer (1971), Riverqueen (1976) et Three Troikas (1979).
  • Daniel Wildenstein (3 victoires) : Madelia (1977), Moonlight Dance (1994) et Muncie (1995).


Entraîneurs

  • André Fabre (8 victoires) : Grise Mine (1984), Rosefinch (1992), Intrepidity (1993), Moonlight Dance (1994), Muncie (1995), Luna Wells (1996), Vadawina (2005) et Wavering (2011).
  • Alain de Royer-Dupré (7 victoires) : Behera (1989), Zainta (1998), Belle et Célèbre (2008), Sarafina (2010), Sagawara (2012), Vazira (2014) et Siyarafina (2019) ;
  • Christiane Head (6 victoires) : Three Troikas (1979), Harbour (1982), Fitnah (1985), Rivière d'Or (1988), Treble (1991) et Fidélité (2003) ;
  • Jean-Claude Rouget (6 victoires) : Ask for the Moon (2004), Germance (2006), Coquerelle (2007), Stacelita (2009), Jemayel (2016), Tawkeel (2020).


Jockeys

  • Freddy Head (9 victoires) : Tidra (1967), Pistol Packer (1971), Riverqueen (1976), Reine de Saba (1978), Three Troikas (1979), Harbour (1982), Fitnah (1985), Lacovia (1986) et Treble (1991).
  • Yves Saint-Martin (6 victoires) : Solitude (1961), La Sega (1962), Tonnera (1966), Saraca (1969), Madelia (1977) et Grise Mine (1984).
  • Christophe Soumillon (5 victoires) : Vadawina (2005), Vazira (2014), Siyarafina (2019), Incarville (2021), Jannah Rose (2023).
  • Thierry Jarnet (4 victoires) : Intrepidity (1993), Moonlight Dance (1994), Luna Wells (1996), Marotta (2002).
  • Olivier Peslier (4 victoires) : Muncie (1995), Brilliance (1997), Fidélité (2003), Silasol (2013).
  • Christophe-Patrice Lemaire (4 victoires) : Coquerelle (2007), Belle et Célèbre (2008), Stacelita (2009), Sagawara (2012).
  • Alain Badel (3 victoires) : Smuggly (1983), Air de Rien (1990), Rêve d'Oscar (2000).