Historique du Moulin de Longchamp : Ultime sommet sur le mile

8 septembre 2024

Moulin 24 Tribalist

Photo scoopdyga.com

Septembre, ParisLongchamp

PRIX DU MOULIN DE LONGCHAMP


Groupe 1 – 3ans et au-dessus, 1 600m, 450.000 €

Créé en 1957

Tenant du titre : Tribalist (m5, GB par Farhh et Fair Daughter, par), appartenant à Godolphin, élevé par Car Colston Hall Stud, entraîné par André Fabre, monté par Mickaël Barzalona.

Temps-record : 1’35’’2, Sendawar (1999)

La course de déroule en 2025 pour la 69ème fois.

L'édition 2024
 

Dimanche 8 septembre 2024, Hippodrome ParisLongchamp (Paris). – Lorsque les sept candidats du Prix du Moulin de Longchamp (Gr1) se sont élancés au départ du parcours des 1 600 mètres, on s’attendait à un duel entre deux anglais, le 4ans Charyn (Dark Angel), auréolé de son formidable « Marois », et le 3ans Notable Speech (Dubawi), lauréat des Deux Mille Guinées (Gr1) et des Sussex Stakes (Gr1).

Mais les courses de chevaux étant ce qu’elles sont, c’est un 3e larron, inattendu à 20/1, qui a passé en tête le poteau d’arrivée : Tribalist (Farhh) ! Le représentant français de Godolphin a joué sa carte dans la fuite en avant, prenant la tête d’emblée d’un peloton en file indienne avec, dans l’ordre Caramelito (Zarak), l’irlandais Henry Longfellow (Dubawi) puis Charyn.

À l’entrée de la ligne droite, Tribalist avait pris du champ et ne montrait pas de signe de grande lassitude. Charyn, lancé à sa poursuite, a mis du temps à trouver son rythme et s’il a fini à pleine vitesse, il avait accumulé trop de retard (1,5 seconde aux 600 mètres), sur une piste bien souple et sans son fer de l’antérieur gauche, pour refaire le fuyard. Tribalist a gardé une bonne longueur à l’arrivée. Henry Longfellow a fini 3e en revenant bien finir à 3 longueurs, moins d’une longueur devant le courageux Caramelito.

Tribalist restait sur un semi-rentrée sur 1 200 mètres, début juillet, deux mois après son 2e succès consécutif dans le Prix du Muguet (Gr2) en terrain souple. Deux mois s’étaient écoulés depuis cette visite sur le sprint.

Élevé par Car Colston Hall Stud, Tribalist a été vendu pour 130 000 £ chez Tattersalls par Stroud Coleman Bloodstock. Sa mère, Fair Daughter (Nathaniel), n’a pas couru. Tribalist est son premier partant. Née en 2020, sa jeune sœur Mer Lunaire (Sea the Stars) a été a été vendue maiden 35 000 € à Atlas Bloodstock en décembre dernier.

La deuxième mère, Wiener Wald (Woodmand), a directement produit cinq black types dont le gagnant du Racing Post Trophy (Gr1) Crowded House (Rainbow Quest). Dans cette famille, on relève le lauréat du Prix Maurice de Gheest (Gr1) Brando (Pivotal), Ticker Tape (Royal Applause), gagnante des American Oaks Invitational et des Queen Elizabeth II Challenge Cup Stakes (Gr1), ou encore Reckless Abandon (Exchange Rate), invaincu à 2 ans en cinq sorties, dont le Prix Morny et les Middle Park Stakes (Gr1).

Historique
 

Disputé quatre semaines après le Prix du Haras de Fresnay-le-Buffard Jacques le Marois de Deauville, le Prix du Moulin de Longchamp est l’occasion d’une revanche puisqu’il s’adresse aux mêmes chevaux de 3 ans et plus sur la distance de 1 600 mètres, mais pas en ligne droite cette fois ! À ce titre, c’est un championnat à part entière. C’est même une finale car en France, c’est le dernier rendez-vous de Groupe 1 de la saison pour ces générations et sur cette distance en France.

Créé en 1957, ce prix est couru sur la grande piste depuis 1987. La course s'est déroulée à Chantilly en 2016 et en 2017 pendant les travaux à Longchamp.

C'est à l'occasion du centenaire de l'hippodrome de Longchamp, ouvert en 1857, que la Société d'Encouragement créa deux épreuves importantes pour rehausser le prestige de la journée du Prix de l'Arc de Triomphe. Il s'agit du Prix de l'Abbaye de Longchamp et le Prix du Moulin de Longchamp. Si la première épreuve est toujours au programme de la réunion de l'Arc, le Prix du Moulin a subi deux changements. De 1974 à 1979, il a été avancé d'une semaine pour devenir l'épreuve principale du dernier dimanche de septembre. Et en 1980, il a été transféré au premier dimanche de septembre dans le cadre du réaménagement du calendrier européen des épreuves sur 1.600 mètres. Pour éviter la concurrence entre les Sussex Stakes et le Prix Jacques Le Marois d'une part, le Prix du Moulin de Longchamp et les Queen Elizabeth II Stakes d'autre part, il fut décidé de reculer le Jacques Le Marois à la mi-août et d'inscrire le Prix du Moulin au premier dimanche de septembre à la place du Prix du Rond Point. Ainsi un même cheval pourrait (raisonnablement) gagner les quatre courses. Le XXème siècle ne verra pas la réalisation d'un tel exploit. Toutefois le Prix du Moulin prend place depuis 2011 lors du second dimanche de septembre au cours de la prestigieuse réunion rassemblant à Longchamp le Prix Vermeille et quatre autres courses de groupe dont les préparatoire au Qatar Prix de l’Arc de Triomphe, dans le cadre de la réunion dite des Arc Trials.

Le Moulin de Longchamp
 

Le moulin de l'hippodrome de Longchamp est aussi connu sous le nom de Moulin de Rouvray. Il fut construit en 1312 au sein de l'abbaye de Longchamp, fondée en 1255 par Isabelle de France, fille du roi Louis VIII et sœur de Saint-Louis. Ce moulin sur pivot tournait pour moudre le grain de la communauté. En 1792, les religieuses furent expulsées et les bâtiments vendus. L'abbaye fut détruite en 1795 mais le moulin fut conservé. Il resta en activité jusqu'en 1809, servant à pomper l'eau du lac inférieur pour l'amener au lac supérieur. Au XIXe siècle le moulin-pivot est remplacé par un moulin-tour en pierre. Sa nouvelle mission : servir de décor à l'hippodrome de Longchamp, inauguré en 1857. Le Moulin de Longchamp est vide, il ne se visite donc pas de l'intérieur mais est visible depuis la route de Suresnes et la route des Tribunes. Il est entouré d'un enclos qui n'en permet pas l'approche directe.

Le moulin, tel qu'on peut le voir aujourd'hui dans l'enceinte de l'hippodrome, fit partie d'un monastère - situé face au bac de Suresnes - dont le roi Saint-Louis posa la première pierre le 12 juin 1256. Ce moulin fut démoli avec l'abbaye lorsque les religieuses furent expulsées par la Révolution. Il fut reconstruit sur son soubassement lors des travaux d'aménagement de l'hippodrome en 1856. Il perdit une aile et sa toiture lors du bombardement du 4 avril 1943 mais fut remis en état en 1949. Ses ailes ont beaucoup souffert pendant les deux années du chantier de parisLongchamp, de 2015 à 2018. Elles ont été retirées par la Mairie de Paris, responsable du moulin, peu de temps avant l'inauguration du nouveau site et seront remontées dès qu'elles auront été remises en état.

Partenariat
 

C'est en 1986 que le Prix du Moulin de Longchamp trouva un premier parrain, en l'occurrence l'Ecurie Fustok. Après trois années de partenariat, il y eut une vacance en 1989 puis le relais fut pris en 1990 par « The Emirates » (EAU, Emirats Arabes Unis) qui unirent jusqu'en 2000 leur nom à la course. En 2002, se présente un nouveau parrain, NETJETS, une compagnie d'aviation américaine spécialisée dans la vente de l'utilisation d'avion privé en copropriété. De 2007 à 2018, la course a été parrainée par le Qatar, ce qui a permis d’élever l’allocation de 300 000 à 400 000 euros, puis à 450.000 € en 2010. L'allocation a été réduite en 2020 dan sle cadre de la baisse générale et exceptionnelle des encouragements suite à l'épidémie de Covid-19.

Marois et Moulin
 

Durant leurs 63 années de vie commune les Prix Jacques Le Marois et du Moulin de Longchamp ont eu le même vainqueur à 11 reprises. Ce furent Hula Dancer (1963), Gravelines (1976), Irish River (1979), North Jet (1981), Luth Enchantée (1983), Miesque (1987), Polish Precedent (1989), Priolo (1990-1991), Spinning World (1997), Librettist (2006) et Ribchester (2016-2017). Ce doublé fut réalisé à 3 ans sauf par Gravelines, North Jet, Spinning World et Librettist (2006) à 4 ans et par Priolo et Ribchester, lauréats à Deauville à 3 ans et dans le Moulin à 4 ans.

Les visiteurs
 

Dès sa deuxième édition, le Prix du Moulin fut l'objet de la convoitise d'un visiteur, l'allemand Orsini dont l'assaut fut toutefois repoussé d'une demi-longueur par la pouliche Lilya. C'est en 1962 qu'on enregistre la première des 22 victoires que les visiteurs vont obtenir. Il s'agit de l'anglais Romulus suivi de peu par l'irlandais Red Slipper (1965). Les étrangers prennent goût au Moulin ce qui leur vaut quatre victoires en cinq ans avec Habitat (1969), Gold Rod (1970), Sallust (1972) et Sparkler (1973). Après une décennie de répit, les offensives des visiteurs se font pressantes et vont se révéler victorieuses dans une proportion d'une sur deux de 1985 à 2016 grâce à Roussillon (1985), Sonic Lady (1986), Distant Relative (1990), All at Sea (1992), Ridgewood Pearl (1995), Desert Prince (1998), Indian Lodge (2000), Slickly (2001), Rock of Gibraltar (2002), Starcraft (2005), Librettist (2006), Aqlaam (2009), Excelebration (2011), Ribchester (2017), Circus Maximus (2019), Baeed (2021), Dreamloper (2022).

Propriétaires
 

  • Aga Khan (7 victoires) : Rose Royale (1957), Ginetta (1959)Silver Shark (1966), Ashkalani (1996), Sendawar (1999) et Ervedya (2015).
  • Famille Niarchos (6 victoires) : Miesque (1987), Kingmambo (1993), Mendez (1984), Spinning World (1997) et Maxios (2013), puis Circus Maximus (2019) associée à Smith, Tabor & Magnier.
  • Mohammed Al Maktoum & Godolphin: (5 victoires) : Sonic Lady (1986), Soviet Star (1988), Polish Precedent (1989), Librettist (2006), Persian King (2020), Tribalist (2024).
  • Daniel Wildenstein (4 victoires): Faraway Son (1971), Mount Hagen (1974), Gravelines (1976), Persian King (2020).
  • Serge Fradkoff (3 victoires) : Sanedtki (1978), Kilijaro (1980) et North Jet (1981).
  • Khalid Abdullah (3 victoires) : Roussillon (1985) , All At Sea (1992) et Nebraska Tornado (2003).

Entraîneurs
 

  • André Fabre (8 victoires) : Soviet Star (1988), Polish Precedent (1989), Ski Paradise (1994), Nebraska Tornado (2003), Grey Lilas (2004), Vadamos (2016), Librettist (2006), Ribchester (2017), Persian King (2020).
  • François Boutin (5 victoires) : Delmora (1975), Mendez (1984), Miesque (1987), Priolo (1991), Kingmambo (1993).
  • François Mathet (4 victoires) : Lilya (1958), Mirna (1964), Silver Shark (1966) et Pola Bella (1968).

Jockeys
 

  • Cash Asmussen (6 victoires) : Mendez (1984), Soviet Star (1988), Polish Precedent (1989), Kingmambo (1993), Spinning World (1997) et Indian Lodge (2000).
  • Yves Saint-Martin (4 victoires) : Silver Shark (1966), Pola Bella (1968), Faraway Son (1971) et Gravelines (1976).
  • Lester Piggott (3 victoires) : Habitat (1969), Gold Rod (1966) et Sparkler (1973).
  • Maurice Philipperon (3 victoires): Pharly (1977), Irish River (1979) et Luth Enchantée (1983).
  • Freddy Head (3 victoires) : Kilijaro (1980), North Jet (1981) et Miesque (1987).
  • Gérald Mossé (3 victoires) : Priolo (1991), Ashkalani (1996) et Sendawar (1999).
  • Olivier Peslier (3 victoires) : Desert Prince (1998), Goldikova (2008), Recoletos (2018).