Historique du Cambacérès : Premier grand saut des 3ans

5 novembre 2020

Historique du Cambacérès : Premier grand saut des 3ans

Photo scoopdyga.com

Seule course de Groupe 1 du programme d’obstacle réservée aux 3 ans –l’équivalent en steeple, le Prix Congress, est un Groupe 2- le Prix Cambacérès consacre l’aptitude des sauteurs, car il est nécessaire d’avoir le saut « dans le sang » pour s’imposer si tôt dans une carrière. Cela n’empêche pas de durer, comme en témoigne la présence au palmarès du XXIème siècle de cette grande classique de chevaux comme Royaleety, Long Run –qui est devenu un des meilleurs steeple-chasers de Grande-Bretagne- ou de Hippomène, des vétérans du circuit.

Novembre, Auteuil

PRIX CAMBACÉRÈS – Grande Course de Haies des 3 ans
 

Groupe 1, 3ans, Haies, 3 600 mètres, 175 000€

Créé en 1942

Tenant du titre : Nirvana du Berlais (m3 FRA par Martaline et Katioucha, par Mansonnien), appartenant à Hubert Mauillon et le haras du Berlais, élevé par Jean-Marc Lucas et Catherine Pousin, entraîné par Arnaud Chaillé-Chaillé, monté par Pierre Dubourg.

La course se déroule en 2020 pour la 79ème fois.

L'édition 2020

Dimanche 8 novembre 2020, Auteuil. – Comme Hôtesse du Chenêt dans le Haras d’Etreham Prix Bournosienne quelques minutes plus tôt, le favori du Prix Cambacérès (Gr1), Thélème (Sidestep) a brillamment confirmé, sans donner de sueurs froides, sa précédente victoire à ce niveau. Le représentant de JDG Bloodstock, la casaque de James-Douglas Gordon, a pris le relais à l’entrée du tournant final, sauté l’avant-dernière haie avec l’animateur Raffles Face (Authorized), puis dominé ensuite et accéléré sur le plat pour s’imposer par dix longueurs. Toujours dans le sillage des deux premiers, Baladin de Mesc (Chœur du Nord) a fini troisième à douze longueurs, avec Le Listrac (Balko). Un des meilleurs candidats de la course, Hermès Baie (Crillon) est tombé à la première haie, qu’il a abordée derrière un adversaire qui a légèrement biaisé devant lui.

Entraîné à Royan-La Palmyre par Arnaud Chaillé-Chaillé, Thélème n’avait jusqu’alors couru que deux fois en haies mais après avoir terminé deuxième pour ses débuts à moins d’une longueur de Baladin de Mesc, il n’avait pu participer au Prix Robert Lejeune (Gr3), dont il avait été déclaré non-partant sur le champ. Cela ne l’avait pas empêché de remporter brillamment le Prix Georges de Talhouët-Roy (Gr2), au sprint, après avoir fermé la marche avant ce triomphe dans le Prix Cambacérès.

C’est une cinquième victoire dans cette course pour l’entraînement d’Arnaud Chaillé-Chaillé après celles de Kiko (2004), Bonito du Berlais (2014), Beaumec de Houelle (2018) et Nirvana du Berlais (2019). Le propriétaire James-Douglas Gordon a pour sa part vu ses couleurs triompher pour la troisième fois après les succès de Bonito du Berlais (2014) et de Beaumec de Houelle (2018).

Thélème est issu d’Utopia Jem (Okawango), une jument vendue 5 000 € en décembre dernier à Deauville, et dont le quatrième produit, un fils de Cloth of Stars né cette année, est inscrit aux prochaines ventes d’élevage à Deauville.

 

Historique

Créée en 1942 sous le nom de Grande Course de Haies des 3 Ans - appellation conservée en sous-titre -, la course devint Prix Cambacérès en 1960 pour commémorer le souvenir d'un des principaux dirigeants de la Société des Steeple-Chases de France (lire ci-dessous).

Le Prix Cambacérès est-il un bon tremplin en vue de la Grande Course de Haies d'Auteuil ? Pas vraiment puisque seulement quatre de ses vainqueurs sont parvenus à enlever l'épreuve reine sur les haies d'Auteuil. Il s'agit de Wild Risk (1943), Verdi (1950), Sicié (1953) et Loreto (1957) qui confirmèrent à 4 ans leur supériorité déjà affirmée à 3 ans. C'était avant que les 4 ans fussent exclus de la Grande Course de Haies d'Auteuil (1961). Ne pouvant participer à celle-ci qu'à partir de 5 ans, beaucoup des lauréats du Prix Cambacérès sont alors devenus hors de combat.

A noter que deux placés du Prix Cambacérès ont eux aussi gagné ensuite la Grande Course de Haies d'Auteuil : l'illustre Le Paillon, devancé par Kerlor en 1945 et Le Roi Thibault troisième en 1992. A noter aussi que Hippomène, lauréat en 2013, était monté par Christophe Soumillon, champion jockey en plat.

Le Prix Cambacérès a révélé aussi quelques bons reproducteurs. Après l'extraordinaire Wild Risk (1943), on remarque particulièrement Samaritain (2ème en 1944), Verdi (1950), Vieux Château (3ème en 1959), Quart de Vin (1975), Kadalko (1991) et Villez (1995).

Les pouliches comptent douze victoires dans le Prix Cambacérès. Les lauréates furent : La Nouba (1947), Go Ahead (1948), Hunorisk (1954), La Moutarde (1959), Moisson du Ciel (1962), Bournosienne (1982), Tikiti Dancer (1990), Kotkita (2001), Maia Eria (2003), Tanais du Chenet(2010), Chimère du Berlais (2014), De Bon Cœur (2015).

Jean Delaire de Cambacérès (1889-1960)

Après avoir servi dans la cavalerie durant la Grande Guerre qu'il acheva avec le grade de capitaine, le comte Delaire de Cambacérès vit ses couleurs (casaque rouge, croix de Malte jaune, toque rouge, déclarées dès 1913) au meilleur niveau à Auteuil en 1919 avec l'infatigable Albanais, gagnant du Prix des Drags après avoir vaillamment lutté contre Troytown dans le Grand Steeple. Onze ans plus tard, le Grand Steeple manquera encore de peu de revenir à un porteur de la casaque à croix de Malte avec Mercure II qui n'échoua que d'une tête derrière Le Fils de la Lune. Ces deux chevaux ainsi que ses autres représentants, Jean Delaire de Cambacérès les avait tous « dénichés », s'en rendant acquéreur après les avoir vu courir discrètement.

Elu en décembre 1918 membre du comité de la Société des Steeple-Chases de France, Jean Delaire de Cambacérès devint commissaire en 1920 après être entré en 1919 au conseil d'administration dont il se révéla le membre le plus actif avec le colonel Maurice Gillois. En novembre 1928, après le décès du baron de Neuflize, il hérita du poste d'administrateur délégué et de la vice-présidence de la Société. Enfin, en décembre 1932, il fut appelé à succéder au prince Joachim Murat à la présidence de la société mère des courses d'obstacles, fonction qu'il exerça jusqu'à sa mort survenue en mai 1960.

Vingt-huit ans de présidence, c'est le plus long mandat exercé à la tête de la Société des Steeples dans l'histoire de celle-ci, créée en 1863. De lui, son successeur le comte Gérald de Rochefort, dira : « Animateur infatigable de la Société des Steeple-Chases, défendue, rénovée et développée par sa constante et permanente activité […] animé d'une autorité lucide et créatrice, à la fois traditionaliste et novateur, joignant l'ardeur à la prudence, l'intelligence à l'intuition, la simplicité à la magnificence, sachant associer les buts utiles aux résultats brillants, il allait droit au fait avec une activité et une volonté tenaces. »

Ce sont près de trois décennies de la vie de l'obstacle en France qui sont influencées par l'action du tandem « Cambacérès-Gillois ». Alors que les dossiers techniques sont confiés au colonel Gillois, Jean Delaire de Cambacérès se charge personnellement de l'administration et des finances de la Société des Steeples durant deux périodes critiques, les années 30 marquées par la crise économique, puis la Seconde Guerre mondiale.
 

Propriétaires

  • Magalen Bryant (3 victoires): Royal Honor (2006), Tanais du Chenet (2010) et Extrême Cara (2012) ;
  • James-Douglas Gordon & JDG Bloodstock Services (3 victoires) : Bonito du Berlais (2014), Beaumec de Houelle (2018) et Thélème (2020) ;
  • Marquis de Triquerville (2 victoires) : Wild Risk (1943) et Hunorisk (1954) ;
  • Gustave Beauvois (2 victoires) : Prince Nigel (1949) et Verdi (1950) ;
  • Robert Weill (2 victoires) : Moisson du Ciel (1962) et Rush (1966) ;
  • Mme Jean Stern (2 victoires) : Furibard (1964) et Moët (1967) ;
  • Daniel Wildenstein (2 victoires) : Grandak (1980) et Villez (1995) ;
  • Pierre de Montesson (2 victoires) : Cokeland (1984) et Kotkita (2001) ;
  • Jean-Pierre May (2 victoires) : Isabey (1987) et Satan des Mottes (1989) ;
  • Bernard Boutboul (2 victoires) : Old Gringo (1992) et Double Détente (1993) ;
  • Jean-Pierre Sénéchal (2 victoires) : Silver Top (1998) et Royaleety (2002).


Entraîneurs

  • Bernard Sécly (7 victoires) : Fly Round (1981), Cokeland (1984), Satan des Mottes (1989), Kadalko (1991), Old Gringo (1992), Double Détente (1993) et Kotkita (2001) ;
  • Jean-Paul Gallorini (7 victoires) : Grandak (1980), Isabey (1987), Villez (1995), Tit For Tat (1997), Silver Top (1998), Don Lino (2007) et Hippomène (2013) ;
  • Noël Pelat (5 victoires) : Wild Risk (1943), Go Ahead (1948), Hunorisk (1954), Quart de Vin (1975) et Riko (1978) ;
  • Jean Laumain (5 victoires) : Serpent (1952), Melanos (1965), Bang Bang (1970), Tofano (1972) et Kashnil (1979).
  • Arnaud Chaillé-Chaillé (5 victoires) : Kiko (2004), Bonito du Berlais (2014), Beaumec de Houelle (2018), Nirvana du Berlais (2019) et Thélème (2020).


Jockeys

  • Jean-Yves Beaurain (3 victoires) : Kadalko (1991), Old Gringo (1992) et Double Détente (1993) ;
  • Christophe Pieux (3 victoires) : Royaleety (2002), Maia Eria (2003) et Don Lino (2007).