Grand Steeple-Chase de Paris : Docteur de Ballon rebondit encore

23 mai 2021

Grand Steeple 21

Photo scoopdyga.com

Dimanche 23 mai 2021, Hippodrome d’Auteuil (Paris). - Gagnant l’an dernier d’un Grand Steeple-Chase de Paris décalé à l’automne, puis du Prix La Haye Jousselin (Gr1) dans la foulée, le 9ans Docteur de Ballon (Doctor Dino) a littéralement sprinté pour gagner un deuxième Grand Steeple-Chase de Paris, plus de cinq longueurs devant Carriacou (Califet), vainqueur de l’édition 2019 de la course. Le 5ans Galleo Conti (Poliglote) finit fort troisième devant Général en Chef (Martaline), qui a mené le dernier tour, sur la piste extérieure des steeple-chases.

Docteur de Ballon devient le dixième double lauréat de l’épreuve, dotée de 820 000 € et disputée sur 6 000 mètres d’un parcours empruntant 23 obstacles.

Les trois représentants de David Cottin ont mené la course sous l’impulsion du favori, le 5ans Le Berry (Gemix), qui n’a pas ménagé ses efforts en début de parcours, avec Ajas (No Risk At All), associé à la championne irlandaise Rachael Blackmore, et Général en Chef, qui a pris le relais pour sauter le rail-ditch-and-fence, au deuxième tour, où Figuero (Yeats) a éjecté son pilote. Dans le tournant final, alors que Feu Follet (Kapgarde) avait perdu son jockey au mur, Docteur de Ballon, longtemps dernier et retardé par un saut plus lent sur le rail-ditch, est venu en quatrième position derrière Général en Chef, Le Berry, Carriacou, et il les a dominés sur le plat en sprintant pour dominer Général en Chef, battu ensuite par Carriacou alors que Galleo Conti, toujours pointé en cinq ou sixième position, a bien fini à la troisième place.

Docteur de Ballon courait pour la deuxième fois cette saison après avoir terminé deuxième d’Ajas dans le Prix Murat (Gr2).

La mère de Docteur de Ballon, Nile Breeze (Phantom Breeze) a couru 65 fois de 3 à 9 ans, gagné 7 courses sur les obstacles, dont deux à Enghien en steeple. Docteur de Ballon est le premier de ses quatre produits, dont deux autres ont gagné. Une 4ans par Barastraight est à l’entraînement chez Louisa Carberry mais elle a échoué à cinq reprises en haies -dernièrement, elle a été arrêtée le 2 octobre à Nantes…

En remontant plus loin, on retrouve une deuxième mère, Nile Turgeon (Turgeon), co-élevée par les Gasche-Luc et gagnante à Auteuil pour ses débuts en haies en mars de ses 4 ans, issue de la Wildenstein Nile Palace (Crystal Palace), deuxième mère notamment de Scarlet Row (Turgeon, soit le même croisement que Nile Turgeon), une deuxième du Prix Maurice Gillois (Gr1) qui donna aussi le jour au champion du steeple de vitesse Outre-Manche Politologue (Poliglote).

 

Les déclarations de l’entourage des chevaux

 

Louisa Carberry, entraîneur de Docteur de Ballon, 1er (Installée à Senonnes - Mayenne – 53)

« Il n'est pas normal et son jockey non plus ! C'est un don du ciel ce cheval. Quel jockey ! Je suis très contente qu'il y ait du public. J'ai envie de partager Docteur de Ballon avec tout le monde. Nous avons couru pour une bonne place et dans le tournant final, il était à peu près à la même position que l'an dernier au même endroit. Ensuite, il y eu Carriacou devant et on sait que c'est un champion. Mais une fois qu'il l'a passé et a accéléré, je savais que c'était bon, c'était fait ! Il nous a tellement donné, il n'a plus rien à prouver, ce n'est que du bonus. Donc là, de gagner à nouveau, ça m'a ému fortement ! Philip [Carberry, ndlr], mon mari, était prêt à venir, il avait préparé ses habits et au dernier moment, il a préféré ne pas venir, comme l'an dernier. Je ne sais pas s'il a vu la course, je n'ai pas encore eu le temps de l'appeler ! »

Bertrand Lestrade, jockey de Docteur de Ballon, 1er

« C'est génial, c'est comme dans un rêve. Il adore quand les courses partent comme cela et pas sur un rythme de fou, car ça lui laisse le temps de rentrer dans la course. En face, je me suis même permis le luxe de temporiser, mais je me suis dit : s'il est bon, vaut mieux être deuxième que de tomber ! Le cheval est au-dessus. Quand je me suis rapproché mi tournant, je me suis dit : "ce n'est pas vrai". A la double barrière [l’avant-dernier obstacle, ndlr], je manque presque de sang-froid à le lancer un peu tôt, car du coup j'arrive très vite sur l’obstacle. Et je sais que dès que lorsque l’on va très vite, il peut laisser trainer les pieds. Mais quand on a des bons chevaux, cela gomme les erreurs des hommes ! J'ai eu beaucoup de chance dans ma carrière car je suis tombé sur beaucoup de champions... Mais des chevaux qui répètent à ce niveau-là, je n'en avais jamais eu ! Je suis vraiment aux anges. Je monte un crack cheval. Louisa et Phil m'ont dit : "monte le pour lui, comme tu sais faire". Ils ne m'ont mis aucune pression. »

Monique et Robert Gasche-Luc (Saint-Mars-sous-Ballon, Sarthe), éleveurs et propriétaires de Docteur de Ballon (1er) :

« C’est une passion qui apporte beaucoup, qui fait pleurer. Jamais nous n’aurions pensé qu’il pourrait gagner à nouveau. Revenir s’imposer en ayant autant de retard dans le parcours, c’est impensable. On va revenir l’année prochaine ! Le cheval part en vacances désormais. Nous sommes drogués aux courses ! »

Isabelle Pacaut, entraîneur de Carriacou, 2e (installée à Maisons-Laffitte – Yvelines – 78)

« Qu'est-ce que c'était beau, la vache ! J'y ai cru ! Deuxième, c'est la seule place qui me manquait (rires). Son jockey James Reveley avait l'air un peu déçu, mais il a monté une course parfaite. Regardez comme Carriacou est cool, là... Il souffle à peine ! Docteur de Ballon est un crack. Le terrain est porteur et il fallait qu'il le soit pour Docteur de Ballon, comme pour Carriacou. Les deux premiers ont 9 ans, c'est génial de les voir performer encore à cet âge au plus haut niveau. J'ai rêvé que je mettais les œillères australiennes à Carriacou, mais finalement il n'en a pas eu besoin. L'heure de la retraite n'a pas encore sonné pour lui ! »

Guillaume Macaire, entraîneur de Galléo Conti, 3e (installé à Royan – Charente Maritime – 17)

« J'aurais bien aimé que Feu Follet ne fasse pas sa bêtise et fasse tomber son jockey. La performance de Galléo Conti est très bonne, c'est le premier des 5 ans, mais j'ai été très perturbé par sa préparation. J'ai vraiment eu beaucoup d'ennuis : quand il a fini 4e, il n'a pas fait sa course dans le Prix Troytown (Groupe 3, la course préparatoire). Il n'était pas bien et n'avait pas recouru depuis, ce qui n'est pas l'idéal. Il a des soucis ce qui nous ont embêtés dans sa préparation. »

Rachael Blackmore, jockey de Ajas (7e) : « Une expérience fantastique »

L’irlandaise Rachael Blackmore est la nouvelle star de l’Obstacle Outre-Manche, habituée des unes des quotidiens et pas seulement de sport. Son palmarès 2021 est déjà bien rempli : elle est la première femme jockey sacrée tête de liste du Festival de Cheltenham, les Jeux Olympiques de l’obstacle outre-Manche, et à s’imposer en selle dans le mythique Grand National de Liverpool en Angleterre.

Dimanche 23 mai, elle découvrait le parcours mythique d’Auteuil en selle sur Ajas, un pensionnaire de David Cottin, qui conclut finalement 7e du Grand Steeple-Chase de Paris après avoir trouvé le temps un peu long pour finir.

Elle nous a dit : « Les obstacles d’Auteuil sont très impressionnants. Mais j’avais vu les courses précédentes d’Ajas et je savais que je n’avais qu’à rester sur son dos. Il saute extrêmement bien, il est juste dommage que nous n’ayons pas pu finir plus près. Je suis simplement ravie d’avoir eu la chance de pouvoir monter dans le Grand Steeple-Chase de Paris ! Les obstacles sont vraiment différents mais en étant sur un cheval tellement expérimenté, j’ai passé un excellent moment. Il sait ce qu’il fait, il sait quand il doit accélérer et il a juste rendu mon travail facile. Les chevaux français ont aussi une façon de sauter un peu différente. J’ai profité jusqu’au dernier obstacle et j’ai réalisé à ce moment-là que je ne pouvais pas gagner ! J’espère vraiment pouvoir revenir un jour. »

David Cottin, entraîneur de Général en Chef (4e), Le Berry (5e) et Ajas (7e) – (installé à Chantilly, dans l’Oise – 60)

« Général en Chef court bien. Il a été un peu embêté par le cheval en liberté qui l'a fait consommer. Il est encore délicat, mais c'est un bon cheval. J'attends les résultats du scope pour Ajas, mais Rachael Blackmore m'a dit qu'il ne tenait pas la distance. Il a été le premier à craquer, alors qu'il a eu la course parfaite. Il n'a pas consommé et a bien sauté. Le Berry a eu un problème pulmonaire. »