France Galop célèbre la carrière d’Alain de Royer Dupré au moment où il quitte la profession d’entraîneur

27 décembre 2021

Royer Dupré Aga Khan

Avec près de 15.000 courses disputées et près de 3.000 victoires à son palmarès, c’est l’un des entraîneurs français les plus titrés des courses de galop. Il était notamment chargé de l’entraînement des chevaux de Son Altesse le prince Aga Khan. Après 53 années d’activité, Alain de Royer Dupré met fin à sa carrière à la fin de l’année 2021. Présentation de cet homme qui a marqué l’histoire des courses.

L’homme pour qui le cheval était une évidence

Né en septembre 1944, Alain de Royer Dupré a grandi entouré de chevaux. Son père travaillait pour les Haras nationaux au dépôt de Saint-Lô et, forcément, le petit Alain a vite eu son poney ! Le cheval était une évidence. Cavalier émérite, il s’est d’abord tourné vers le monde du concours complet et du concours hippique. Et c’est par le biais de l’élevage qu’il a découvert le monde des courses et les pur-sang.

Étudiant dans un lycée agricole, Alain de Royer Dupré doit effectuer un stage, ce qui lui ouvrira les portes du haras du Mesnil, le haras de Mme Couturié. Pendant son service militaire, il fait la connaissance de Jack Le Goff, médaillé olympique de concours complet et passionné des courses. Sous son influence, Alain de Royer Dupré décide de prendre sa licence de gentleman-rider (jockey amateur) mais, de son propre aveu, il n’était pas très bon ! Après le service militaire, il retourne travailler dans l’élevage mais se rend à l’évidence : la compétition lui manque ! Il se lance alors un défi un peu fou : devenir entraîneur de chevaux de course.

C’est dans la Sarthe, à partir de 1972, que le jeune entraîneur pose ses valises et fait ses gammes, avec moins de dix chevaux, principalement des chevaux d’obstacle. La réussite d’Alain de Royer Dupré attire vite l’œil de grandes maisons parisiennes, qui lui envoient des chevaux destinés à courir en plat. Quand Son Altesse le prince Aga Khan rachète le prestigieux élevage de Boussac, il lui confie quelques chevaux et, en 1981, il lui demande de s’installer dans la capitale française du cheval : Chantilly. En 1983, François Mathet, entraîneur principal de l’Aga Khan, disparaît. Alain de Royer Dupré prend sa succession.

 

93 victoires de Groupe 1, le niveau d’excellence des courses !

Dès sa première saison à la tête d’Aiglemont, l’écurie de Son Altesse l’Aga Khan à Chantilly, Alain de Royer Dupré remporte deux Groupes 1, le label donné aux plus grandes courses hippiques. Les victoires au plus haut niveau ne cesseront de s’enchaîner.

En 1984, il remporte son premier Prix du Jockey Club, avec le crack Darshaan. Il remportera cette course mythique à six reprises (1984, 1985, 1987, 2003, 2006 et 2011). Six, c’est aussi le nombre de Prix de Diane qu’il a remportés durant sa carrière : 1993, 1997, 1998, 1999, 2008 et 2010. Alain de Royer Dupré a gagné deux fois la plus grande course du monde, le Qatar Prix de l’Arc de Triomphe : en 2003, avec Dalakhani, gagnant la même année du Jockey Club, et en 2008, avec Zarkava, invaincue et lauréate la même année du Prix de Diane. Ces deux chevaux portaient les couleurs Aga Khan. Alain de Royer Dupré a aussi gagné au plus haut niveau avec des chevaux appartenant à d’autres grands propriétaires, souvent éleveurs, comme la Marquise de Moratalla, Magalen Bryant, Sven Hanson et Carina Klingberg, Aliette Forien et Gilles Forien, Jürgen Winter, etc., avec des éléments comme Pride, Reliable Man, Belle et Célèbre, Giofra, Chicquita

Alain de Royer Dupré est aussi un homme de défi et il n’a pas hésité à voyager. Il a remporté 21 Groupes 1 à l’étranger. En 1984, avec Lashkari, il remporte la toute première édition de la Breeders’ Cup Turf, l’une des courses américaines les plus prestigieuses. En 2010, il offre un premier succès à la France dans la Melbourne Cup, mythique épreuve australienne surnommée "la course qui arrête une nation", avec Américain. L’homme compte aussi quatre Groupes 1 en Grande-Bretagne, terre hippique par excellence, et deux à Hongkong. C’est dans ce pays qu’il aime tant qu’il a sellé, ce 12 décembre 2021, son dernier partant dans un Groupe 1 : c’était avec Ebaiyra, pour Son Altesse l’Aga Khan, dans le Longines Hong Kong Vase. La jument a conclu troisième.

 

À l’issue de sa carrière d’entraîneur, Alain de Royer Dupré cumule un impressionnant palmarès de 93 victoires de Groupe 1, le plus haut niveau de la compétition, dont 77 pour Son Altesse l’Aga Khan. Alain de Royer Dupré commente : « Entraîner pour un propriétaire éleveur est une grande chance. Avoir rencontré Son Altesse l’Aga Khan, qui allie son sens de la compétition à sa passion pour l’élevage, a fait de moi un entraîneur privilégié. Le haras de Montaigu (Aliette et Gilles Forien) et le haras de la Perelle (Jürgen Winter) m’ont permis de travailler en grande confiance jusqu’à ma décision de clore cinquante années d’une vie professionnelle passionnante. »

 

L’homme qui a façonné la reine des courses, la mythique Zarkava

De nombreux champions sont passés entre les mains d’Alain de Royer Dupré et, de tous, c’est peut-être Zarkava qui a le plus marqué les amoureux des courses. La championne de l’Aga Khan enregistrera sept victoires pour sept courses dont cinq Groupes 1 !

Sur elle, Alain de Royer Dupré a dit en septembre 2021 : « Zarkava était un génie, avec pourtant aucune raison de l’être… Elle n’était pas parfaite, notamment dans ses aplombs. J’avais beaucoup de chevaux plus jolis qu’elle, mais quelle race, quel influx, quel moteur extraordinaire ! »

Zarkava a débuté en septembre 2007, à Longchamp, dans le Prix de la Cascade, une course réservée aux pouliches de 2 ans n’ayant jamais couru. Elle s’est imposée, très facilement… Tellement facilement qu’Alain de Royer Dupré a tenté un défi un peu fou : la courir, quatre semaines après et malgré son inexpérience, dans le Prix Marcel Boussac, un Groupe 1 couronnant la meilleure pouliche de 2 ans en France. Encore une victoire et qui plus est avec une facilité déconcertante, puisqu’elle s’est même permis de sauter l’ombre du poteau d’arrivée !

 

À 3 ans, elle continuera de triompher à chacune de ses sorties dans les courses du programme de sélection 2008. Dans la Poule d’Essai des Pouliches (Groupe 1 sur 1600 mètres), au mois de mai à Longchamp, elle bat de deux longueurs la star de la distance, Goldikova. C’est toujours avec désinvolture que Zarkava remporte, en juin 2008, le Prix de Diane. En septembre 2008, elle affronte pour la première fois ses aînées dans le Prix Vermeille (Groupe 1). Cela reste l’une des performances les plus extraordinaires vues à Longchamp : Zarkava s’était endormie dans la stalle de départ et en était sortie avec une vingtaine de mètres de retard par rapport à ses adversaires ! Rattraper une telle erreur est impossible, sauf pour Zarkava : dans la ligne droite, elle a passé tout le peloton en revue pour s’imposer en égalant le record de l’épreuve et en battant de deux longueurs la championne Dar Re Mi. Enfin, le premier week-end d’octobre 2008, elle remporte très facilement le Prix de l’Arc de Triomphe, la plus grande course au monde.

Après l’Arc, la championne Zarkava part invaincue au haras, en Normandie. Son meilleur produit, Zarak, a gagné le Grand Prix de Saint-Cloud (Groupe 1) en 2017, également sous l’entraînement d’Alain de Royer Dupré. Il est désormais étalon au haras de Bonneval, l’un des haras de Son Altesse l’Aga Khan. Zarak a été la révélation en France chez les étalons en 2021, arrivant tête de liste des sires ayant leur première génération en piste. L’histoire continue…

 

Cliquer ici pour revivre en images la carrière de cet immense entraîneur dans la vidéo hommage de France Galop.