Historique du Darley Romanet : Un grand nom et un succès immédiat

20 août 2021

Historique du Darley Romanet : Un grand nom et un succès immédiat

Photos scoopdyga.com, horseracingintfed.com

Août, Deauville

Darley Prix Jean Romanet

 

Groupe 1, Juments de 4ans et au-dessus, 2 000 mètres, 150 000 €

Créé en 2004

Tenante du titre : AUDARYA (f4, FRA par Wootton Bassett et Green Bananas, par Green Tune), appartenant à Alison Mary Swinburn, élevée par Haras d'Écouves, entraînée par James Fanshawe, montée par Ioritz Mendizabal.

Record de la course : 2’04’’1, Ajman Princess (2017)

La course sera disputée pour la 18ème fois en 2021. 

 

L'édition 2020

Dimanche 23 août 2020, Deauville. - La 17ème édition du Darley Prix Jean Romanet (Gr1) est revenue à l’anglaise Audarya (Wootton Bassett), qui a contenu jusqu’au bout l’attaque de la française Ambition (Dubawi), remarquable dans ce lot, deux mois après sa rentrée gagnante du Prix Corrida (Gr2).

Dans une course très ouverte avant le coup, les deux pouliches ont laissé le reste du peloton à quatre longueurs, Romancière (Dansili) restant troisième après avoir mené, tandis que Dariyma (City Zip), longtemps dernière, a fini fort pour prendre la quatrième place à Bolleville (Camelot), longtemps au premier rang.

Entraînée en Angleterre par James Fanshawe, achetée 125 000 € aux ventes de Deauville, Audarya s’est montrée très performante et régulière en bon terrain l’année dernière, en remportant deux courses et en prenant trois deuxièmes places, dont une au niveau Listed. Cette saison, en revanche, elle avait échoué deux fois avant de s’imposer à nouveau, dernièrement sur les 2 000 mètres d’un handicap disputée sur la PSF de Newcastle.

Elle est engagée dans le Prix de l’Opéra Longines (Gr1).

La mère d’Audarya, Green Bananas (Green Tune), élevée en France par la famille Doumen au Haras d’Écouves, courut sous l’entraînement de François Doumen. Elle a été vendue pour 2 000 € en 2017 au haras de Saint-Roch. Elle a été exportée en Tunisie.


Historique

Le Prix Jean Romanet a été créé en 2004 dans le cadre de l'organisation d'un programme européen spécifique pour les pouliches de 4 ans. En France, il constitue une étape préparatoire au Qatar Prix Vermeille, maintenant ouvert aux juments de 4 ans et au-dessus, et disputé trois semaines plus tard. Il commémore le souvenir d'un acteur majeur du monde des courses. Depuis 2006, cette course bénéficie du parrainage de Darley, appellation qui couvre l’élevage du cheik Mohammed Al Maktoum. Il a été élevé au rang de course de groupe 1 depuis 2009.

La course est donc récente mais elle a d’emblée rencontré un franc succès, et son palmarès réunit quelques-unes des plus grandes championnes européennes du jeune siècle. Pride, Satwa Queen et Stacelita, par exemple, ont marqué leur époque.

La première édition de la course en 2004 a réuni 13 concurrentes. La lauréate en a été la pouliche de 4 ans, Whortleberry, appartenant à Jacques Bérès, entraînée par François Rohaut et montée par Thierry Gillet. Elle devançait Pride, future troisième du Prix Vermeille, dans lequel Whortleberry échouait complètement.

C’est justement Pride, âgée de 5 ans, qui a remporté en 2005 la seconde édition du Prix Jean Romanet. Appartenant à NP Bloodstock Ltd, entraînée par Alain de Royer-Dupré, elle était montée par Christophe-Patrice Lemaire qui sera aussi ultérieurement son partenaire en 2006 lors de sa victoire dans le Grand Prix de Saint-Cloud aux dépens d’Hurricane Run.

Match France-Royaume Uni

Les juments entraînées en France mènent au score à 9 contre 8 pour celles qui ont traversé la Manche, mais sept des neuf dernières éditions sont parties en Grande-Bretagne.

Jean Romanet (1914-2003)

Il a consacré la plus grande partie de sa vie au développement de la « Société d'Encouragement pour l'amélioration des races de chevaux en France » (ancêtre de France Galop) tant au plan national qu'au plan international.

Né en décembre 1914, Jean Romanet était le fils de René Romanet-Riondet, secrétaire général de la Société d'Encouragement de 1925 à 1945, qui avait succédé à son frère Maurice Romanet, titulaire de ce poste de 1915 à 1924.

Jean Romanet débute sa carrière en 1938 comme haut fonctionnaire au ministère des Finances. En 1946, il est détaché à la Commission des Finances de l'Assemblée Nationale à la demande du rapporteur général, Charles Barrangé. Il y travaille pendant quinze ans et assiste aussi bien les différents rapporteurs de cette commission que ses présidents, notamment Paul Reynaud et Pierre Mendès-France.

Simultanément, par goût hérité de sa famille, Jean Romanet s'intéresse aux courses dont il fréquente le milieu et dont il devient rapidement au lendemain de la Seconde Guerre mondiale le principal spécialiste.

A la demande de Marcel Boussac, il produit, de 1947 à 1950, Racing and Breeding, revue aussi luxueuse que documentée. Il écrit sous un nom de plume (N.E. Marot) des rubriques sur l'élevage fort appréciées dans Sport-Complet qui a pris la relève de Paris-Sport après la guerre et qui fusionnera plus tard avec Paris-Turf. Il participe à la revue Courses & Elevage dès sa création en 1954 et fournit annuellement, de 1945 à 1960, le chapitre "Racing in France" à l'inoubliable revue anglaise The Bloodstock Breeders' Review. Et il donne de nombreux articles à l'hebdomadaire américain The Blood Horse. Enfin, comme son père, il devient conseiller en matière d'élevage de Marcel Boussac. Quand celui-ci est porté à la présidence de la Société d'Encouragement en décembre 1959, il décide de confier à Jean Romanet la direction de la société mère des courses plates. Fonctionnaire "en service détaché", Jean Romanet devient donc en mars 1961, directeur général de la Société d'Encouragement, poste qu'il occupera jusqu'au 31 janvier 1986.

Quand il annonce, le 19 décembre 1985, la prochaine retraite de Jean Romanet devant le comité de la Société d'Encouragement, le président de celle-ci, Hubert de Chaudenay, s'exprime ainsi :

« Compte tenu de la place considérable occupée par M. Jean Romanet dans l'Institution, tant en France que dans le monde, vous ne serez pas surpris que je m'attarde un moment à rappeler les grandes étapes de ses vingt-cinq ans d'activité parmi nous.

« Appelé par le président Boussac à la direction générale en 1961, son premier travail a été de réformer les structures de la Société dirigée collégialement jusqu'alors par les Commissaires pour créer des structures plus conformes aux possibilités des membres des Comités dont l'emploi du temps les rendait moins disponibles qu'ils ne l'étaient dans le passé. Ainsi fut créé le régime sous lequel nous vivons.

« Il a été ensuite le créateur du Fonds Commun de l'Élevage et des Courses et, toujours fidèlement et solidement appuyé par le président Boussac, a mis de l'ordre et de la méthode dans le désordre qui régnait antérieurement pour l'attribution des subventions aux sociétés de province. Il a participé activement à la rénovation de Longchamp tant pour la conception que l'exécution. Avec l'aide des Commissaires, du duc de Noailles en particulier, et de Yann de Chevigny, il a assuré le développement de Chantilly et créé les centres d'entraînement de Lamorlaye et d'Avilly.

« Sur le plan social, il a présidé à la naissance du Centre d'éducation du Moulin à Vent et de l'hôpital de Chantilly, base de départ de l'action continuée ensuite par l'AGOSEC. Sur le plan du sport, il a élaboré le projet créant les courses de groupe qui, mis au point avec Weatherby, a été adopté par le monde entier et a rendu possible l'internationalisation des grandes épreuves que l'écart des niveaux des prix entre les différents pays rendait difficile sinon impossible. Quelques contraires que fussent à sa préoccupation expansionniste mes sordides idées sur la productivité et les vertus du contrôle budgétaire, il s'est plié avec intelligence et efficacité aux disciplines du management et c'est avec lui et ses collaborateurs immédiats que nous sommes arrivés à diminuer d'environ 50 % les effectifs nécessaires à la bonne marche de la Société. Sur le plan international enfin, il a été le créateur de cette Conférence Internationale au cours de laquelle, tous les ans le lendemain de l'Arc de Triomphe, les pays évolués apprennent aux autres ce que doivent être les courses et, pas à pas, établissent des règles internationales aujourd'hui acceptées par quarante-quatre pays.

« Audacieux dans la conception, courageux et efficace dans l'exécution, ferme dans ses principes, ardent dans la défense de l'Institution, il a été pour moi un collaborateur incomparable pendant les onze années d'une présidence agitée par les remous des réformes politiques et les turbulences de la crise économique.

« Mais, hélas, nul n'est prophète dans son pays ! D'aucuns lui reprochent une incontestable brutalité dans l'expression de sa pensée. C'est un défaut commun à ceux qui pensent détenir la seule vérité et qui mettent de la passion dans ce qu'ils font. Je m'en suis pour ma part fort bien accommodé, de même que tous les représentants des pays étrangers qui l'ont comblé de distinctions.

« C'est ainsi qu'en 1972, il a été nommé par Sa Majesté la Reine d'Angleterre Commandeur de l'Ordre de l'Empire Britannique ; qu'en 1975, il a reçu l'Eclipse Award de la Thoroughbred Racing Association pour sa contribution à l'activité internationale des courses de chevaux de pur-sang ; en 1979, au Canada, le Sovereign Awards Trophy ; en 1982, le Derby Award décerné en Grande-Bretagne par l'International Racing Bureau ; et enfin aux U.S.A., le 4 octobre de cette année, The Jockey Club Medal en reconnaissance de sa contribution à l'industrie des courses et de l'élevage. La France doit incontestablement à Jean Romanet autant qu'à la qualité de ses chevaux la place qu'elle occupe sur le plan international. »

Mais alors, seulement semi-retraite pour Jean Romanet qui conserve la présidence de la Conférence Internationale des Autorités Hippiques jusqu'en 1993. Et simultanément, il transmet le flambeau familial, toujours au service des courses, à un quatrième Romanet, son fils Louis, directeur général de France Galop jusqu’à la fin de l’année 2007.


Propriétaires

  • Khalid Abdullah (2 victoires) : Announce (2011) et Romantica (2013)
  • Helena Springfield (2 victoires) : Izzi Top (2012) et Speedy Boarding (2016)
  • Steven & Gillian Lamprell (2 victoires): Satwa Queen (2006 et 2007).


Entraîneurs

  • James Fanshawe (3 victoires) : Ribbons (2014), Speedy Boarding (2016), Audazrya (2020).
  • André Fabre (2 victoires) : Announce (2011) et Romantica (2013)
  • Jean de Roualle (2 victoires): Satwa Queen (2006 et 2007).
  • Alain de Royer Dupré : Pride (2005) et Alpine Rose (2009).
  • John Gosden (2 victoires): Izzi Top (2012) et Coronet (2019).


Jockeys

  • Lanfranco Dettori (3 victoires) : Folk Opera (2008), Ribbons (2014) et Coronet (2019).
  • Maxime Guyon (2 victoires) : Announce (2011) et Romantica (2013).
  • Thierry Thulliez (2 victoires): Satwa Queen (2006 et 2007).