Historique du Prix Murat : Le sommet du Printemps

8 avril 2022

Sel Jem et Johnny CHarron remportent le Prix Murat (Gr2), le samedi 9 avril 2022 sur l'hippodrome d'Auteuil, à Paris.

Photo scoopdyga.com

Créé en 1902 pour commémorer le souvenir du président de la première Société des Steeple-Chases de France, le Prince Joachim Murat, c'est un classique d'Auteuil, une répétition générale conçue pour préparer le Grand Steeple-Chase de Paris, la seule qui soit un Groupe 2 alors que les autres marches vers ce sommet sont simplement gratifiées d'un label Groupe 3.

Avril, Auteuil

Prix Murat

 

Groupe 2, 5ans et au-dessus, Steeple-Chase, 4 400 mètres, 210 000€

Créé en 1902

Tenant du titre : Sel Jem (h5, FRA par Masked Marvel et Ile des Saintes, par Saint des Saints), appartenant à Mme Patrick Papot, élevée par Florence Lormand, entraînée par Guillaume Macaire et Hector de Lageneste, montée par Johnny Charron.

La course se déroulera en 2023 pour la 117ème fois


L'édition 2022

Samedi 9 avril 2022, Hippodrome d’Auteuil (Paris). - La 116ème édition du classique Prix Murat (Gr2) à Auteuil, un des steeple-chases les plus fameux du programme français, a été remportée par le seul 5ans au départ, le favori Sel Jem (Masked Marvel), qui est venu à bout du courageux animateur Dream Wish (Dream Well) dans les cent derniers mètres. L’un et l’autre portaient les couleurs de la famille Papot, mais ils dépendent de deux écuries différentes, celle de Hector de Lageneste et Guillaume Macaire pour Sel Jem, et celle de Dominique Bressou pour le gris Dream Wish.

Avec cette deuxième victoire dans un #GrandSteepleChase Masters, Sel Jem peut prétendre au bonus de 150 000 € promis à tout l'entourage (propriétaire, entraîneur, jockey, personnel de l’écurie) du lauréat de deux préparatoires et du Grand Steeple, le 22 mai prochain.

Comme dans le Prix Troytown (Gr3) trois semaines plus tôt, Dream Wish a animé les débats et très longtemps, il a semblé avoir fait la différence, mais son cadet d’un an est venu le priver de la victoire avec une belle assurance. Il s’impose d’une bonne longueur tandis qu’à neuf longueurs conclut un bon Happy Monarch (Saint des Saints), lauréat du Prix Robert de Clermont-Tonnerre (Gr3) à la rentrée d’Auteuil, il y a six semaines.

Deuxième favori, Srelighonn (Martaline) a fait tomber son jockey au saut du rail-ditch-and-fence.

C’était la huitième course de Sel Jem, qui a débuté en haies à Compiègne par une deuxième place en novembre 2020 avant de s’imposer dans la même spécialité au Lion d’Angers huit mois plus tard. Vainqueur dès ses débuts en steeple dans la foulée à Dieppe, il a confirmé ensuite à Auteuil au niveau Listed avant sa deuxième place dans le « Maurice Gillois » de Let Me Love (gagnant fin mars pour sa rentrée sur les haies d’Angers). Battu par une autre jument, La Danza, ensuite dans le Prix Morgex (Gr2), trois semaines plus tard, il effectuait une rentrée 2022 victorieuse dans le Prix Robert de Clermont-Tonnerre (Gr3) avant ce nouveau coup d’éclat.

Sel Jem a été élevé par Florence Lormand dans l’Orne. Sa mère, Ile des Saintes (Saint des Saints), n’a pas couru. Sel Jem est son troisième produit en 6 ans, et son dernier à ce jour selon le site Internet de France Galop. Elle a aussi produit Jem Bien (Dream Well), qui vient de gagner sa première course, un steeple à réclamer, en janvier à Pau à l’âge de 7 ans. Il avait été racheté 24 000 € aux ventes d’été Arqana à 2 ans en 2017. Ile des Saintes est une sœur de Jemykos (Nikos), notamment vainqueur d’une Grande Course de Haies de Pa (L), et de la mère de Jemy Baie (Crillon), vainqueur du Prix Troytown en 2016.

 


Historique

La distance de la course a varié souvent : 4 500m de 1913 à 1934, 4 200m de 1935 à 1939, 3 800m en 1940 et 1941, 4 100m de 1942 à 1945, 4 200m de 1946 à 1955, 3 800m en 1956, 4 200m de 1957 à 1970, 4 400m depuis 1971. On enregistra un dead-heat (ex æquo) en 1926 entre Valdubar et Gaspard de Besse

Le premier du Prix Murat, Verdi, remporta neuf steeple-chases cette année-là et aurait certainement gagné le Grand Steeple s’il n’avait éjecté (à la rivière du huit) son jockey qui parvint à le remonter mais dut se contenter de la deuxième place tout près de l’heureux Gratin.

Couru au printemps sur un parcours sélectif, le Prix Murat constitue une étape utile en vue de l’épreuve n° 1 d’Auteuil, longtemps disputée en été. Le doublé Prix Murat-Grand Steeple-Chase de Paris a été fréquent. 22 chevaux ont gagné les deux courses. Onze la même année : Coq Gaulois (1920), L’Yser (1923), Ingré (1937), Kargal (1943), Boum (1945), Orléans (1954), Farfatch (1955), Jasmin II (1983), Katko (1988), Kotkijet (2001) et So French (2017). Quatre ont gagné le Murat après le Grand Steeple, Saint Caradec à 5 ans (1910), Air Landais à 7 ans (1977), Oteuil SF à 9 ans (1989) et Polar Rochelais à 8 ans (2011). Six avaient gagné le Murat une année précédente, Millionnaire II à 5 ans (1931), Ucello II à 5 ans (1991), Ubu III à 7 ans (1993), El Paso III à 7 ans (1999), Remember Rose à 5 ans (2008). Un l'a gagné avant et après, Mid Dancer à 5 ans (2006) et à 8 ans (2009).

Le doublé Prix Murat-Prix du Président de la République est rare. Six chevaux seulement l’ont réalisé : Violon II (1905-1904), Coq Gaulois (1920), Jean Victor (1934), Rameau (1950-1948), Quo Vadis (1957-1956, 1958) et Ouragan Collonges (1987).

Seulement six chevaux sont parvenus à gagner deux fois le Prix Murat : Ingré (1937, 1940), Maïk (1947, 1949), Petit Fontaine (1980, 1981), Ubu III (1993, 1995), Chamberko (1996, 1997) et Mid Dancer (2006, 2009).

La plus faible participation (5 partants) a été enregistrée en 1909, 1920, 1921 et 1925. C’est en 1963 que les partants furent les plus nombreux. Le 31 mars ils furent 26 à s’élancer au départ du « Prix du Centenaire, Prix Général Prince Murat » appellation donnée à la course pour célébrer le centenaire de la fondation de la première Société Générale des Steeple-Chases de France. Pour l’occasion, la course était dotée de 200 000 F et devenue un handicap. Le vainqueur fut le favori Blaps portant le top-weight (72 kilos). Appartenant à Henry de Blonay, il était entraîné par André Adèle et monté par Claude Drieu.


Les Murat et l’obstacle

D’abord le père Joachim, 4e prince Murat (1834-1901), petit-fils du célèbre maréchal de Napoléon 1er. Cousin de Napoléon III, il fut chargé par celui-ci d’« encourager par des courses la production et l’élevage du cheval de service et de guerre ». C’est inscrit dans l’article 1er du règlement adopté le 2 janvier 1863 par la Société Générale des Steeple-Chases de France qui élit ce jour pour président le prince Murat, militaire de carrière qui sera nommé général en 1870. La Société organisera ses courses d’obstacles sur le plateau de Gravelle, dans le bois de Vincennes où l’empereur veut réaliser une opération d’embellissement comme il l’avait fait avec succès précédemment dans le bois de Boulogne où l’hippodrome de Longchamp avait été créé en 1857. Vincennes ouvrira ses portes le 29 mars 1863 et offrira trois steeple-chases à un public curieux et nombreux. On parle de 100 000 personnes ! La guerre franco-prussienne (commencée en juillet 1870) puis la Commune vont provoquer des dégâts considérables à l’hippodrome de Vincennes qui s’avère inutilisable. Le 25 mars 1873, la Société des Steeple-Chases de France, présidée par le prince Murat, est dissoute par une décision de son comité. Cinq jours avant, le 20 mars, avait été tenue l’assemblée générale constitutive d’une nouvelle société, dénommée « Société anonyme des Courses d’obstacles » présidée par le prince de Sagan. C’est elle qui créera l’hippodrome d’Auteuil dont l’inauguration aura lieu le 1er novembre 1873. Le 24 décembre 1878, il sera décidé de remplacer la raison sociale, Société anonyme des Courses d’obstacles, par une nouvelle, « Société anonyme des Steeple-Chases de France ».

Du comité de cette seconde Société des Steeples (nom couramment employé) est nommé membre (en mars 1887) Joachim, 5e prince Murat, fils du précédent. Né en 1856, il passe une partie de sa jeunesse à la cour des Tuileries, comme compagnon du prince impérial, son contemporain. Il exerce le métier des armes comme officier de cavalerie, jusqu’en 1886, quand la loi interdit aux descendants de familles régnantes de rester dans les cadres de l’armée active.

Dès 1883 est apparue sur les hippodromes sa casaque rayée rouge et bleu qui rapidement devient populaire. L’écurie est importante, remontée par des achats en ventes publiques et par les produits nés dans le haras que le prince installe dans la propriété familiale de Chambly (Oise), où, grand veneur, il entretient aussi un équipage. L’écurie, fort active, n’obtient que des succès de routine en obstacle (principale victoire acquise par le modeste Trinidad en 1889 dans le Grand Prix de Nice), mais se distingue surtout en plat, avec pour vedettes Golden Sky (Grand Critérium 1908) et Friant II (fils de l’étalon maison Champaubert), vainqueur du Prix du Jockey Club en 1912.

Nommé vice-président de la Société des Steeples en 1903, le prince Murat en est élu président le 18 mars 1908. Ce seront bientôt trois képis que portera le prince Murat, choisi comme premier président d'une « Association des propriétaires de chevaux de courses au galop » fondée en 1912, alors qu’il avait déjà été porté à la présidence du Nouveau Cercle en 1906.

Pendant un quart de siècle, le prince Murat assure la présidence de la société mère des courses d’obstacles. Quand il meurt le 2 novembre 1932, âgé de soixante-seize ans, il est un président vénéré « dont l’immense bonté rayonnait sur tous ceux qui l’approchaient… qui ne rencontrait dans ses propositions à peu près aucune contradiction… dont les initiatives étaient, sans cesse, dictées par le souci qu’il avait des intérêts qui lui étaient confiés. » Durant sa présidence, il eut à gérer la longue interruption des courses pendant la Première Guerre mondiale, leur difficile reprise en 1919 et la nécessaire rénovation de l’hippodrome d’Auteuil achevée en 1924.

Un de ses fils, le prince Charles Murat, sera lui aussi membre du comité de la Société des Steeples de 1932 à 1973.

 

Propriétaires

  • Arthur Veil Picard (4 victoires) : Saint Caradec (1910), Meisonier (1925) et Ingré (1937, 1940).
  • Charles Liénart (3 victoires) : Scoff II (1914), Coq Gaulois (1920) et Vimy III (1921). 
  • Daniel Wildenstein (3 victoires) : Air Landais (1977), Décisif (1985) et Kotkijet (2001). 
  • Marquise de Moratalla (3 victoires) : Ucello II (1991) et Ubu III (1993, 1995). 


Entraîneurs

  • Charles Bariller (4 victoires) : Désopilant (1912), L’Yser (1923), Barboteur (1939), Kerfany (1941)
  • Maurice d’Okhuysen (4 victoires) : Javelot II (1930), Ménès II (1936), Kargal (1943) et Jalgreya (1944)
  • Jean-Paul Gallorini (4 victoires) : Décisif (1985), Kotkijet (2001), Turkish Junior (2004), Remember Rose (2008). 
  • Jean Lieux (3 victoires) : Coq Gaulois (1920), Vimy III (1921) et Brave (1922). 
  • Valère Péraldi (3 victoires) : Rameau (1950), Le Phare (1952) et Orléans (1954). 
  • Georges Pelat (3 victoires) : Tréport (1951), Rivoli (1969) et Air Landais (1977). 
  • André Adèle (3 victoires) : Lotus III (1953), Blaps (1963) et Parandero (1968). 
  • Noël Pelat (3 victoires) : Frascati (1956), Hunorisk (1958) et Tereda (1971). 
  • Henri Gleizes (3 victoires) : Malotru (1959), Vaugirard (1960) et Cacao (1967). 
  • John Cunnington père (3 victoires) : Pink Vale (1962), Novio (1964) et Fire Control (1973). 
  • Jean Laumain (3 victoires) : Sapin (1966), Samour (1972) et Furlevant (1975). 
  • Jean-Jacques Beaumé (3 victoires) : Chic Type (1974), Porto Rafti (1976) et Le Jarrier (1978). 
  • André Fabre (3 victoires) : Petit Fontaine (1980, 1981) et Jasmin II (1983).
  • Bernard Sécly (3 victoires) : Katko (1988), Al Capone II (1994) et El Paso III (1999). 
  • François Doumen (3 victoires) : Ucello II (1991) et Ubu III (1993, 1995). 
  • Arnaud Chaillé-Chaillé (3 victoires) : Mid Dancer (2006, 2009), Or Noir de Somoza (2007) et Perfect Impulse (2018). 
  • Guillaume Macaire (3 victoires) : As d'Estruval (2016), So French (2017), Sel Jem (2022, avec Hector de Lageneste).


Jockeys

  • Christophe Pieux (5 victoires) : Chamberko (1996, 1997), Mid Dancer (2006), Remember Rose (2008) et Mail de Bièvre (2010).
  • William Head (3 victoires) : Scoff II (1914), Coq Gaulois (1920) et Brave (1922). 
  • Max Bonaventure (3 victoires) : El Hadjar (1932) et Ingré (1937, 1940). 
  • Paul Péraldi (3 victoires) : Rameau (1950), Lotus III (1953) et Orléans (1954). 
  • Antoine Yglésias (3 victoires) : Frascati (1956), Poussin Bleu (1961) et Sapin (1966).