Qatar Prix du Jockey Club : Les déclarations des entourages des 19 concurrents

3 juin 2021

chantilly

Dimanche 6 juin à Chantilly se déroulera la 181e édition du Qatar Prix du Jockey Club. Les meilleurs 3 ans européens ont rendez-vous sur le parcours des 2 100 mètres avec à la clé une allocation de 1,5 million d’euros, ce qui en fait la deuxième course française la mieux dotée (derrière le Qatar Prix de l’Arc de Triomphe). L’enjeu ? Tout simplement sacrer le meilleur élément de sa génération, qui s’assurera ainsi une place dorée au haras, tout en prenant ses marques pour les grandes joutes automnales dont le Qatar Prix de l’Arc de Triomphe est le point culminant.

LES 2 100 MÈTRES, UNE SPÉCIFICITÉ FRANÇAISE

Contrairement au Derby d’Epsom, qui se disputera la veille sur la distance de 2 400 mètres, le Qatar Prix du Jockey Club se court sur 2 100 mètres. C’est en 2005 que sa distance a été réduite de 2 400 à 2 100 mètres. L’objectif était double : se démarquer des autres Derbies européens, tout en permettant une transition plus douce des 1 600 mètres de l’Emirates Poule d’Essai (programmée mi-mai) aux 2 400 mètres du Grand Prix de Paris (couru traditionnellement le 14 juillet), ainsi que s’adapter à la demande des éleveurs qui recherchent des reproducteurs ayant montré en course une certaine vitesse. Le profil des chevaux s’alignant dans le Qatar Prix du Jockey Club s’est ainsi élargi, puisque de nombreux milers (chevaux spécialisés sur les 1 600 mètres) ont tenté une incursion sur 2 100 mètres. Avec un certain succès, puisque Shamardal (2005), Lope de Vega (2010) et Brametot (2017) ont réalisé le doublé « Poule d’Essai & Jockey Club ».

Cette année, le lauréat de l’Emirates Poule d’Essai des Poulains, l’irlandais St Mark’s Basilica, tentera de faire aussi bien en remportant le Qatar Prix du Jockey Club.

LE TITRE PEUT-IL RESTER EN ANGLETERRE ?

L’an dernier, c’est le poulain anglais Mishriff qui s’était imposé, sous la selle du jockey basque Ioritz Mendizabal. Il offrait ainsi une première victoire dans le Qatar Prix du Jockey Club à John Gosden, entraîneur mythique en Grande-Bretagne, basé à Newmarket (le Chantilly anglais). John Gosden est célèbre pour avoir entraîné – notamment – la jument Enable, gagnante des éditions 2017 et 2018 du Qatar Prix de l’Arc de Triomphe, et deuxième en 2019.

Malgré des conditions de voyage compliquées par le virus de la Covid (les accompagnateurs des chevaux devant notamment effectuer une quarantaine à leur arrivée en France), les Anglais ont répondu présent pour cette édition du Qatar Prix du Jockey Club, et trois concurrents sont entraînés en Grande-Bretagne, dont deux par John Gosden, désormais associé à son fils Thady. Il s’agit de Megallan, qui porte la casaque de l’Américain Anthony Oppenheimer (qui a remporté le Qatar Prix de l’Arc de Triomphe en 2015 grâce à Golden Horn), et de Derab, représentant quant à lui la succession du prince Khalid Abdullah, l’un des plus fameux propriétaires et éleveurs au monde (Enable, c’était lui !), disparu en début d’année. Megallan peut revendiquer une deuxième place dans les Dante Stakes, course préparatoire traditionnelle au Derby d’Epsom (dont notre Prix du Jockey Club est le pendant), alors que Derab, le petit frère de la grande Enable, ne compte que trois sorties, dont une victoire dernièrement à Newmarket dans une course de niveau plus modeste.

Un deuxième entraîneur anglais tente le déplacement. Il s’agit de Roger Varian, qui délègue El Drama, lequel vient de gagner une Listed sur l’hippodrome de Chester. Il sera associé au jockey français originaire de Corse  Mickaël Barzalona.

LES RÉGIONS FRANCAISES EN FORCE :

5 partants entraînés à Chantilly (Oise)

En France, la plus grosse concentration de pur-sang se trouve sur le centre d’entraînement de Chantilly (Oise), et quatre des partants profitent de cet environnement exceptionnel, qui s’étend sur plusieurs communes (Chantilly, Lamorlaye, Gouvieux, Coye-la-Forêt et Avilly-Saint-Léonard) et sur 1 900 hectares au total ! Dont 140 km de pistes en sable naturel et 120 hectares de pistes en gazon permettant de préparer au mieux les champions. C’est à Chantilly ou sur des communes avoisinantes que sont installés Pascal Bary (qui sellera Baby Rider pour un septième succès personnel dans le Jockey Club), Pia et Joakim Brandt (Policy of Truth), Freddy Head (Adhamo), Nicolas Caullery (Fort Payne) et Fabrice Vermeulen (Pretty Tiger).

2 partants viendront de Calas-Cabriès (Bouches-du-Rhône)

Mais les régions sont aussi présentes en force au départ. Les « couleurs » de la région Sud-Est, via le centre d’entraînement de Calas-Cabriès (situé à une trentaine de kilomètres de Marseille), seront défendues par les deux pensionnaires de Frédéric Rossi Sealiway et Smile Makers. Cet entraîneur dispose également d’une écurie secondaire (une « antenne ») à Chantilly, notamment pour limiter les déplacements (et donc la fatigue) des chevaux se produisant régulièrement en région parisienne.

5 partants entraînés à Deauville (Normandie)

L’entraîneur Jean-Claude Rouget dispose lui aussi de deux bases : une, historique, située à Pau, et l’autre, plus récente, à Deauville. C’est dans la célèbre station balnéaire de la Côte normande qu’ont été préparés ses trois partants de l’édition 2021, Cheshire Academy, Saiydabad et Makaloun. Le premier nommé porte la casaque de l’Américain Peter Brant, lauréat en 2019 avec Sottsass (qui a gagné l’année suivante le Qatar Prix de l’Arc de Triomphe), alors que les deux autres sont des représentants de Son Altesse l’Aga Khan, gagnant de la course à sept reprises.

L’entraîneur Stéphanie Nigge a elle aussi choisi Deauville pour s’installer comme entraîneur en 2020. Elle réalise le tour de force, un an après seulement, de présenter deux chevaux, tous deux fils de Le Havre (lauréat du Prix du Jockey Club 2009) : Millebosc et Normandy Bridge.

Mont-de-Marsan (Landes) également représenté au départ

Enfin, l’entraîneur Philippe Sogorb représentera le Sud-Ouest, lui qui entraîne ses chevaux à Mont-de-Marsan dans les Landes. Ancien jockey devenu entraîneur en 2011, il sellera le géant Ninth Titan, pour la casaque prestigieuse de la famille Niarchos, lauréate en 2018 avec Study of Man, en 2002 avec Sulamani et en 1998 avec Dream Well (détenu en association avec Jean-Louis Bouchard).

ETAT DU TERRAIN : DU VELOURS POUR FAIRE TOMBER LES RECORDS !

La piste de Chantilly sera parfaite pour accueillir les champions. Le mois de mai a été assez pluvieux, avec des températures plutôt douces : cela a favorisé la pousse du gazon, si bien que le couvert végétal de la piste est particulièrement dense. La corde sera placée à zéro. Elle ne l’a pas été depuis le 20 avril, ce qui garantit une large portion de piste très préservée. Marin Le Cour Grandmaison, responsable de l’hippodrome et du centre d’entraînement de Chantilly, explique : « Nous avons réalisé tous les travaux nécessaires de roulage, battage, aération et tonte pour préparer au mieux la piste. L’indice pénétrométrique est mesuré tous les matins et publié sur nos réseaux sociaux. Mercredi matin, suite à un arrosage d’entretien visant uniquement à compenser l’évapotranspiration, nous étions à 3,3, soit « bon souple ». Les prévisions météorologiques sont assez incertaines, avec des orages annoncés notamment vendredi. Cette incertitude ne nous permet pas à ce stade de prévoir précisément l’indice pénétrométrique que nous aurons dimanche, mais nous tiendrons les professionnels informés jour après jour. »

 

CITATIONS - LES ENTOURAGES S’EXPRIMENT

 

CENTRE DE CALAS-CABRIÈS (13)

Pauline Chehboub, représentante du haras de la Gousserie, propriétaire de Sealiway et Smile Makers

« Sealiway va très bien. C’est le jockey Franck Blondel qui sera en selle : il le monte tous les matins et nous nous sommes dit que si Mickaël Barzalona ne pouvait pas lui être associé, alors Franck le monterait. Contrairement à ce que l’on entend dire, Sealiway n’est pas qu’un poulain de terrain souple : une piste assouplie ne le dérange pas mais il peut aussi être performant en bon terrain. La Poule d’Essai est une course à oublier : il a besoin d’être bien dans son action, il ne se monte pas en attendant et en quatrième épaisseur. Il a lutté toute la course. En tout cas, il est très bien revenu de ParisLongchamp et nous pensons qu’il va tenir la distance. Smile Makers a toutes ses chances, nous espérons un bon numéro de corde. Il est relativement facile à monter, maniable et il n’est jamais sorti des trois premiers en huit courses. À Saint-Cloud, dans le Prix Greffulhe, il est allé devant et a lutté toute la ligne droite. Physiquement, c’est une masse et il faut qu’il soit bien dans son rythme. »

 

CENTRE DE CHANTILLY (60)

Freddy Head (entraîneur d’Adhamo)

« Le poulain va très bien et je suis très content de lui. Les 2 100 mètres ne sont pas un problème et s’il venait à pleuvoir dans la semaine, cela ne serait pas un souci non plus. En valeur, Adhamo fait partie des meilleurs de la course. J’espère une course rythmée et un numéro dans les boîtes plutôt en dedans [plutôt un petit numéro, près de la corde, ndlr]… Et après, de la chance ! »

 

Nicolas Caullery (entraîneur de Fort Payne)

« C’est mon premier partant dans le Jockey Club, et avec des ambitions ! Il n’y a pas un poulain qui se détache particulièrement et nous avons tous une chance de pouvoir l’emporter. J’y vais sans pression ! J’ai confiance en mon poulain et en mon jockey. Et si mon cheval est meilleur que les autres, on espère qu’il gagnera. Et s’il doit être battu par meilleur, il le sera… Ce que j’espère, c’est ne pas avoir de regrets et que le cheval puisse bénéficier d’un bon parcours… Avec le nombre de partants, il y aura des contents et des mécontents après le tirage au sort des places à la corde. Nous avons tout bien fait, toute la préparation s’est bien passée, il n’y aura pas de météo exécrable avant la course… Nous n’aurons pas d’excuses a priori. Le jockey Thomas Trullier va le monter avec toute ma confiance : il connaît le cheval par cœur et même bien mieux que moi car il a les sensations du cavalier. Moi, j’ai mon visuel. »

 

Pia et Joakim Brandt (entraîneurs de Policy of Truth)

« La décision de courir le Qatar Prix du Jockey Club, nous l’avons prise avec Olivier Carli, dont Policy of Truth porte les couleurs. Le cheval a tout pour bien faire. Et nous avons tous les trois réfléchi dans le sens de l’intérêt du cheval. Il mérite de courir le Qatar Prix du Jockey Club vu ce qu’il a fait jusqu’à présent. Le jockey Julien Augé est venu le monter lundi et ils ont fait un canter sur l’hippodrome. Il a été surpris par la maniabilité du poulain. Et il n’a pas de doute sur sa capacité à tenir... Dimanche, il faudra forcément un peu de chance. C’est un grand moment pour l’écurie. Il est notre deuxième partant dans le Jockey Club. »

 

CENTRE DE DEAUVILLE (14)

Stéphanie Nigge, (entraîneur de Millebosc et Normandy Bridge)

« Millebosc va très bien. Il y a beaucoup de vitesse dans son pedigree, mais il vient de bien courir sur 1 800 mètres à Chantilly. Ce n’est pas la première fois dans l’histoire de cette course qu’un poulain se présente sans avoir de certitudes sur sa tenue. En Australie, les chevaux courent et gagnent sur une large variété de distances. Il faut donc l’essayer, tout en sachant que les chevaux évoluent avec le temps. Nous allons plutôt le monter pour lui, à l’arrière-garde. Et le Prix de Guiche est une bonne préparatoire. D’ailleurs, les quatre premiers seront au départ dimanche à Chantilly ! »

« Bizarrement, sa tentative dans l’Emirates Poule d’Essai des Poulains [dont il a fini septième, ndlr] a vraisemblablement fait du bien à Normandy Bridge. Il a bien pris sa course et a bien changé. Physiquement, il a pris de l’état. Il n’a pas eu une course dure et n’a couru que 200 mètres. Après avoir enclenché à 200 mètres du poteau, il est revenu sans souffler. Son jockey Gérald Mossé l’a monté « pour l’avenir », sans être dur avec lui. Normandy Bridge va tenir les 2 100 mètres sans aucun problème. C’est un grand cheval, avec une grande action et qui a besoin de courir. Avec la maturité, en se posant, il finira sûrement sur 2 400 mètres un jour ou l’autre. Il les origines, l’action et le physique pour cela… »

 

Jean-Claude Rouget (entraîneur de Makaloun, Saiydabad et Cheshire Academy)

« Si je les cours tous les trois, c’est que j’estime qu’ils ont chacun une bonne chance, tout en étant très différents. Il y aura beaucoup de partants, donc le déroulement de course va compter… Nous avons volontairement arrêté Makaloun assez longtemps cet hiver, parce qu’il avait couru tard dans la saison, sur une piste pénible donc exigeante pour les organismes. Il est arrivé tard à l’entraînement, mais il est revenu bien assez vite le matin. Dans le Prix de Guiche, qu’il a remporté, il n’était pas à 100 %. Là, j’estime que je ne peux pas l’avoir mieux !

Saiydabad est un poulain plus tardif que Makaloun, qui a moins de vitesse, mais qui est plus cool. Nous n'aurions pas pu le débuter à 2 ans. Avec lui, le vrai objectif est le Grand Prix de Paris [à la mi-juillet, ndlr], mais j’estime qu’il a encore une vraie marge de progression et ça vaut le coup de tenter l’aventure dans le Qatar Prix du Jockey Club. 

Cheshire Academy a un profil très spécial, puisqu’ayant débuté seulement cet hiver à Pau. Dans le Prix Noailles, il a réalisé un drôle de truc, mais il n’a pas couru depuis deux mois… C’est le point d’interrogation mais nous ne pouvions pas recourir entre le Noailles et le Jockey Club dans un timing optimal. C’est un poulain léger, féminin, qui n’a pas besoin de beaucoup de travail. Le fait qu’il découvre Chantilly ne me dérange pas. Il est bien dans sa tête, très sympa. Il part souvent benoîtement. Il risque donc de se retrouver derrière et de faire une très belle ligne droite ! »

RÉPUBLIQUE TCHÈQUE

Jean-Pierre Deroubaix, représentant Valentin Bukhtoyarov, propriétaire de Royal World

« Royal Word reste sur deux victoires faciles. Invaincu cette année, il vient de gagner les Guinées tchèques. La distance est un point d'interrogation car il n'a jamais couru au-delà de 1 800 mètres. Il sera associé au jockey Fabrice Veron. Royal Word a été élevé au haras du Quesnay [à côté de Deauville, ndlr] pour Valentin Bukhtoyarov, son propriétaire. Il souhaite tester son cheval dans une bonne course. Propriétaire actif en Europe de l'Ouest, en Russie, en République tchèque et aux États-Unis, Valentin Bukhtoyarov aime avoir des partants dans les grands meetings internationaux pour partager cette passion avec ses amis. Il a par exemple gagné les UAE Oaks [le Prix de Diane des Émirats, ndlr]. Il soutient le sport hippique en Russie où il sponsorise une réunion complète. Valentin Bukhtoyarov élève aussi des pur-sang arabes et ses juments sont stationnées au haras du Berlais [dans le département de la Vienne, ndlr]. Mais avec cette race, il court principalement en Russie. »