Historique du Sandringham : Hommage à une reine

Juin, Chantilly

Prix de Sandringham

Groupe 2, Pouliches de 3 ans, 1 600 mètres, 90 000 €

Créé en 1966 (ex-Prix des Lilas)

Tenante du titre : Miss Extra (f3, FRA par Masterstroke et Kestria, par Keltos), appartenant à Alain Jathière & Meridian International, élevée par Sophie Boulin Redouly, entraînée par Pia Brandt, montée par Maxime Guyon.

Temps record (depuis 2000) : 1’34’’5 par Obligate (2019).

La course se déroule en 2021 pour la 55ème fois

L'édition 2020

Vendredi 19 juin 2020, Chantilly. - Favorite du prix de Sandringham (Gr2), course de pouliches de 3 ans sur 1 600 mètres, Miss Extra (Masterstroke) a porté à trois le nombre de ses victoires consécutives cette saison. Elle avait déjà remporté un handicap et une Listed race sous les couleurs d’Alain Jathière, qui s’en est porté acquéreur en fin de saison l’année dernière, alors que la pouliche était encore maiden.

Montée en retrait comme de coutume, elle a placé son accélération en pleine piste pour s’imposer de ¾ de longueur sur la tenace Golden Crown (Siyouni), qui avait accompagné l’animatrice Porcelaine (Kodiac) en tête, celle-ci faisant deux écarts devant elle, notamment au passage de route.

A deux longueurs, plusieurs pouliches terminent pratiquement dans la même foulée, Like a Charm (Charm Spirit) prenant finalement la troisième place avec une courte encolure d’avance sur Ellerslie Lace (Siyouni), la malheureuse Secret Time (Camacho) et Galova (Galiway), toujours là.

Miss Extra a couru quatre fois l’an dernier et a terminé à chaque reprise dans les quatre premiers sans parvenir à s’imposer, sur des distances variant de 1 300 à 1 600 mètres et en finissant bien. Elle a changé d’écurie et de casaque et s’est imposée facilement pour sa rentrée dans un handicap, puis a confirmé en venait une fois de plus de l’arrière sur les 1 600 mètres du prix des Lilas (L), la course de référence.

C’est une fille de Kestria (Keltos), qui avait changé de casaque à réclamer, et qui au haras a produit Lucky Team (Namid), placé de Listed et gagnant de handicap en 44 de valeur en fin d’année dernière.

Après Miss Extra, elle a aussi donné une fille de Montmartre âgée de 2 ans et un fils de Zelzal né en 2019.

Historique

18 mai 1972. Lors d’un voyage officiel en France, la reine Elizabeth II d’Angleterre assiste pendant deux heures aux courses qui ont lieu à Longchamp dont le président Marcel Boussac lui fait les honneurs. A cette occasion, le Prix des Lilas, une course pour pouliches de 3 ans sur 1 600 mètres, est débaptisé et prend le nom de « Coupe de Sa Majesté la Reine Elizabeth ». La victoire est pour Arosa appartenant à Margrit Batthyany à qui la Reine remet une coupe. L’année suivante, la course est reconduite sous l’appellation de Prix de Sandringham – nom du haras personnel de la souveraine – et promue au rang de Groupe 3.

A l’origine le Prix des Lilas était une course (disputée sur 2 000 mètres à Longchamp) préparatoire au Prix de Diane. C’est seulement en 1966 que sa distance fut réduite à 1 600 mètres. Disputé fin mai, le Prix des Lilas put alors servir d’épreuve de consolation aux pouliches ayant participé à la Poule d’Essai. Ce but fut poursuivi par le Prix de Sandringham qui fut transféré à Chantilly en 1977, revint à Longchamp en 1978, pour s’installer définitivement à Chantilly en 1979. En 2001, année de la victoire de la championne Banks Hill, il a été promu Groupe 2.

Sandringham

C’est le haras personnel de la reine Elizabeth II. Situé dans le Norfolk, il fut créé en 1886 par son arrière-grand-père le roi Edouard VII alors qu’il n’était que prince de Galles. Son entraîneur John Porter lui proposa alors comme poulinière une jument âgée de 5 ans, petite gagnante, Perdita II, dont le propriétaire David Falconer demandait 1 000 guinées (une guinée = vingt et un shillings). « Vous pouvez l’acheter si vous pouvez l’avoir pour 900 guinées », répondit le prince. Une vingtaine d’années plus tard, le roi Edouard VII déclarait à Porter : « En m’achetant Perdita II, vous m’avez aussi fait un cadeau d’un quart de million de livres ». En effet, les produits de Perdita II gagnèrent vingt-six courses et 72 913 £. Les trois plus célèbres, Florizel II, Persimmon et Diamond Jubilee (tous trois issus du célèbre St Simon), procurèrent 150 000 £ par la vente de leurs saillies et Diamond Jubilee fut vendu 30 000 £ pour l’Argentine après sa cinquième année de monte.

Persimmon remporta le Derby et le St Leger en 1897 et Diamond Jubilee fit encore mieux puisqu’en plus de ces deux courses, il gagna en 1900 les Deux Mille Guinées, ce qui lui permit de se prévaloir de la « Triple Couronne ». Devenu roi en 1901, Edouard VII remporta une troisième fois le Derby en 1909 avec Minoru qui n’était pas un produit de Sandringham mais lui avait été loué par le colonel Hall-Walker (futur Lord Wavertree), qui l’avait élevé dans son haras irlandais, Tully Stud.

Le roi George V, successeur d’Edouard VII, éleva à Sandringham une gagnante classique, Scuttle (Mille Guinées 1928). Son fils le roi George VI fit de même avec Hypericum (Mille Guinées 1946) mais vit ses couleurs victorieuses dans quatre autres courses classiques avec Big Game (Deux Mille Guinées 1942), Sun Chariot (Mille Guinées, Oaks et St Leger 1942) donnés en location par le « National Stud » situé alors en Irlande. Ce n’était autre que le célèbre Tully Stud dont le précieux cheptel (quarante-trois poulinières de grande qualité) avait été donné à la nation anglaise en 1916 par Lord Wavertree. Après la Seconde Guerre mondiale, la propriété de Tully Stud fut transférée à l’État irlandais (devenant Irish National Stud), tandis que étalons et poulinières s’installaient dans le Dorset à Gillingham Stud ainsi qu’à West Grinstead dans le Sussex, sous la bannière de « National Stud ». L’élevage continua jusqu’en 1963 quand il fut décidé de l’arrêter pour transformer le National Stud en une grande station d’étalons installée sur de nouvelles terres au voisinage de Newmarket.

Ayant accédé au trône en 1952, la reine Elizabeth montra immédiatement son attachement aux courses et sa passion pour l’élevage. Les couleurs royales furent présentes dès 1953 dans le Derby, portées par Aureole, né à Sandringham en 1950. S’il dut se contenter de la deuxième place derrière Pinza, Aureole se distingua à 4 ans en s’adjugeant le Coronation Cup et les King George VI and Queen Elizabeth Stakes. Quatre autres élèves de Sandringham ont porté victorieusement les couleurs royales dans des courses de Groupe 1. Ce furent Almeria (Yorkshire Oaks 1957), Pall Mall (Deux Mille Guinées 1958), Highclere (Mille Guinées et Prix de Diane 1974), Dunfermline (Oaks et St Leger 1977). Deux autres grands vainqueurs, Carrozza et Hopeful Venture, ne furent pas élevés à Sandringham. Ils avaient été donnés en location à la Reine par le National Stud.

Propriétaires

• Mohammed Al Maktoum/Darley (5 victoires) : Golden Opinion (1989), Marble Maiden (1992), Sensation (1996), Maiden Tower (2003), Fintry (2014).
• Khalid Abdullah (4 victoires) : Orford Ness (1997), Banks Hill (2001), Modern Look (2008), Obligate (2019).
• Aga Khan (3 victoires) : Parannda (1982), Kozana (1985), Zarkiya (2000).
• Robert Sangster (3 victoires) : River Dane (1977), Only Star (1986).
• Richard-C. Strauss (3 victoires) : Once in my Life (1991), Immortal Verse (2011).
• Wertheimer & Frère (3 victoires) : Spring Star (2002), Impressionnante (2006), Impassable (2015).
• Dario Hinojosa (2 victoires) : Pharatta (1998), Ronda (1999).
• Hamdan Al Maktoum (2 victoires) : Baqah (2004), Joanna (2010).
   

Entraîneurs

• André Fabre (9 victoires) : Fitzwilliam Place (1987), Action Française (1988), Golden Opinion (1989), Marble Maiden (1992), Ski Paradise (1993), Lunafairy (1994), Smolensk (1995), Banks Hill (2001), Fintry (2014).
• Carlos Laffon-Parias (5 victoires) : Pharatta (1998), Ronda (1999), Spring Star (2002), Impressionnante (2006), Impassable (2015).
• François Mathet (3 victoires) : Ancyre (1967), India Song (1980), Parranda (1982).
• Jean-Claude Rouget (3 victoires) : Homebound (2009), Joanna (2010), Peace Burg (2013), Mission Impassible (2018).
   

Jockeys

• Freddy Head (3 victoires) : Opalia (1971), India Song (1980), Alik (1981)
• Cash Asmussen (3 victoires) : Action Française (1988), Golden Opinion (1989), Once In My Life (1991)
• Thierry Jarnet (3 victoires) : Ski Paradise (1993), Lunafairy (1994), Smolensk (1995)
• Olivier Peslier (3 victoires) : Banks Hill (2001), Impressionnante (2006), Immortal Verse (2011)
• Christophe Soumillon (3 victoires) : Spring Star (2002), Joanna (2010), Peace Burg (2013).
• Maxime Guyon (3 victoires) : Fintry (2014), Impassable (2015), Miss Extra (2020).