Historique du Saint-Alary : le Prix de Diane de Paris

24 mai 2022

Incarville et Christophe Soumillon (casaque blanche, toque violette) remportent l'édition 2021 du Coolmore Prix Saint-Alary (Gr1) sur l'hippodrome ParisLongchamp, à Paris.

Photo scoopdyga.com

Le Prix Saint-Alary est une version parisienne du Prix de Diane cantilien disputée le même week-end que la Poule d’Essai des Pouliches, mais sur la distance de 2 000 mètres, et non sur 1 600 mètres. Dès lors, cette épreuve de Groupe 1 réunit presque toutes les conditions d’un test grandeur nature avant Chantilly pour beaucoup de prétendantes, mais il témoigne d’une certaine précocité de ses participantes. Plutôt qu’un piédestal vers le sommet qu’est le Prix de Diane, il s’agit en fait d’une sorte de play off de début de saison, raison pour laquelle peu de lauréates du Prix Saint-Alary figurent au palmarès, plus d'un mois plus tard, du Diane. En revanche, c’est une pépinière de grandes juments d’élevage, car une victoire au meilleur niveau si tôt dans l’année témoigne d’une aptitude naturelle très prononcée, signe d’une génétique bien structurée.

Mai, ParisLongchamp

 

ST MARK'S BASILICA COOLMORE PRIX SAINT-ALARY

 

Groupe 1, Pouliches de 3 ans, 2 000 m, 250 000 €

Créé en 1960

Tenante du titre : INCARVILLE FRA, f3 par Wootton Bassett et Ilhabela, par Azamour, appartenant à Gérard Augustin-Normand, élevée par Naji Nahas, entraînée par David Smaga et montée par Christophe Soumillon.

Temps record : 2'00''87, en 2015 par Queen’s Jewel.

La course sera disputée pour la 62ème fois en 2022.

L'édition 2021

Lundi 24 mai 2021, Hippodrome ParisLongchamp (Paris). - Battue par Philomène pour sa rentrée dans le Prix Pénélope (Gr3) sur 2 100 mètres, puis devancée par Harajuku (Deep Impact) dans le Prix Cléopâtre (Gr3), toujours sur 2 100 mètres, Incarville (Wootton Bassett) a gagné sa première course cette saison sur les 2 000 mètres du Saxon Warrior Coolmore Prix Saint-Alary (Gr1) en allant in extremis prendre une tête à Cirona (Maxios).

La course s’est déroulée sur un terrain très souple, et à une allure raisonnable puisque 10’’ moins vite que le record de l’épreuve, et sur une réduction kilométrique comparable à celle du Prix Hocquart, disputé sur 2 200 mètres quelques minutes plus tôt.

D’ailleurs, l’animatrice de la course, Cirona (Maxios), gagnante précédemment du Prix de la Grotte (Gr3) sur 1 600 mètres), a longtemps fait figure de lauréate, accompagnée par Es La Vida (Soldier Hollow) en tête du peloton. Mais Incarville a réussi à se dépasser pour gagner alors que d’autres suiveuses, comme Sibila Spain (Frankel), quatrième, et Rumi (Frankel), sixième, n’ont pas eu le temps revenir sur des animatrices, montées plus finement.

C’est donc une performance de choix qu’a réussi la pensionnaire de David Smaga, montée par Christophe Soumillon, et gagnante d’une tête aux dépens de Cirona, elle-même une tête devant Es La Vida.

Élevée par Naji Nahas, Incarville appartient à Gérard Augustin-Normand. Elle descend d’une famille Lagardère. Sa mère Ilhabela (Azamour), est gagnante de deux courses, et sœur du gagnant de Poule d’Essai Vahorimix (Linamix).

Incarville est engagée dans le Prix de Diane Longines (Gr1) et dans le Qatar Prix de l’Arc de Triomphe (Gr1).

Historique

Évremond de Saint-Alary (1868-1941)

Cette course a été créée en 1960 ; elle doit son nom à Evremond de Saint-Alary (1868-1941). Il fut un des plus grands éleveurs français. C'est à vingt-trois ans, le 24 avril 1891 à Maisons-Laffitte, qu'il connaît sa première victoire avec Boabdil, un cheval acheté à réclamer. En 1893, il acquiert aux ventes de yearlings à Deauville Omnium II qui lui procure dix-sept victoires dont le Prix du Jockey Club, le Prix Gladiateur et deux fois le Prix du Conseil Municipal. Dans le haras de Saint-Pair-du-Mont (Calvados) qu'il vient d'acquérir après le décès de son fondateur Léonce Delâtre, Evremond de Saint-Alary installe Omnium II. Mais le crack meurt seulement après deux années de monte tout en ayant le temps de procréer deux juments célèbres, Kizil Kourgan (Prix de Diane, Grand Prix de Paris 1902) et Basse Terre, la mère de Basse Pointe (Prix du Conseil Municipal 1911) et de Brûleur (Grand Prix de Paris 1913).

Tous ces chevaux portèrent les couleurs (casaque rayée jaune et marron, toque idem) d'Evremond de Saint-Alary, tout comme Comrade (acheté par lui en Angleterre) lauréat en 1920 du Grand Prix de Paris et de la première édition du Prix de l'Arc de Triomphe. D'autres élèves d'Evremond de Saint-Alary vont s'illustrer entre les deux guerres mondiales : Ksar (Prix du Jockey Club et Arc de Triomphe, deux fois, 1921,1922), Kantar (Arc de Triomphe 1928) et Le Ksar (Deux Mille Guinées 1937), tous les trois vendus par lui. Mais conservés et courant sous ses couleurs se distinguent aussi Kandy (Mille Guinées 1932), Samos (Arc de Triomphe 1935) et Porphyros (Prix du Conseil Municipal 1940).

Evremond de Saint-Alary fut aussi un membre influent de la Société d'Encouragement, ancêtre de France Galop en qualité de société-mère des courses de plat. Élu au comité en 1920, M. de Saint-Alary fut commissaire de 1931 à 1938.

Avant sa mort, Evremond de Saint-Alary avait légué le haras de Saint-Pair-du-Mont à Mlle Frémont-Tousch. Au décès de celle-ci, le haras fut acquis par Mme Jean Stern. Une partie de l'élevage de son époux y stationnait déjà.

Participation étrangère
Trois fois, une visiteuse a gagné la course : Indian Skimmer (1987), entraînée en Angleterre par Henry Cecil, Sobetsu (2017, présentée par Charlie Appleby, et Laurens (2018), également venue d'Angleterre, où l'entraînait Karl Burke.

Partenariat
Depuis 2006, le grand haras irlandais Coolmore est le partenaire attitré du Prix Saint Alary, auquel il ajoute le nom d'un de ses meilleurs étalons entraînés en France. Ce fut d'abord Montjeu, puis son fils gagnant du Derby d'Epsom Pour Moi, puis le lauréat de la Poule d'Essai des Poulains 2016, The Gurkha, Saxon Warrior et à présent St Mark's Basilica, auteur d'un mémorable doublé Poule d'Essai-Jockey Club en 2021. Au sujet de ce partenariat, Hermine Bastide, représentante de Coolmore en France a tenu à expliquer : "Étant donné que St Mark’s Basilica a remporté deux Classiques en France l’année dernière et qu’il est par le meilleur étalon du pays, Siyouni, nous avons pensé qu'il était le candidat idéal pour le Prix Saint-Alary que Coolmore sponsorise depuis 2006. La gagnante du Prix Saint-Alary en 2009 Stacelita et la mère de la gagnante en 2018 Laurens font toutes les deux parties du premier book des juments exceptionnelles qui rencontreront St Mark’s Basilica cette année et j'espère que la lauréate du Coolmore Prix Saint-Alary 2022 pourra elle aussi lui rendre visite dans le futur."

Prix Saint-Alary et Prix de Diane Longines

Du fait d'un espacement de trois semaines dans le calendrier –ce qui n’est plus le cas- et de leur distance voisine, le Prix Saint-Alary (2 000 mètres) a longtemps constitué une épreuve préparatoire sérieuse pour le Prix de Diane Longines (2 100 mètres). Le doublé Prix Saint-Alary-Prix de Diane Longines a ainsi été réalisé par douze pouliches : La Sega (1962), Belle Sicambre (1964), Pistol Packer (1971), Madelia (1977), Reine de Saba (1978), Harbour (1982), Lacovia (1986), Indian Skimmer (1987), Zainta (1998), Stacelita (2009), Sarafina (2010) et Laurens (2018).

Dix-huit gagnantes du Prix Saint-Alary se sont placées deuxième ou troisième dans le Prix de Diane, la plus récente étant Silasol (2013, 3ème). Inversement, sept pouliches placées deuxième ou troisième dans le Prix Saint-Alary ont pris leur revanche en gagnant ensuite le Prix de Diane, ce qui fut le cas le plus récemment de Bright Sky (2002, 2ème).

 

Propriétaires

  • Aga Khan (8 victoires) : Cervinia (1963), Behera (1989), Zainta (1998), Vadawina (2005), Sarafina (2010), Sagawara (2012), Vazira (2014), Siyarafina (2019).
  • Famille Wertheimer (5 victoires) : Reine de Saba (1978), Rivière d’Or (1988), Fidélité (2003), Silasol (2013), Queen’s Jewel (2015). 
  • Mohammed Al Maktoum/Darley/Godolphin (5 victoires) : Indian Skimmer (1987), Rosefinch (1992), Intrepidity (1993), Wavering (2011), Sobetsu (2017).
  • François Dupré (3 victoires) : Solitude (1961), La Sega (1962) et Tonnera (1966).
  • Mme Alec Head (3 victoires) : Pistol Packer (1971), Riverqueen (1976) et Three Troikas (1979).
  • Daniel Wildenstein (3 victoires) : Madelia (1977), Moonlight Dance (1994) et Muncie (1995).


Entraîneurs

  • André Fabre (8 victoires) : Grise Mine (1984), Rosefinch (1992), Intrepidity (1993), Moonlight Dance (1994), Muncie (1995), Luna Wells (1996), Vadawina (2005) et Wavering (2011).
  • Alain de Royer-Dupré (7 victoires) : Behera (1989), Zainta (1998), Belle et Célèbre (2008), Sarafina (2010), Sagawara (2012), Vazira (2014) et Siyarafina (2019) ;
  • Christiane Head (6 victoires) : Three Troikas (1979), Harbour (1982), Fitnah (1985), Rivière d'Or (1988), Treble (1991) et Fidélité (2003) ;
  • Jean-Claude Rouget (6 victoires) : Ask for the Moon (2004), Germance (2006), Coquerelle (2007), Stacelita (2009), Jemayel (2016), Tawkeel (2020).


Jockeys

  • Freddy Head (9 victoires) : Tidra (1967), Pistol Packer (1971), Riverqueen (1976), Reine de Saba (1978), Three Troikas (1979), Harbour (1982), Fitnah (1985), Lacovia (1986) et Treble (1991).
  • Yves Saint-Martin (6 victoires) : Solitude (1961), La Sega (1962), Tonnera (1966), Saraca (1969), Madelia (1977) et Grise Mine (1984).
  • Thierry Jarnet (4 victoires) : Intrepidity (1993), Moonlight Dance (1994), Luna Wells (1996), Marotta (2002).
  • Olivier Peslier (4 victoires) : Muncie (1995), Brilliance (1997), Fidélité (2003), Silasol (2013).
  • Christophe-Patrice Lemaire (4 victoires) : Coquerelle (2007), Belle et Célèbre (2008), Stacelita (2009), Sagawara (2012).
  • Christophe Soumillon (4 victoires) : Vadawina (2005), Vazira (2014), Siyarafina (2019), Incarville (2021)
  • Alain Badel (3 victoires) : Smuggly (1983), Air de Rien (1990), Rêve d'Oscar (2000).