Historique du Prix Pénélope : Diane au matin

31 mars 2022

Philomène remporte l'édition 2021 du Prix Pénélope (Gr3) à Saint-Cloud.

Photo scoopdyga.com

Avril, Saint-Cloud

Prix Pénélope

 

Groupe 3, Pouliches de 3 ans, 2 100 mètres, 80 000 €

Créé en 1905

 

Tenant du titre : Agave, f3 GB par Dubawi et Contribution (Champs Elysees), appartenant à Succession Khalid Abdullah, élevée par Juddmonte, entraînée par André Fabre, montée par Olivier Peslier.

Temps-record : 2'13''08 par Luminate en 2018.

La course se déroule sous cette forme pour la 113ème fois en 2023

 

L'édition 2022

Samedi 2 avril 2022, Hippodrome de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine). - C’est avec une belle assurance que la grande favorite Agave (Dubawi), désormais invaincue en trois sorties, s’est imposée de ¾ de longueur à l’arrivée de ce Prix Pénélope (Gr3), première marche de la saison vers le Prix de Diane Longines (Gr1), dans deux mois et demi. Élevée en Grande-Bretagne par son propriétaire, feu Khalid Abdullah, la pensionnaire d’André Fabre est la neuvième de cette écurie à figurer au palmarès de la course, un an après sa compagne de box Philomène, plus tard deuxième du classique cantilien des pouliches.

Ici, associée Olivier Peslier, Agave a galopé en avant-dernière position dans ce peloton de sept concurrentes puis attaqué en pleine piste à l’entrée de la ligne droite, négociée en tête par l’animatrice Welcome Sight (Aclaim). Elle a donné le sentiment de dominer la course mais autour d’elle, le combat faisait rage et c’est finalement Queen Trezy (Almanzor), plus patiente au moment de l’accélération, qui est revenue arracher la deuxième place, une tête devant une Anne de Clèves (Wootton Bassett) très volontaire au début de la ligne droite et courageuse jusqu’au bout. She’s Cosmic (Sea The Stars) et Allada (Sea the Moon) ont en revanche marqué le pas en toute fin de parcours après avoir montré des ambitions de bonne heure. Elles finissent respectivement quatrième et cinquième à plus d’une longueur du podium.

Gagnante l’an dernier en septembre pour ses débuts à Longchamp sur 1 600 mètres, Agave s’était à nouveau imposée pour sa rentrée de trois longueurs dans le Prix Rose de Mai (L) sur 2 000 mètres, là où Anne de Clèves, gagnante de deux handicaps cet hiver, avait terminé troisième à un peu plus de trois longueurs.

Agave est le deuxième produit de Contribution (Champs Elysees), qui débuta sa carrière sur 2 400 mètres et plus à 3 ans, mais fleurit à 4 ans, lorsqu’elle a pris, entre autres, la troisième place du Shadwell Prix de Pomone (Gr2). Son premier produit, Destinado (Lope de Vega), aujourd’hui âgé de 4 ans, n’a pas beaucoup réussi et a terminé dans les derniers de ses quatre apparitions outre-Manche depuis qu’il a été vendu 30 000 £ à Tattersalls en juillet 2021.

Or Contribution est une sœur de… la championne Enable ! Selon le catalogue de Tattersalls, elle a une pouliche née en 2020 par Golden Horn et un mâle par Study of Man né en 2021.

 

Historique

Cette course fut créée en 1905. Réservée aux pouliches de 3 ans, et disputée initialement début avril, elle constitue ainsi la première étape en vue du Prix de Diane programmé deux mois plus tard. Sa distance, 2 100 mètres, est la même depuis 1950. Elle a été reculée dans le calendrier ces dernières années et se déroule plutôt vers la fin du mois d'avril, voire le 1er mai lors du Prix du Muguet, comme en 2019.

Programmé à l’origine à Maisons-Laffitte, le Prix Pénélope fut transféré à partir de 1927 à Saint-Cloud où il avait été couru exceptionnellement en 1921. Du fait des deux guerres mondiales, il ne fut pas couru de 1915 à 1919, puis transféré à Longchamp de 1940 à 1942 et à Maisons-Laffitte de 1943 à 1945. Il n'a pas été couru en 2020 en raison de la pandémie de Covid-19.

Les lauréates du Prix Pénélope ont joué un rôle important dans le Prix de Diane. Ainsi, à Chantilly, on relève à la 1ère place : Flowershop (1920), Féerie (1938), Pirette (1946), Dushka (1958), Timandra (1960), Hermières (1961), Roselière (1968), Rescousse (1972) et Pawneese (1976).

A la 2ème place : Saïs (1906), Zariba (1922), Isola Bella (1924), Sylvanire (1937), Longthanh (1941), Esmeralda (1942), Raïta (1945), Saraca (1969), Smuggly (1983), Abbatiale (1998), Volvoreta (2000), Germance (2006), Mrs Lindsay (2007), Gagnoa (2008), Sistercharlie (2017) et Philomène (2021).

A la 3ème place : Fiasque (1923), Tanaïs (1928), Rarity (1934), Clairvoyante (1935), Royalebuchy (1936), Pampa Bella (1984), Air de Rien (1990) et Brilliance (1997).

A Epsom, les gagnantes du Prix Pénélope ont aussi fait excellente figure, remportant quatre victoires avec Brulette (1931), Sun Cap (1954), Monade (1962) et Pawneese (1976).

En Irlande, au Curragh, les Irish Oaks sont revenus en 1993 à Wemyss Bight qui avait auparavant enlevé le Prix Pénélope.

Enfin, dans le Prix Vermeille, les lauréates du Prix Pénélope comptent onze victoires grâce à Isola Bella (1924), Longthanh (1941), Folle Nuit (1943), Pirette (1946), Janiari (1956), Monade (1962), Roselière (1968), Saraca (1969), All Along (1982), Volvoreta (2000) et Mrs Lindsay (2007).

 

Penelope

Ce n’est pas le souvenir de la femme d’Ulysse que cette course tient à évoquer. Elle a pour but de célébrer la mémoire à la fois d’une pouliche française et d’une des plus grandes poulinières anglaises dont une partie de la descendance s’illustra en France.

Française, la Pénélope (1820, par Don Cossack et Helen) qui se distingua en gagnant le 5 septembre 1824 le Prix Royal, principale épreuve disputée au Champ-de-Mars sous la Restauration. Elle portait les couleurs du duc de Guiche, chargé de la direction du haras royal de Meudon ; sa descendance fut insignifiante.

Dans le 3ème volume des tables généalogiques dites de Bobinski (Family tables of racehorses), sont répertoriées cinq Penelope (sans accent, à l’anglaise), plus trois Penelope II. Si toutes ont parmi leurs descendants au moins un bon cheval, l’une les surclasse, Penelope née en 1798 chez le duc de Grafton, fille de Trumpator et Prunella (gravure ci-contre). Considérée comme la poulinière la plus représentative de son époque – « the most epoch-making mare in the Stud Book » – elle gagna dix-huit courses et produisit trois vainqueurs classiques Whalebone (1807, Derby et étalon influent), Whisker (1812, Derby) et Whizgig (1819, Mille Guinées). Parmi les produits de celle-ci, figure Oxygen (1828, Oaks) dont une fille Currency (1837 par St Patrick) fut importée en France en 1844 par Auguste Lupin. Cette acquisition fut bénéfique pour le grand éleveur français, Currency lui ayant donné deux vainqueurs classiques, Saint Germain (1847, par Attila) lauréat du Jockey Club, et Jouvence (1850, par Sting), réalisatrice du doublé Diane-Jockey Club. En plus de cette rare performance, Jouvence accomplit l’exploit d’aller gagner quelques jours plus tard le Goodwood Cup devenant ainsi le premier cheval français à remporter une course prestigieuse outre-Manche. Exploit qui eut un fort retentissement au sein du turf français et qui a incité, au début du XXe siècle, la Société Sportive d’Encouragement, gestionnaire de l’hippodrome de Maisons-Laffitte, à attribuer à une course réservée aux pouliches le nom de Pénélope (avec accent de ce côté de la Manche) à la glorieuse ancêtre de Jouvence.

D’autant plus que l’élevage français est aussi redevable à cette Penelope, par le biais de Cavatina (1845), une sœur utérine de Currency, de quelques autres très bons chevaux comme Sauterelle (1883, Prix du Cadran), Sibérie (1885, Prix du Cadran), Listman (1911, Poule d’Essai), ainsi que d’une célébrité en obstacle, Lutteur III (1904) héros du Grand National à Liverpool en 1909.
 

Propriétaires

  • Marcel Boussac (10 victoires) : Samic (1921), Zariba (1922), Diadème (1930), Canzoni (1939), Esmeralda (1942), Corseira (1950), Arbèle (1952), Adarca (1953), Janiari (1956), Demia (1977).
  • Edmond Blanc (3 victoires) : Muskerry (1905), Saïs (1906), Roselys (1914).
  • Guy de Rothschild (3 victoires) : Favreale (1959, dead-heat), Timandra (1960), Hermières (1961).
  • Daniel Wildenstein (3 victoires) : Pawneese (1976), All Along (1982), Muncie (1995).


Entraîneurs

  • André Fabre (9 victoires) : Trampoli (1992), Wemyss Bight (1993), Diamond Dance (1994), Muncie (1995), Tulipa (1996), Gagnoa (2008), Waldlerche (2012), Philomène (2021), Agave (2022).
  • Geoffroy Watson (7 victoires) : Favreale (1959, dead-heat), Timandra (1960), Hermières (1961), Hether (1970), Cigaline (1971), Rescousse (1972), Brave Ketty (1973)
  • Jean-Claude Rouget (4 victoires) : Ask for the Moon (2004), Germance (2006), Don’t Hurry Me (2011) et Cartiem (2019).


Jockeys

  • George Stern (5 victoires) : Muskerry (1905), Saïs (1906), Roselys (1914), Samic (1921), Zariba (1922).
  • William Johnstone (5 victoires) : La Futaie (1940), Sylphide (1947), Corseira (1950), Arbèle (1952), Sun Cap (1954).
  • Thierry Jarnet (5 victoires) : Madame est Sortie (1988), Wemyss Bight (1993), Diamond Dance (1994), Tulipa (1996), La Sylphide (1999).
  • Charles Semblat (4 victoirds) : Carmélite (1927), Brulette (1931), Bipearl (1933), Rarity (1934).
  • Maxime Guyon (4 victoires) : Waldlerche (2012), Queen's Jewel (2015), Camprock (2016), Sistercharlie (2017).
  • Olivier Peslier (4 victoires) : Muncie (1995), Ferevia (2013), Luminate (2018), Agave (2022).
  • Arthur Esling (3 victoires) : Isola Bella (1924), Gandourah (1925), Tanaïs (1928).
  • André Rabbe (3 victoires) : Incessu Patuit (1932), Folle Nuit (1943), Chambrière (1944).
  • Alain Badel (3 victoires) : Smuggly (1983), Pampa Bella (1984), Air de Rien (1990).
  • Thierry Thulliez (3 victoires) : Volvoreta (2000), Humouresque (2003), Perfect Hedge (2005).
  • Stéphane Pasquier (3 victoires) : Ombre Légère (2002), Mrs Lindsay (2007), Gagnoa (2008).
  • Ioritz Mendizabal (3 victoires) : Ask for the Moon (2004), Germance (2006), Don’t Hurry Me (2011).