Historique du Prix Hocquart Longines : un tremplin en mutation

10 juin 2019

Historique du Prix Hocquart Longines : un tremplin en mutation

Photo sccopdyga.com

Juin, Chantilly

Prix Hocquart Longines

 

Groupe 2, 3 ans, 2 400m, 130 000 €

Créé en 1861

Tenant du titre : Al Hilalee, m3 GB par Dubawi et Ambivalent (Authorized), appartenant à Godolphin, élevé par Rabbah Bloodstock, entraîné par Charlie Appleby et monté par Mickaël Barzalona.

Temps Record : 2’28’’3 par Sadjiyd en 1987 (ParisLongchamp).

La course se déroule en 2020 pour la 153ème fois

La vidéo de l'édition 2018

Histoire

Cette course, créée en 1861 sous le nom de Prix de Longchamp, devint Prix Hocquart en 1885 pour commémorer le souvenir d’un des principaux dirigeants des courses au galop.

Le Prix Hocquart fit donc longtemps partie des cinq « poules des produits » instituées par la Société d’Encouragement comme épreuves préparatoires au Prix du Jockey Club, le Derby français : successivement en 1841 (Poule des Produits, devenu Prix Daru en 1877), en 1855 (Prix de l’Empereur, devenu Prix Lupin en 1896), en 1861 (Prix de Longchamp, devenu Prix Hocquart en 1885), en 1878 (Prix du Nabob, devenu Prix Noailles en 1896), en 1882 (Prix Greffulhe).

Hormis le Prix Lupin, sans conditions restrictives, les quatre autres prévoyaient chacune des conditions de qualification spécifiques en fonction de la nationalité du père ou de la mère du produit. Par exemple, le Prix Hocquart avait pour conditions : « pour produits issus de juments saillies par des étalons nés et élevés en France ».

Ces cinq « poules de produits » avaient été ajoutées pour renforcer la sélection des chevaux de 3 ans qui ne disposaient auparavant que d’une course importante sur le chemin de l’épreuve classique par excellence, le Prix du Jockey Club. C’était la « Poule d’Essai » –disputée alors sur 1 500 mètres (1 600 mètres à partir de 1867) à l’instar des « Guinées » en Angleterre– créée en 1840 et mixte jusqu’à la division en 1883 en deux épreuves, l’une pour les poulains, l’autre pour les pouliches.

Ces cinq « poules des produits » se couraient sur des distances entre 2 000 et 2 500 mètres, proches des 2 400 mètres du Jockey Club. Pour ces cinq courses, les engagements avaient lieu avant la naissance des produits, l’année même de leur conception, d’où l’expression « engagements dans le ventre de la mère ». Le but était de réunir un très grand nombre d’engagements payants dont la masse permettait de financer les courses en question. Cette pratique des engagements avant la naissance cessa seulement lors des « poules des produits » courues en 1968.

A l’origine, la distance du Prix Hoquart était de 2 500 m. Elle fut réduite en 1902 à 2 400 mètres, la distance du Prix du Jockey Club, qui devint traditionnelle, sauf quelques exceptions. En 2005, du fait de la réorganisation du programme classique pour les 3 ans, la distance est réduite à 2 200 mètres. La course s'e'st dréoulée à ParisLongchamp ssur cette distance en mai jusqu'en 2016, lorsqu'elle a été transférée sur 2 000 mètres à Deauville avant un nouveau lifting : en 2017, elle s'est disputée sur 2 400 mètres en juin à Chantilly pour servir de tremplin au Juddmonte Grand Prix de Paris (Gr1), quatre semaine splus tard à ParisLongchamp.

La famille Hocquart

C’est le comte Louis Hocquart de Turtot (1823-1884) que la Société d’Encouragement avait voulu honorer en attribuant son nom en 1885 au Prix de Longchamp. Après une carrière dans l’armée (capitaine d’artillerie), il avait été élu membre adjoint du comité de la Société en 1861 puis membre fondateur en 1876. Dès 1872 il avait été nommé commissaire, fonction qu’il avait occupée jusqu’à sa mort en 1884. Simultanément, il avait été, depuis sa création en 1864, l’un des quatre commissaires fondateurs de la Société des courses de Deauville (alors indépendante) dont il assura aussi la présidence. C’est pourquoi, son nom a été attribué à l’une des avenues proches de l’hippodrome de Deauville.

Mais deux autres membres de sa famille, son père Edouard, et son neveu Antoine, sont aussi associés à l’histoire de la Société d’Encouragement.

Le comte Edouard Hocquart (1792-1852), chambellan des rois Louis XVIII et Charles X, et exploitant d’un élevage important à Valmont en Seine Inférieure, fut nommé membre fondateur du comité dès 1836, à la place de Lord Henry Seymour, démissionnaire.

Le comte Antoine Hocquart de Turtot (1872-1954), ancien officier de cavalerie, beau-frère de James Hennessy, fut élu membre du comité de la Société d’Encouragement en 1921. Nommé commissaire le même jour, il devint « premier commissaire » en 1928, fonction qu’il assuma pendant vingt ans, conjointement avec celle de président de la Fédération nationale des sociétés de courses. Dans l’histoire de la Société d’Encouragement un seul membre a assumé les responsabilités de premier commissaire plus longtemps que lui, le baron de La Rochette de 1849 à 1889. Le 30 novembre 1948, le comte Antoine Hocquart de Turtot succéda au marquis de Ganay à la présidence de la Société d’Encouragement qu’il exerça pendant deux ans et à laquelle il renonça le 1er décembre 1950 pour raison de santé. Demeuré membre du comité, il décéda le 15 janvier 1954 dans sa quatre-vingt-troisième année.

Les principales innovations et réalisations pour lesquelles l’action du comte Hocquart de Turtot fut déterminante sont : l’installation du totalisateur électrique à Longchamp en 1928 (initiative d’abord décriée puis appréciée comme source d’économie de main d’œuvre) ; instauration de handicaps pour 2 ans en 1930 ; institution en 1931 de prix à réclamer pour 2 ans avant l’ouverture normale en été des courses pour 2 ans ; création du PMU en 1931, considérée par beaucoup à l’époque comme une utopie ; courses parrainées en 1933 ; les « Nuits de Longchamp » de 1934 à 1939 ; le sweepstake de la Loterie Nationale en 1935.

A ces mesures prises pour réduire l’impact de la crise économique, succéda la délicate gestion des courses au galop au cours de la Seconde Guerre mondiale. Maintien de l’activité des principaux hippodromes parisiens, transport des chevaux et fourniture de leur nourriture dans les centres d’entraînement, frein aux déportations de reproducteurs, furent les principales tâches dont s’acquitta, non sans mal mais avec succès, le comte Hocquart de Turtot durant l’Occupation. Enfin, comme premier commissaire, il exposa les motifs d’une mesure historique prise par le comité de la Société d’Encouragement le 25 octobre 1946, l’ouverture de toutes les courses françaises aux chevaux étrangers « à la suite des victoires retentissantes et répétées des chevaux français en Angleterre ».

Prix Hocquart et Prix du Jockey Club

Le vainqueur du Prix Hocquart est parvenu à gagner le Prix du Jockey Club vingt-sept fois. Les réalisateurs de ce doublé furent : Patricien (1867), Bigarreau (1870), Upas (dead-heat 1886), Ragotsky (1893), Perth (1899), Ex Voto (1903), Maintenon (1906), Sardanapale (1914), Ksar (1921), Belfonds (1925), Hotweed (1929), Tourbillon (1931), Mieuxcé (1936), Clairvoyant (1937), Le Pacha (1941), Verso II (1943), Ardan (1944), Sicambre (1951), Auriban (1952), Rapace (1955), Herbager (1959), Val de Loir (1962), Reliance (1965), Val de l’Orne (1975), Darshaan (1984), Mouktar (1985) et Bering (1986).

Les lauréats du Prix Hocquart ont aussi occupé quatorze fois les places d’honneur dans le Prix du Jockey Club : neuf fois la 2ème place avec Saint Cyr (1875), Farfadet (1883), Saint Gall (1888), Beaugency (1969), Frère Basile (1978), Le Marmot (1979), Dancehall (1989), Lord Flashheart (2000) et Hurricane Run (2005) ; et cinq fois la 3ème place avec Pandour (1869), Stathouder (1878), Roitelet (1895), Hern the Hunter (1942) et Coroner (2003).

Les pouliches et le Prix Hocquart

Jusqu’à la Première Guerre mondiale il n’était pas rare de voir des pouliches s’aligner dans le Prix Hocquart. Huit d’entre elles furent victorieuses : Villafranca (1863), Victorieuse (1866), Filoselle (1876), Versigny (1880), Serpolette II (1881), Orange Blossom (1904), Brienne (1905) et My Star (1910). Trois d’entre elles, Victorieuse, Versigny et Serpolette II parvinrent à remporter le Prix de Diane Longines.

Bien que la course leur soit toujours ouverte, les pouliches brillent par leur absence, la dernière d’entre elles ayant pris une place d’honneur étant Crudité, troisième en 1935 puis lauréate du Grand Prix de Paris trois semaines plus tard.

Propriétaires

  • Henri Delamarre (7 victoires) : Matamore (1965), Victorieuse (1866), Patricien (1867), Faublas (1872), Filoselle (1876), Vésuve (1877) et Vin Sec (1891).
  • La famille Rothschild compte 12 victoires au total sur trois générations : Argel (1957), Free Ride (1964), Frontal (1967), Poil de Chameau (1974) et Jeu de Paille (1983) sous les couleurs de Guy de Rothschild et de son épouse, Flamant (1927), Veloucrème (1930), Royal Gift (1938) et Iriflé (1939) sous les couleurs d'Édouard, My Star (1910), Faucheur (1911) et Sardanapale (1914) sous celles de Maurice.

Viennent ensuite : 

  • Marcel Boussac (5 victoires) : Tourbillon (1931), Ardan (1944), Timor (1947), Auriban (1952) et Floriados (1956). 
  • Karim Aga Khan (5 victoires) : Darshaan (1984), Mouktar (1985), Sadjiyd (1987), Rifapour (1995) et Khalkevi (2002). 
  • Frédéric de Lagrange (4 victoires) : Allez y Rondement (1862), Villafranca (1863), Le Bosphore (1868) et Farfadet (1883). 
  • Famille Wertheimer (5 victoires) : Beaugency (1969), Bourbon (1971) et Hakkodate ex-Talleyrand (1972) pour Pierre, Val de l’Orne (1975) et Mot d’Or (1980) pour Jacques. 

Entraîneurs

  • André Fabre (8 victoires) : Jeu de Paille (1983), Nasr El Arab ( 1988), Dancehall (1989), Vadlawys (1994), Hurricane Run (2005), Démocrate (2008), Tableaux (2013) et Ampère (2015).

Viennent ensuite :

  • Thomas-Richard Carter (6 victoires) : Matamore (1865), Victorieuse (1866), Patricien (1867), Faublas (1872), Filoselle (1876) et Vésuve (1877). 
  • Alain de Royer Dupré (6 victoires) : Darshaan (1984), Mouktar (1985), Sadjiyd (1987), Rifapour (1995), Lord Flasheart (2000) et Khalkevi (2002). 
  • Jean-Claude Rouget (6 victoires) : Shaka (1997), Maille Pistol (2001), Coroner (2003), Lord du Sud (2004), Numide (2006) et Mekhtaal (2016). 
  • Alec Head (5 victoires) : Beaugency (1969), Bourbon (1971), Hakkodate ex-Talleyrand (1972), Val de l’Orne (1975) et Mot d’Or (1980).
  • Tom Jennings (4 victoires) : Allez y Rondement (1862), Villafranca (1863), Le Bosphore (1868) et Farfadet (1883). 
  • Geoffroy Watson (4 victoires) : Argel (1957), Free Ride (1964), Frontal (1967) et Poil de Chameau (1974). 
  • Pascal Bary (4 victoires) : Arbatax (1996), Sayarshan (1998), Falcon Flight (1999) et Ice Breeze (2017). 

Jockeys

  • Yves Saint-Martin (5 victoires) : Reliance (1965), Margouillat (1973), Darshaan (1984), Mouktar (1985), Sadjiyd (1987) ;
  • Freddy Head (5 victoires) : Bourbon (1971), Hakkodate ex-Talleyrand (1972), Val de l’Orne (1975), Montcontour (1977), Mot d’Or (1980).

Viennent ensuite : 

  • George Stern (4 victoires) : Maximum (1902), Mehari (1909), Ksar (1921) et Joyeux Drille (1922). 
  • Roger Poincelet (4 victoires) : L’Amiral (1950), Fort de France (1953), San Roman (1958) et Le Mesnil (1963).