Historique du Prix Ganay : Le premier sommet de ParisLongchamp

28 avril 2024

Ganay 24 Haya Zark

Photo scoopdyga.com

Premier Groupe 1 de la saison européenne, le Prix Ganay est traditionnellement le théâtre des premiers pas européens des champions de la saison précédente qui reprennent la route du Qatar Prix de l'Arc de Triomphe, parfois de ceux aussi qui se sont révélés plus récemment, soit dans les Groupes précédents, soit à l'étranger dans les meetings qui se sont développés sur la scène internationale.

Avril-mai, ParisLongchamp

Prix Ganay

 

Groupe 1, 4ans et au-dessus, 2 100 mètres, 300 000 €

Créé en 1889, a pris le nom de Prix Ganay en 1949

Tenant du titre : Haya Zark (m5, FRA par Zarak et Haya City, par Elusive City), appartenant à Odette Fau, élevé par Odette Fau, entraîné par Adrien Fouassier, monté par Alexis Pouchin.

Temps record : 2’7’’2 par Planteur (2011, Longchamp). 2'6''38 par Sottsass (2020, Chantilly).

La course se déroule en 2025 pour la 133ème fois

L'édition 2024

 

Dimanche 28 avril 2024, Hippodrome ParisLongchamp (Paris). – Cette édition du Prix Ganay (Gr1) et ses neuf concurrents promettaient un beau combat et les amateurs de bagarres à ParisLongchamp en ont eu pour leur argent : les cinq premiers de la course ont terminé dans moins d’une longueur, un fantastique Haya Zark (Zarak) réussissant à résister jusqu’au bout à Zarir (Frankel), qui disputait sa première course de groupe après deux victoires cette saison.

Venu des derniers rangs, Feed the Flame (Kingman) a arraché la 3e place au visiteur irlandais Al Riffa (Wootton Bassett), lui-même un nez devant Horizon Doré (Dabirsim).

La course a été menée à bonne allure par le visiteur Crypto Force (Time Test), flanqué du gagnant de Prix d’Harcourt (Gr2) Zarakem (Zarak), tous deux étant suivis à l’issue d’un début de parcours animé par Zarir et Haya Zark avec derrière eux Birr Castle (Cloth of Stars) et Fantastic Moon (Sea the Moon).

Dans la dernière ligne droite, Zarakem a attaqué le premier et il s’est retrouvé aux prises avec Haya Zark, puis Al Riffa, puis Zarir, qui a pu trouver le passage à son intérieur, et enfin Feed the Flame, qui finit en pleine piste à l’extérieur de Horizon Doré, comme lui venu de l’arrière-garde. Mais aucun n’a pu finalement venir à bout de Haya Zark, Zarir étant le plus près d’y parvenir aux abords du poteau.

Arrivée magnifique du Prix Ganay (Gr1) #ParisLongchamp et victoire de Haya Zark (Zarak), pour son éleveur Odette Fau devant Zarir (Frankel). pic.twitter.com/GWMoRzw9Ru

— France Galop (@francegalop) April 28, 2024

Gagnant de dix longueurs du Prix Exbury (Gr3) en mars à Saint-Cloud, Haya Zark n’avait pas recouru depuis. Passant pour un spécialiste exclusif des pistes lourdes, le 5ans réalise ici un petit exploit sur un terrain très souple, néanmoins peut-être plus ferme que ce que l’on estimait nécessaire à l’expression de sa meilleure valeur.

Prometteur à 3 ans, Haya Zark avait fini quatrième du Prix Greffulhe (Gr2) remporté par le champion Onesto (Frankel) en 2022.

Élevé par sa propriétaire, Odette Fau, Haya Zark est issu d’Haya City (Elusive City), qui n'a pu se distinguer en trois sorties. Haya Zark est son premier gagnant. Sa deuxième mère, Haya Samma (Pivotal), n’a pas couru. Au haras, on lui doit la bonne Haya Landa (Lando), troisième du Grand Prix de Saint-Cloud (Gr1) et d’un Prix de la Nonette (Gr2) et deuxième du Prix Allez France (Gr3), et aussi Haya of Fortune (Soldier of Fortune), troisième d’un Critérium de l’Ouest (L) et mère d’un premier produit, Haya of Star (Cloth of Stars), qui a gagné sa première course au printemps.

Une propre sœur de Haya Zark est née en 2020, qui n’a pas couru et a été retirée, et un mâle par Anodin est né en 2023.

 


Historique

Le Prix des Sablons est devenu le Prix Ganay en 1949 pour commémorer le souvenir du président du comité de la Société d’Encouragement. Créé en 1889, le Prix des Sablons se courait sur 2 000 mètres, distance conservée jusqu’en 1970, à l’exception de 1944 et 1945, quand il fut disputé à Maisons-Laffitte sur 2 100 mètres. La course n’a pas été disputée de 1915 à 1918.

C’est seulement à la fin du XIXe siècle que furent créées de nouvelles courses bien dotées, ouvertes aux chevaux d’âge et sur des distances inférieures aux 4 000 mètres (deux miles et demi) utilisés pour le Prix du Cadran et l’Ascot Gold Cup, les deux épreuves les plus recherchées jusqu’alors par les 4 ans et au-dessus. C’est ainsi que furent créés en Angleterre les Champion Stakes (2 000 mètres, 1877) et les Eclipse Stakes (2 000 mètres, 1886), puis en France le Prix des Sablons (2 000 mètres, 1889), le Prix Boïard (2000 mètres, 1891) et le Prix du Conseil Municipal (2 400 mètres, en 1893).

Quand le Prix Ganay fut promu course de Groupe I en 1971, sa date et sa distance furent interverties avec celles du Prix d’Harcourt (créé en 1929) qui s’adressait sur le même hippodrome à la même catégorie de chevaux. Depuis lors le Prix d’Harcourt (Groupe II, 2 000 mètres) est disputé trois ou quatre semaines avant le Prix Ganay, couru avec 100 mètres supplémentaires le dernier dimanche d’avril.

La course a été repatisée « Prix de l'Inauguration de ParisLongchamp » en 2018, et dotée à titre exceptionnel de 600 000 €, lors de l'ouverture officielle du nouvel hippodrome après deux années de travaux durant lesquelles la course s'est déroulée à Saint-Cloud. L'anglais Cracksman, qui devint le meilleur cheval de la saison 2018, s'imposa à cette occasion.

En 2020, la course a été reprogrammée en juin à Chantilly en raison de l'épidémie de coronavirus.

Dead-heat et double disqualification

Le Prix des Sablons/Ganay a donné lieu une fois à un dead-heat (ex æquo), en 1943 entre Arcot et Tornado. En 1959, on a enregistré le distancement des deux premiers. Balbo, arrivé 1er, distancé pour avoir mis hors de course l’un de ses concurrents en forçant le passage à l’entrée de la ligne droite, et Malefaim, arrivé 2e, distancé pour avoir penché vers la corde tout le long de la ligne droite et avoir ainsi sérieusement gêné deux de ses concurrents. Chief est ainsi devenu le vainqueur devant Franc Luron.

Les filières et les séries

Trois partants seulement pour la première édition du Prix des Sablons, le 5 ans Le Sancy (1/2) ayant fait le vide. Il n’en fut pas moins battu de trois quarts de longueur par l’outsider Acheron (3/1) portant les couleurs d’Auguste Lupin. Le Sancy se racheta en gagnant la course l’année suivante, cette victoire étant l’une des vingt-sept remportées de 2 à 6 ans par le célèbre gris du baron de Schickler.

Peu nombreux furent les partants jusqu’à la Première Guerre Mondiale, seulement cinq en moyenne. Toutefois, la qualité compensait la quantité. Dès 1892 on remarque la présence d’un gagnant du Prix du Jockey Club, Ermak qui doit se contenter de la troisième place. En se classant deuxième en 1894, Ragotsky fait déjà mieux et la première victoire d’un héros du Derby de Chantilly se réalise en 1897 grâce à Champaubert. Suivront son exemple Gardefeu (1899), Maintenon (1907), Sourbier (1921), Ksar (1922), Bikala (1982), Helissio (1997), Vision D'Etat (2009) et Sottsass (2020). Les deuxièmes du Jockey Club ne sont pas en reste, la victoire dans le Prix Ganay leur revenant neuf fois grâce à Codoman (1902), Biribi (1927), Tornado (1943), Basileus (1946), Tantième (1951), Diatome (1966), Frère Basile (1979), Le Marmot (1980) et Subotica (1992).

Les femelles de qualité se retirant au haras le plus souvent à la fin de leur troisième année, le sexe dit faible est peu représenté au palmarès du Prix Ganay. Un astérisque marquant les trois gagnantes du Prix de Diane, ce sont Galette (1894), Quilda (1898), *La Camargo (1903), Ramscapelle II (1919), La Savoyarde (1931), *Allez France (1974, 1975), Infra Green (1976), Trillion (1978), Triptych (1987), Kartajana (1991) et *Aquarelliste (2002).

Deux lauréats du Derby d’Epsom ont gagné le Prix Ganay, Relko (1964) et Mill Reef (1972), qui obtint le plus facile succès de l’histoire de la course en précédant de quinze longueurs l’infortuné Amadou, devancé l’année précédente par Caro.

Un seul cheval a gagné la course trois, fois, le hongre Cirrus des Aigles (2012, 2014 et 2015). Cinq chevaux sont parvenus à gagner la course deux fois. Ce sont Caïus (1904, 1905), Goya (1939, 1940), Tanerko (1957, 1958), Allez France (1974, 1975) et Saint Andrews (1988, 1989).

Le Prix Ganay se révèle souvent être une étape victorieuse sur le chemin suivi par des futurs vainqueurs du Prix de l’Arc de Triomphe depuis sa création en 1920. Le doublé Ganay-Arc a été réalisé par onze chevaux, Ksar (1922), Massine (1924), Biribi (1927), Djebel (1942), Tantième (1951), Exbury (1963), Rheingold (1973), Allez France (1974), Subotica (1992), Dylan Thomas (2007) et Waldgeist (2019). Les noms de deux autres chevaux auraient pu être ajoutés à cette liste s’ils n’avaient subi une rétrogradation dans l’Arc. Il s’agit de Cadum (1925) et de Sagace (1985), tous deux relégués à la deuxième place après enquête des commissaires. Autre doublé, celui réalisé par Bago qui, ayant gagné l’Arc à 3ans en 2004, a remporté le Ganay en 2005.

Les visiteurs comptent huit victoires, celles obtenues par Mill Reef (1972), Rheingold (1973), Pelder (1995), Golden Snake (2001), Dylan Thomas (2007), Duke of Marmalade (2008), Pastorius (2013) et Cracksman (2018). 

Jean de Ganay (1862-1948)

Il fut l’un des plus éminents dirigeants des courses françaises. Elu en 1902 membre adjoint du comité de la Société d’Encouragement puis en 1905 membre fondateur, il exerça les fonctions de commissaire de 1903 à 1918. Il fut en 1933 appelé à la présidence du comité qu’il exerça jusqu’à sa mort en 1948. A lui, et à l’équipe de commissaires en place à l’époque, la Société d’Encouragement est redevable de la transformation de l’hippodrome de Longchamp réalisée durant l’hiver 1903-1904, la mise au point en 1912 du premier contrôle antidopage (par prélèvement de salive) et l’augmentation, à 300 000 F en 1908, de l’allocation du Grand Prix de Paris pour en faire la course la plus richement dotée du monde jusqu’à la Première Guerre mondiale.

Appartenant à une famille de cavaliers, Jean de Ganay (marquis à la mort de son père en mai 1903) avait suivi l’exemple familial et servi dans la cavalerie. En 1888, il déclara ses couleurs et c’est à Longchamp qu’il acquit dans une course à réclamer le cheval Le Gourzy qui lui gagna la Grande Course de Haies d’Auteuil en 1892. Ses couleurs casaque jaune, toque verte furent bientôt régulièrement à l’honneur avec Kerym (Prix Hocquart 1896), Eperon (Prix Morny 1900), Passaro (Prix Greffulhe 1901), Amer Picon (Prix Gladiateur 1902, 1903), Iermak (La Coupe 1904). Enfin, elles connurent la gloire avec As d’Atout, héros du Grand Prix de Paris en 1911 qu’il avait fait naître dans son haras du Rabey, à Quettehou dans la Manche. Dans ce haras, il avait installé un étalon remarquable, Le Sagittaire, qui fut champion des pères de vainqueurs en 1906.

Après avoir été absentes des hippodromes entre les deux guerres mondiales, les couleurs du marquis de Ganay firent un retour inattendu mais remarqué en 1946 grâce à Kerlor qui se distingua à la fois sur les haies d’Auteuil et à Deauville, où il remporta le Grand Prix. Reprises par son fils François de Ganay, les couleurs furent de nouveau à l’honneur avec Rapace, vainqueur du Prix du Jockey Club en 1955.

 

Propriétaires

  • Marcel Boussac (6 victoires) : Goyescas (1933), Goya (1939, 1940), Djebel (1942), Goyama (1948) et Nirgal (1949).
  • Famille Wildenstein  (6 victoires) : pour Georges avec Beau Prince II (1956), pour Daniel avec Allez France (1974, 1975) et Sagace (1985), pour la famille Wildenstein avec Aquarelliste (2002) et Planteur (2011).
  • François Dupré (4 victoires) : Tantième (1951), Tanerko (1957, 1958) et Relko (1964). 
  • Guy de Rothschild (4 victoires) : Guersant (1953), Exbury (1963), Free Ride (1965) et Diatome (1966). 
  • Aga Khan (4 victoires) : Kartajana (1991), Valanour (1996), Astarabad (1998) et Dariyan (2016). 


Entraîneurs

  • André Fabre (7 victoires): Creator (1990), Subotica (1992), Indian Danehill (2000), Cutlass Bay (2010), Cloth of Stars (2017), Waldgeist (2019), Mare Australis (2021).
  • Henry Count (5 victoires) : Rovigo (1929), Rodosto (1934) Basileus (1946), Chanteur (1947), Fontenay (1950) ;
  • Geoffroy Watson (5 victoires) : Victrix (1938), Guersant (1953), Exbury (1963), Free Ride (1965), Diatome (1966) ;
  • Alain de Royer-Dupré (5 victoires) : Kartajana (1991), Valanour (1996), Astarabad (1998), Dark Moondancer (1999) et Dariyan (2016) ; 
  • François Mathet (4 victoires) : Tantième (1951), Tanerko (1957, 1958) et Relko (1964). 
  • Elie Lellouche (4 victoires) : Vert Amande (1993), Helissio (1997), Aquarelliste (2002) et Planteur (2011).

  • Une femme a gagné la course, et à trois reprises, Corine Barande-Barbe avec Cirrus des Aigles (2012, 2014 et 2015). 


Jockeys

  • Yves Saint-Martin (6 victoires): Relko (1964), Taj Dewan (1968), Rheingold (1973), Allez France (1974, 1975) et Sagace (1985).
  • Jean Deforge (5 victoires) : Marino (1960), Exbury (1963), Free Ride (1965), Diatome (1966) et Behistoun (1967). 
  • Olivier Peslier (5 victoires) : Helissio (1997), Indian Danehill (2000), Fair Mix (2003), Cirrus des Aigles (2012) et Pastorius (2013). 
  • Christophe Soumillon (5 victoires) : Dylan Thomas (2007), Planteur (2011), Cirrus des Aigles (2014 et 2015) et Dariyan (2016).