Historique du prix Corrida : Hommage à une grande voyageuse

3 juin 2020

Historique du prix Corrida : Hommage à une grande voyageuse

Photo scoopdyga.com

Mai, Saint-Cloud*

Prix Corrida

 

Groupe 2, Juments de 4 ans et au-dessus, 2 100 mètres, 90 000 €

Créé en 1979

Tenant du titre : Ambition (f4 GB par Dubawi et Talent, par New Approach), appartenant à James Rowsell & Steve Ashley, élevée par Ashbrittle Stud & Mark Dixton, entraînée par Xavier Thomas-Demeaulte, monté par Mickaël Barzalona.

Temps record : 2’10’’5 par Sarafina en 2011.

La course se déroule en 2021 pour la 43ème fois

 

L’édition 2020

 

Samedi 6 juin 2020, Lyon-Parilly. - Le prix Corrida (Gr2) s’est résumé à une course de cinq partantes après le forfait de Romancière (Dansili), principale opposition à la favorite Grand Glory (Olympic Glory), et cette absence explique en partie que personne n’ait voulu prendre la direction du petit peloton en début de parcours. Contrainte de prendre les devants dans une course qui ne s'est pas décantée avant l'entrée de la ligne droite, la troisième du prix de Diane Longines (Gr1) 2019 a subi pour finir l’accélération d’Ambition (Dubawi), qui a tenu bon après avoir pris l’avantage à deux cents mètres du but. Au terme de cet emballage final, Spirit of Nelson (Mount Nelson) a pris la troisième place.

Plutôt régulière, Ambition n’avait vraiment échoué qu’une fois, dans le prix Madame Couturié (L) à Vichy remporté par Mutamakina (Nathaniel) l’été dernier, mais elle avait toujours terminé dans les trois premiers sinon, et s’était imposée dans le prix Fille de l’Air (Gr3) à Toulouse pour conclure sa saison 2019. Elle effectuait sa rentrée ici.

La mère d’Ambition, Talent (New Approach), est gagnante des Oaks d’Epsom (Gr1). La pouliche a été achetée 75 000 £ en fin d’année de 2 ans avant d’être placée à l’entraînement à Mont-de-Marsan chez Xavier Thomas-Demeaulte.

 

Historique

Le prix Corrida commémore le souvenir d’une des plus grandes juments françaises, brillante ambassadrice de notre élevage à l’étranger, double gagnante du prix de l’Arc de Triomphe, sans conteste la plus populaire des juments ayant foulé les pistes entre les deux guerres mondiales.

Corrida donna pour la première fois son nom en 1950 à une modeste course disputée au Tremblay fin juillet. Elle demeura au programme de cet hippodrome jusqu’à sa fermeture fin 1967. Le prix Corrida fut transféré à Vichy en 1968 et 1969 puis fut rayé des programmes des sociétés de courses parisiennes jusqu’en 1978. Un nouveau prix Corrida fut créé en 1979, disputé à Saint-Cloud avec le statut de course de groupe III. Il « voyagea » quelque peu, émigrant à Evry (1994 et 1995) et à Lyon (de 1996 à 1999, sur 2 200 mètres) avant de réintégrer Saint-Cloud en 2000. Elément d’un nouveau programme destiné exclusivement aux femelles de 4 ans et plus inauguré en 2004, le prix Corrida a pris du grade, étant promu au niveau de Groupe 2.

(*) : En 2020, le prix Corrida est disputé à Lyon-Parilly au mois de juin en raison des restrictions et reprogrammations liées à l'épidémie de coronavirus.

Corrida

Corrida était une femelle alezane née en 1932 par Coronach et Zariba (Sardanapale), élevée par Marcel Boussac au haras de Fresnay-le-Buffard dans l’Orne. Elle disputa trente-trois courses et n’en remporta que treize. C’est peu pour un sujet de grande classe. Mais quelle aventure la vie de cette pouliche née dans la pourpre. Son père Coronach en Angleterre et sa mère Zariba en France avaient été tous deux les meilleurs sujets de leur génération. Dès 2 ans, Corrida confirma les espoirs nés de cette origine royale. Victorieuse dans le prix Morny, Corrida finit à une demi-longueur de Pampeiro dans le Grand Critérium.

Assuré de la qualité de sa pouliche, Marcel Boussac envoie alors Corrida à l’entraînement à Newmarket chez George Lambton en vue des courses classiques anglaises de 1935 qu’il convoite. Deuxième favorite des Mille Guinées, puis troisième préférée des Oaks, Corrida finit en queue de la première épreuve et non placée dans la seconde. Après un nouvel échec au Royal Ascot, retour en France. Passés les effluves printaniers, la véritable classe de Corrida perce. Quatre places dont la troisième du prix de l’Arc de Triomphe (tout près de Samos et de Péniche) et la seconde du prix du Conseil Municipal à un souffle du vainqueur Come In. Enfin un voyage à Marseille où son premier succès de l’année l’attend dans le Grand prix local.

Deux victoires au terme de la troisième année de Corrida, c’est un bilan qui ne peut satisfaire son propriétaire. La foi de Marcel Boussac en son élève est profonde. La fille de Zariba doit poursuivre sa carrière sur le turf. Certaine sagesse venue avec l’âge ou meilleure compréhension du nouvel entraîneur, John Watts remplaçant William Hall ? Quoi qu’il en soit Corrida montre enfin son grand talent à 4 et 5 ans, totalisant onze victoires et neuf places pour vingt et une apparitions.

Sept victoires à 4 ans, les prix du Prince de Galles et d’Hédouville à Longchamp, les Hardwicke Stakes au Royal Ascot, le prix du Président de la République à Saint-Cloud, le Grand International d’Ostende, le prix de l’Arc de Triomphe et le Grand prix de Marseille pour la seconde fois.

Et quatre victoires à 5 ans, le Grand prix du Tremblay, le Grand International d’Ostende pour la seconde fois, le Grand prix de la Capitale du Reich (couru en septembre à Hoppegarten, le grand hippodrome de Berlin) et le prix de l’Arc de Triomphe. Ce faisant, elle devenait la première jument à gagner deux fois la plus prestigieuse course française, près d'un siècle avant Trève et Enable, seules autres femelles deux fois au palmarès de l'Arc.

Certes la reine s’est montrée encore quelquefois dissipée, surtout au printemps. Mais en Europe la grande voyageuse a été une ambassadrice très remarquée de l’élevage français à la veille d’événements appelés à bouleverser le monde.

De sa qualité de poulinière, Corrida ne donnera qu’un seul échantillon, son fils Coaraze gagnant du prix du Jockey Club en 1945. Un an avant, elle avait disparu, capturée à Fresnay-le-Buffard durant la bataille de Normandie lors de la déroute de l’armée du Reich. Toutes les recherches pour retrouver sa trace demeurèrent vaines.

Les concurrentes étrangères

Leur présence est assez fréquente. Elles comptent sept victoires, obtenues par trois entraîneurs allemands, Bruno Schütz (Elacata 1994), Uwe Ostmann (Hollywood Dream 1995), Andreas Schütz (Elopa, 2005) et Mario Hofer (Fair Breeze, 2008), deux anglais, Peter Chapple Hyam (Camporese 1997) et John Fanshawe (Speedy Boarding, 2016), et un italien, Valiani Renzetti (Super Tassa 2000).

 

Propriétaires

  • Famille Wertheimer (5 victoires) : Athyka (1989), Fabulous Hostess (1992) pour Jacques, Trumbaka (2003), Plumania (2010), Solemia (2012) pour Wertheimer & Frère.
  • Famille Wildenstein (2 victoires) : Ode (1990) pour Daniel et Actrice (2004) pour l’écurie Wildenstein.
     

Entraîneurs

  • André Fabre (7 victoires) : Fly Me (1984), Galla Placidia (1986), Dièse (1993), Luna Mareza (1995), Plumania (2010), Armande (2017), Morgan Le Faye (2019).
  • Christiane Head (5 victoires) : Athyka (1989), Fabulous Hostess (1992), Trumbaka (2003), Trève (2015).
  • Alain de Royer-Dupré (4 victoires) : Pride (2006), Mandesha (2007), Alpine Rose (2009) et Sarafina (2011).

Trois autres femmes ont remporté la course : Helena Van Zuylen avec Lexa (1998), Valérie Dissaux avec Accélération (2001) et Tatiana Puitg avec Grace Lady (2013).
 

Jockeys

  • Olivier Peslier (5 victoires) : Camporese (1997), Trumbaka (2003), Actrice (2004), Plumania (2010) et Solemia (2012).
  • Henri Samani (3 victoires) : Tintagel (1979), Lady Tamara (1985) et Birthday Fever (1988).
  • Thierry Jarnet (3 victoires) : Dièse (1993), Luna Mareza (1996), Trève (2015).
  • Pierre-Charles Boudot (3 victoires) : Siljan’s Saga (2014), Armande (2017), Bateel (2018).