Historique du LARC Prix Maurice de Gheest : le sprint le plus long

8 août 2020

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Photo scoopdyga.com

La distance atypique de cette épreuve inter-générations, à savoir 1 300 mètres en ligne droite, dépasse de cent mètres les 1 200 mètres des autres principaux sprints longs du programme européen. C’est à la fois peu et beaucoup, car la tenue des sprinters se dégrade très rapidement au-delà de 1 200 mètres –un peu comme celle des athlètes sprinters au-delà de 200 mètres. C’est donc parfois le théâtre, comme le Prix d’Ispahan sur un créneau plus long, d’une confrontation inédite entre des « flyers », spécialistes des distances intermédiaires entre le sprint et le mile, et les sprinters purs, qui dépassent rarement 1 200 mètres. Dans tous les cas, c’est un sport très apprécié des britanniques, les rois européens du sprint, mais la distance un tout petit peu plus longue que d’habitude permet aux Français de bien se défendre !

Août, Deauville

LARC PRIX MAURICE DE GHEEST

Groupe 1, 3 ans et plus, 1 300 mètres, 380 000€

Créé en 1922

 

Tenant du titre : MARIANAFOOT M6, FRA, par Footstepsinthesand et Marianabaa, par Anabaa), appartenant à Jean-Claude Seroul, élevé par Jean-Claude Seroul, entraîné par Jérôme Reynier et monté par Mickaël Barzalona.

Record de la course : 1'14"30 en 2013 (Moonlight Cloud)

Le Prix Maurice de Gheest sera couru pour la 100ème fois en 2022.

 

L'édition 2021

Dimanche 8 août 2021, Hippodrome de Deauville-La Touques (Calvados). - C’est avec une facilité déconcertante que le français Marianafoot (Footstepsinthesand) a enlevé son premier Groupe 1 au terme des 1 300 mètres du LARC Prix Maurice de Gheest (Gr1). Le protégé de Jean-Claude Seroul, entraîné en Provence par Jérôme Reynier, devance d’une bonne longueur une autre concurrente entraînée en France, Tropbeau (Showcasing), venue du centre de la piste, et qui débutait sur aussi court. Un des favoris anglais, Starman (Dutch Art), récent vainqueur de la July Cup (Gr1) à Newmarket, a pu conserver la troisième place devant le 9ans Brando (Pivotal), vainqueur en 2017.

La favorite Campanelle (Kodiac), gagnante du Darley Prix Morny (Gr1) sur cette piste un an plus tôt, s’est cabrée au départ et elle est allée mener Thunder Moon (Zoffany) au centre de la piste, pour ne jamais plus être menaçante : les deux concurrents ont terminé aux deux dernières places.

Marianafoot compte désormais 14 succès dont huit consécutifs. Il n’a pas été battu depuis une deuxième place obtenue au Qatar en février 2020. C’est aussi sa quatrième victoire d’affilée sur gazon puisqu’il se produisait souvent sur PSF auparavant.

Éleveur et propriétaire de Marianafoot, Jean-Claude Séroul l’était également de Marianabaa (Anabaa), sa mère. Jument de course honnête, elle a gagné deux courses sur les douze qu’elle a disputées. Marianafoot est le deuxième de ses huit produits, dont deux seulement sont des femelles, deux propres sœurs de Marianafoot : Marianasand (née en 2018) et Anastep (née en 2020).

Jean-Claude Séroul avait acquis cette souche “Niarchos” en 2004 grâce à Maria Gabriella (Rock of Gibraltar), présentée chez Arqana yearling par le Haras de Fresnay-le-Buffard, le marteau était alors tombé à 80 000 euros.

 

Historique

Créée en 1922, cette course a été promue au rang de Groupe 1 en 1994. Pour cause de guerre, elle n'eut pas lieu en 1940 et fut transférée à Maisons-Laffitte de 1941 à 1943 et en 1945, à Auteuil en 1944. Les conditions de la course prévoyaient des surcharges jusqu'en 1993. Disputée sur la ligne droite de Deauville, sa distance, à l'origine de 1 400 mètres, fut ramenée à 1 300 mètres en 1966.

Trois chevaux sont parvenus à gagner la course deux fois : la pouliche Azyadé en 1936 et 1937 ; Nice Guy en 1961 et 1962 ; Boitron en 1979 et 1980 ; deux l’ont remportée trois fois : Marchand d’Or en 2006, 2007 et 2008, puis Moonlight Cloud entre 2011 et 2013. L’un comme l’autre étaient entraînés par Freddy Head, qui l’a aussi remportée comme jockey en 1996 avec Anabaa.

On notera que cette course de Groupe 1 est ouverte aux hongres. En 2011, elle a été parrainée par Wertheimer & Frère pour célébrer le 100ème anniversaire de l’écurie fondée en 1911 par Pierre Wertheimer, grand-père d’Alain et Gérard actuels détenteurs de la célèbre casaque bleue et blanche. Elle est à présent parrainée par le Latioamericana Racing Channel, qui commercialise les droits et images des principales courses de galop sud-américaines.

Maurice de Gheest (1850-1920)

Il fut membre du comité de la Société des courses de Deauville (dont il fut nommé commissaire en 1913), de la Société du Demi-Sang et de la Société des Steeple-Chases de France où, élu en 1912, il siégea au conseil d'administration jusqu'à sa mort subite le 31 octobre 1920. La veille même, il avait été nommé au grade de chevalier de la Légion d'honneur. S'il était « d'un cœur généreux au-delà de tout ce qu'on peut imaginer », Maurice de Gheest*, président de la Société des mines de Marres, fut un « grand sportsman » - comme on l'entendait au début du XXe siècle - dont les couleurs furent trois fois victorieuses dans le Grand Prix de Deauville. Ses couleurs (casaque mi-jaune, mi-bleue, toque bleue) connurent leur première victoire le 6 décembre 1892 à Saint-Ouen dans le Prix Nestor (10.000 F) avec Nicolette, acquise 7.000 F neuf jours plus tôt après une victoire à Auteuil. Débuts sous des auspices favorables confirmés avec Merlin (élevé au haras de Marcadieu près de Tarbes), acheté pour seulement 700 F yearling à Deauville, gagnant de quatorze courses et 193.075 F dont, à 3 ans en 1895, le Grand Prix de Deauville et le Prix Monarque. Ses meilleurs représentants furent ensuite Liane (surprenante gagnante du Prix de Diane en 1896), Bohême (2ème de la Poule d'Essai la même année), Van Diemen (Grand Prix de Deauville 1897), Volnay (Prix de la Salamandre et Prix de Condé 1897), Géographie (2ème du Prix Vermeille 1897 et gagnante du Prix du Président de la République à Auteuil en 1899), Velasquez (2ème du Prix du Jockey Club et du Grand Prix de Paris 1899) et Kremlin (Prix des Sablons 1901). En 1894, Maurice de Gheest s'était associé avec le marquis de Nicolay, propriétaire du haras de Montfort (situé dans la Sarthe sur la rive droite de l'Huisne) où il avait progressivement développé un élevage de qualité entrepris dès 1864. S'ils ressentirent durement l'échec comme reproducteur de Merlin auquel ils avaient accordé une totale confiance, les associés retrouvèrent le chemin du succès avec Rabelais (un fils de l'illustre St Simon), judicieusement importé par eux à l'automne 1904. Dès sa première production, ils obtinrent Verdun qui, vendu par eux à Deauville, enleva en 1909 la Poule d'Essai, le Grand Prix de Paris et le Prix du Président de la République pour le baron Maurice de Rothschild. Rabelais fut trois fois champion des pères de vainqueurs en plat et une fois en obstacle.

* Il ne faut pas le confondre avec son cousin Charles de Gheest dont la pouliche Galette gagna à 4 ans en 1893 le Grand Prix de Deauville.

Maurice de Gheest et Abbaye de Longchamp

Depuis 1957 (année de la création du Prix de l'Abbaye), les deux courses ont souvent été un objectif commun aux sprinters, même si la première se disputait alors sur 1 400 mètres, tandis que 1 000 mètres constituent le terme de la seconde. Quatre chevaux seulement ont gagné les deux courses. Deux la même année, Sweet Revenge en 1971 et Marchand d’Or en 2008. Un a gagné l'Abbaye l'année suivante, Lianga à 4 ans en 1975. Un avait gagné l'Abbaye un an plus tôt, Moorestyle à 3 ans en 1970. De plus, quatre vainqueurs du Prix Maurice de Gheest sont parvenus à se placer dans l'Abbaye : Yours (1965) placé trois fois, 2ème en 1964 et 1966, 3ème en 1967 ; Abergwaun (1972), 3ème à 5 ans en 1973 ; Cherokee Rose (1995) 2ème la même année ; et Anabaa (1996) 2ème la même année, battu d'une encolure par sa compagne d'entraînement Kistena.

Les lauréates

Elles tiennent une place importante au palmarès de la course qu'elles ont remporté trente et une fois, dont tout récemment avec May Ball (2002), Porlezza (2003), Moonlight Cloud (2011) et Polydream (2018). Une victoire dans le Prix Maurice de Gheest fut une étape dans la carrière classique de certaines d'entre elles comme Zariba (1922), Midget (1957), Lianga (1974), Flying Water (1977) et Seeking the Pearl (1998), venue de l'empire du Soleil-Levant pour donner une première victoire en Europe dans une course de Groupe 1 à un pur-sang entraîné au Japon.

 

Propriétaires

  • Famille Wertheimer (6 victoires) : Sonny Boy (1933), Djanet (1956), Midget (1957) et Tomahawk (1959) pour Pierre, Occupandiste (1997) et Polydream (2018) pour Wertheimer & Frère.

  • Marcel Boussac (4 victoires) : Zariba (1922), Grillemont (1923), Theano (1943) et Windorah (1947).

  • Ralph B. Strassburger (3 victoires) : Mordicus (1927), Guam (1952) et Vamarie (1954).

  • Théodore P. Cozzika (3 victoires) : Azyadé (1936, 1937) et Le Koh I Noor (1939).

  • Stavros Niarchos (3 victoires) : Boitron (1979, 1980) et Dolphin Street (1994).

  • Mme Jean-Louis Giral (3 victoires) : Marchand d’Or (2006, 2007, 2008).

  • George Strawbridge (3 victoires): Moonlight Cloud (2011, 2012, 2013).


Entraîneurs

  • Freddy Head (7 victoires) : Marchand d’Or (2006, 2007, 2008), Moonlight Cloud (2011, 2012, 2013) et Polydream (2018). 

  • Charles Cunnington (4 victoires) : Ziani (1932), Azyadé (1936, 1937) et Le Koh I Noor (1939).

  • Alec Head (3 victoires) : Djanet (1956), Midget (1957) et Tomahawk (1959).

  • Vincent O'Brien (3 victoires) : Abergwaun (1972), Beaudelaire (1983) et College Chapel (1993).

  • John Cunnington junior (3 victoires) : King of Macedon (1978), Exclusive Order (1982) et Spectacular Joke (1985). 


  • Christiane Head (3 victoires) : Blue Note (1988), Anabaa (1996) et Occupandiste (1997).



Jockeys

  • Lester Piggott (4 victoires) : Mountain Call (1968), Abergwaun (1972), Moorestyle (1981) et College Chapel (1993).

  • Gérald Mossé (4 victoires) : Cricket Ball (1989), Dolphin Street (1994), May Ball (2002), Garswood (2014).

  • Guy Garner (3 victoires) : Zariba (1922), Lézignan (1925) et Tivoli (1929).

  • André Dupuit (3 victoires): Azyadé (1936, 1937) et Le Koh I Noor (1939).

  • Maurice Philipperon (3 victoires) : King of Macedon (1978), Exclusive Order (1982) et Spectacular Joke (1985).

  • Pat Eddery (3 victoires) : Beaudelaire (1983), Lead on Time (1986) et Interval (1987).

  • Davy Bonilla (3 victoires) : Marchand d’Or (2006, 2007, 2008).


  • Thierry Jarnet (3 victoires) : Moonlight Cloud (2011, 2012, 2013).