Historique du Hocquart : Un classique désormais dévolu au Grand Prix

7 août 2020

Historique du Hocquart : Un classique désormais dévolu au Grand Prix

Photo scoopdyga.com

Juin, Chantilly*

PRIX HOCQUART LONGINES


Groupe 2, 3ans, 2 500 mètres, 90 000€

Créé en 1861 (Prix de Longchamp)

Tenant du titre : Port Guillaume (m3, FRA par Le Havre et Keira, par Turtle Bowl), appartenant à Claudio Marzocco, Bernard Benaych & Jean-Claude Rouget, élevé par Franklin Finance, Elisabeth Ribard & Sylvain Vidal, entraîné par Jean-Claude Rouget, monté par Cristian Demuro.

Temps-record des 2 500 mètres à Deauville : 2’34’’3

 

La course se déroule en 2021 pour la 154ème fois

L'édition 2019

Samedi 8 août 2020, Deauville. – Bien parti, le favori du Prix Hocquart Longines (Gr2) Port Guillaume (Le Havre) a mené le long de la corde la moitié du peloton de six concurrents, qui s’est séparé en deux ligne en face, l’autre moitié, qui galopait en pleine piste, étant emmenée par Volkan Star (Sea the Stars), récent gagnant du Prix du Lys (Gr3). À l’entrée de la dernière ligne droite, Port Guillaume a bien répondu à l’attaque de son rival et le représentant de Claudio Marzocco, Bernard Benaych et Jean-Claude Rouget a même placé une accélération qui a laissé le peloton sans réaction, augmentant encore son avance ensuite pour cette première tentative sur 2 400 mètres.

Au poteau, Port Guillaume comptait trois longueurs d’avance sur Ketil (Karakontie), Pao Alto (Intello) et Dick Whittington (War Command), qui terminent dans cet ordre dans une même action.

Cliquer ici pour obtenir les chronométrages partiels de la course.

Cette course sert de préparatoire au Grand Prix de Paris (Gr1), disputé le 13 septembre à ParisLongchamp, et dont l’entraîneur du gagnant Jean-Claude Rouget a confirmé qu’il serait le prochain objectif de Port Guillaume.

Acheté 55 000 € aux ventes de Deauville, le lauréat était invaincu en trois sorties depuis ses débuts, cet hiver à Cagnes-sur-Mer, avant de tenter sa chance dans le Prix du Jockey Club (Gr1). Il avait couru très honorablement ce jour-là pour prendre la cinquième place du classique de Chantilly, venant de très loin, trop tard et sans avoir la voie libre au moment décisif.

Le frère de Port Guillaume par Recorder sera présenté aux ventes de sélection Arqana à Deauville en septembre. Élevé par Franklin Finance, Elisabeth Ribard et Sylvain Vidal, Port Guillaume est issu de Keira (Turtle Bowl), qui fut également entraînée par Jean-Claude Rouget et gagna quatre courses sous la casaque de Bernard Benaych. Elle a aussi donné Aubevoye (Le Havre), gagnante de Listed sous la casaque Augustin-Normand et désormais propriété de Bernard Benaych, et toujours sous l'entraînement de Jean-Claude Rouget, là encore.

C’est la septième victoire dans la course de l'entraîneur, qui a également sellé Shaka (1997), Maille Pistol (2001), Coroner (2003), Lord du Sud (2004), Numide (2006) et Mekhtaal (2016) pour gagner le Hocquart avant cette nouvelle victoire.

Historique

Cette course, créée en 1861 sous le nom de Prix de Longchamp, devint Prix Hocquart en 1885 pour commémorer le souvenir d’un des principaux dirigeants des courses au galop.

C’était l’une des cinq « poules des produits » instituées par la Société d’Encouragement – comme épreuves préparatoires au Prix du Jockey Club, le Derby français – successivement en 1841 (Poule des Produits, devenu Prix Daru* en 1877), en 1855 (Prix de l’Empereur, devenu Prix Lupin en 1896), en 1861 (Prix de Longchamp, devenu Prix Hocquart en 1885), en 1878 (Prix du Nabob, devenu Prix Noailles en 1896), en 1882 (Prix Greffulhe).

Hormis le Prix Lupin, sans conditions restrictives, les quatre autres prévoyaient chacune des conditions de qualification spécifiques en fonction de la nationalité du père ou de la mère du produit. Le Prix Hocquart avait pour conditions « pour produits issus de juments saillies par des étalons nés et élevés en France ».

Ces cinq « poules de produits » avaient été ajoutées pour renforcer la sélection des chevaux de 3 ans qui ne disposaient auparavant que d’une course importante sur le chemin de l’épreuve classique par excellence, le Prix du Jockey Club. C’était la « Poule d’Essai » – disputée alors sur 1 500 mètres (1 600 mètres à partir de 1867) à l’instar des « Guinées » en Angleterre – créée en 1840 et mixte jusqu’à la division en 1883 en deux épreuves, l’une pour les poulains, l’autre pour les pouliches.

Ces cinq « poules des produits » se couraient sur des distances entre 2 000 et 2 500 mètres, proches des 2 400 mètres du Jockey Club. Pour ces cinq courses, les engagements avaient lieu avant la naissance des produits, l’année même de leur conception, d’où l’expression « engagements dans le ventre de la mère ». Le but était de réunir un très grand nombre d’engagements payants dont la masse permettait de financer les courses en question. Cette pratique des engagements avant la naissance cessa seulement lors des « poules des produits » courues en 1968.

A l’origine, la distance du Prix Hocquart était de 2 500 m. Elle fut réduite en 1902 à 2 400 mètres, la distance du Prix du Jockey Club, qui devint traditionnelle, sauf sept exceptions décrites ci-après. Le Prix Hocquart ne fut pas couru en 1871, de 1914 à 1919 et en 1940 du fait de la guerre. Il fut disputé au Tremblay sur 2 300 mètres en 1943, 1944 et 1945 et à Chantilly sur 2 200 mètres de 1997 à 2 000. En 2005, du fait de la réorganisation du programme classique pour les 3 ans, la distance a été réduite à 2 200 mètres, puis à 2 000 mètres à Deauville en 2016 pendant les travaux à Longchamp.

L’année suivante, il est reprogrammé en préparatoire au Grand Prix de Paris le jour du Prix de Diane, mi-juin à Chantilly, et il se dispute depuis sur 2 400 mètres.

(*) En 2020, comme le Grand Prix de Paris a été déplacé en septembre en raison de la crise sanitaire de la Covid-19, le Prix Hocquart est déplacé au début du mois d’août à Deauville sur 2 500 mètres.

La famille Hocquart

C’est Louis Hocquart de Turtot (1823-1884) que la Société d’Encouragement avait voulu honorer en attribuant son nom en 1885 au Prix de Longchamp. Après une carrière dans l’armée (capitaine d’artillerie), il avait été élu membre adjoint du comité de la Société en 1861 puis membre fondateur en 1876. Dès 1872 il avait été nommé commissaire, fonction qu’il avait occupée jusqu’à sa mort en 1884. Simultanément, il avait été, depuis sa création en 1864, l’un des quatre commissaires fondateurs de la Société des courses de Deauville (alors indépendante) dont il assura aussi la présidence. C’est pourquoi son nom a été attribué à l’une des avenues proches de l’hippodrome de Deauville.

Mais deux autres membres de sa famille, son père Édouard, et son neveu Antoine, sont aussi associés à l’histoire de la Société d’Encouragement.

Édouard Hocquart (1792-1852), chambellan des rois Louis XVIII et Charles X, et exploitant d’un élevage important à Valmont en Seine-Inférieure, fut nommé membre fondateur du comité dès 1836, à la place de Lord Henry Seymour démissionnaire.

Antoine Hocquart de Turtot (1872-1954), ancien officier de cavalerie, beau-frère de James Hennessy, fut élu membre du comité de la Société d’Encouragement en 1921. Nommé commissaire le même jour, il devint « premier commissaire » en 1928, fonction qu’il assuma pendant vingt ans, conjointement avec celle de président de la Fédération nationale des sociétés de courses. Dans l’histoire de la Société d’Encouragement un seul membre a assumé les responsabilités de premier commissaire plus longtemps que lui, La Rochette, de 1849 à 1889. Le 30 novembre 1948, Antoine Hocquart de Turtot succéda à Ganay à la présidence de la Société d’Encouragement qu’il exerça pendant deux ans et à laquelle il renonça le 1er décembre 1950 pour raison de santé. Demeuré membre du comité, il décéda le 15 janvier 1954 dans sa quatre-vingt-troisième année.

Les principales innovations et réalisations pour lesquelles l’action de Hocquart de Turtot fut déterminante sont : l’installation du totalisateur électrique à Longchamp en 1928 (initiative d’abord décriée puis appréciée comme source d’économie de main d’œuvre) ; instauration de handicaps pour 2 ans en 1930 ; institution en 1931 de prix à réclamer pour 2 ans avant l’ouverture normale en été des courses pour 2 ans ; création du PMU en 1931, considérée par beaucoup à l’époque comme une utopie ; courses parrainées en 1933 ; les « Nuits de Longchamp » de 1934 à 1939 ; le sweepstake de la Loterie Nationale en 1935.

A ces mesures prises pour réduire l’impact de la crise économique, succéda la délicate gestion des courses au galop au cours de la Seconde Guerre mondiale. Maintien de l’activité des principaux hippodromes parisiens, transport des chevaux et fourniture de leur nourriture dans les centres d’entraînement, frein aux déportations de reproducteurs, furent les principales tâches dont s’acquitta, non sans mal mais avec succès Hocquart de Turtot durant l’Occupation. Enfin, comme premier commissaire, il exposa les motifs d’une mesure historique prise par le comité de la Société d’Encouragement le 25 octobre 1946, l’ouverture de toutes les courses françaises aux chevaux étrangers « à la suite des victoires retentissantes et répétées des chevaux français en Angleterre ».

Prix Hocquart et Prix du Jockey Club

Le vainqueur du Prix Hocquart est parvenu à gagner le Prix du Jockey Club vingt-sept fois. Les réalisateurs de ce doublé furent : Patricien (1867), Bigarreau (1870), Upas (dead-heat 1886), Ragotsky (1893), Perth (1899), Ex Voto (1903), Maintenon (1906), Sardanapale (1914), Ksar (1921), Belfonds (1925), Hotweed (1929), Tourbillon (1931), Mieuxcé (1936), Clairvoyant (1937), Le Pacha (1941), Verso II (1943), Ardan (1944), Sicambre (1951), Auriban (1952), Rapace (1955), Herbager (1959), Val de Loir (1962), Reliance (1965), Val de l’Orne (1975), Darshaan (1984), Mouktar (1985) et Bering (1986).

Désormais préparatoire au Grand Prix de Paris, le Prix Hocquart a immédiatement joué son rôle puisque dès la première année en 2017, Shakeel, deuxième du Hocquart, remporta le Grand Prix de Paris le 14 juillet suivant devant Ice Breeze, quatrième, qui l’avait devancé auparavant.

Les pouliches et le Prix Hocquart

Jusqu’à la Première Guerre mondiale il n’était pas rare de voir des pouliches s’aligner dans le Prix Hocquart. Huit d’entre elles furent victorieuses : Villafranca (1863), Victorieuse (1866), Filoselle (1876), Versigny (1880), Serpolette II (1881), Orange Blossom (1904), Brienne (1905) et My Star (1910). Trois d’entre elles, Victorieuse, Versigny et Serpolette II parvinrent à remporter le Prix de Diane.

Bien que la course leur soit toujours ouverte, les pouliches brillent par leur absence, la dernière d’entre elles ayant pris une place d’honneur étant Crudité, troisième en 1935 puis lauréate du Grand Prix de Paris trois semaines plus tard.

 

Propriétaires

  • Henri Delamarre (7 victoires) : Matamore (1965), Victorieuse (1866), Patricien (1867), Faublas (1872), Filoselle (1876), Vésuve (1877), Vin Sec (1891).
  • Marcel Boussac (5 victoires) : Tourbillon (1931), Ardan (1944), Timor (1947), Auriban (1952) et Floriados (1956).
  • Aga Khan IV (5 victoires) : Darshaan (1984), Mouktar (1985), Sadjiyd (1987), Rifapour (1995) et Khalkevi (2002).
  • Famille Wertheimer (5 victoires) : Beaugency (1969), Bourbon (1971), Hakkodate ex-Talleyrand (1972) pour Mme Pierre Wertheimer, Val de l’Orne (1975) et Mot d’Or (1980) pour Jacques.
  • Frédéric de Lagrange (4 victoires) : Allez y Rondement (1862), Villafranca (1863), Le Bosphore (1868) et Farfadet (1883).
  • Edouard de Rothschild (4 victoires) : Flamant (1927), Veloucrème (1930), Royal Gift (1938), Iriflé (1939).
  • Guy de Rothschild (4 victoires) : Argel (1957), Free Ride (1964), Frontal (1967), Jeu de Paille (1983), mais aussi Poil de Chameau (1974) sous les couleurs de son épouse.
  • Auguste Lupin (3 victoires) : Absalon (1873), Saint Cyr (1875), Aérolithe (1889).
  • Bertreux (3 victoires) : Silex (1884), Upas (1886), Vanneau (1887).
  • Maurice de Rothschild (3 victoires) : My Star (1910), Faucheur (1911), Sardanapale (1914).
  • Époux Volterra (3 victoires) : My Love (1948) et Val Drake (1949) pour Léon, L’Amiral (1950) pour Susy.
  • Époux Strassburger : Bishop’s Rock (1932) pour Ralph B. Strassburger, Angers (1960) et Moutiers (1961) pour sa veuve, May.
     

Entraîneurs

  • André Fabre (9 victoires) : Jeu de Paille (1983), Nasr El Arab ( 1988), Dancehall (1989), Vadlawys (1994), Hurricane Run (2005), Démocrate (2008), Tableaux (2013), Ampère (2015), Nocturnal Fox (2018).
  • Jean-Claude Rouget (7 victoires) : Shaka (1997), Maille Pistol (2001), Coroner (2003), Lord du Sud (2004), Numide (2006), Mekhtaal (2016), Port Guillaume (2020).
  • Thomas-Richard Carter (6 victoires) : Matamore (1865), Victorieuse (1866), Patricien (1867), Faublas (1872), Filoselle (1876), Vésuve (1877). 
  • Alain de Royer Dupré (6 victoires) : Darshaan (1984), Mouktar (1985), Sadjiyd (1987), Rifapour (1995), Lord Flasheart (2000), Khalkevi (2002).
  • Alec Head (5 victoires) : Beaugency (1969), Bourbon (1971), Hakkodate ex-Talleyrand (1972), Val de l’Orne (1975), Mot d’Or (1980).
  • Tom Jennings (4 victoires) : Allez y Rondement (1862), Villafranca (1863), Le Bosphore (1868), Farfadet (1883).
  • Geoffroy Watson (4 victoires) : Argel (1957), Free Ride (1964), Frontal (1967), Poil de Chameau (1974).
  • Pascal Bary (4 victoires) : Arbatax (1996), Sayarshan (1998), Falcon Flight (1999), Ice Breeze (2017).
     

Jockeys

  • Yves Saint-Martin (5 victoires) : Reliance (1965), Margouillat (1973), Darshaan (1984), Mouktar (1985), Sadjiyd (1987).
  • Freddy Head (5 victoires) : Bourbon (1971), Hakkodate ex-Talleyrand (1972), Val de l’Orne (1975), Montcontour (1977), Mot d’Or (1980).
  • George Stern (4 victoires) : Maximum (1902), Mehari (1909), Ksar (1921), Joyeux Drille (1922).
  • Roger Poincelet (4 victoires) : L’Amiral (1950), Fort de France (1953), San Roman (1958), Le Mesnil (1963).
  • Charles Pratt (3 victoires) : Good By (1861), Villafranca (1863) et Bigarreau (1870).
  • A. Carver (3 victoires) : Faublas (1872), Filoselle (1876) et Vésuve (1877).
  • James Kearney (3 victoires) : Vanneau (1887), Ragotsky (1893) et Kerym (1896).
  • Charles Semblat (3 victoires) : Belfonds (1925), Hotweed (1929) et Le Grand Cyrus (1933).
  • Charles Bouillon (3 victoires) : Veloucrème (1930), Mieuxcé (1936) et Royal Gift (1938).
  • William Johnstone (3 victoires) : My Love (1948), Val Drake (1949) et Auriban (1952).
  • Christophe Soumillon (3 victoires) : Khalkevi (2002), Hurricane Run (2005) et Prairie Star (2011).