Historique des Drags : La finale de l'été

12 juin 2021

Historique des Drags : La finale de l'été

Photo scoopdyga.com

Juin, Auteuil

Prix des Drags

 

Groupe 2, 4 ans et au-dessus, 4 400 m, 155 000 €

Créé en 1883

Tenante du titre : Roxinela (f7, FRA par Muhtathir et Grivette, par Antarctique), appartenant à Gheorghe Codre, élevée par Gheorghe Codre, entraînée par François-Marie Cottin, montée par Régis Schmidlin.

Le Prix des Drags sera couru en 2021 pour la 134ème fois.

L'édition 2020

Samedi 4 juillet 2020, Auteuil. – La fin de parcours des 4 400 mètres du prix des Drags (Gr2), principal rendez-vous de la réunion, a été particulièrement animée puisque trois leaders se sont succédés entre l’entrée de la ligne droite et l’arrivée : l’animateur Via Dolorosa (König Shuffle) venait de céder le commandement à Crystal Beach (Network), qui avait été un peu allant après un faux départ, et le champion de JDG Bloodstock semblait parti pour la gloire, mais il n’a pu résister sur le plat au rush final de Roxinela (Muhtathir), perdant même pour finir la deuxième place au bénéfice d’un Al Roc (Great Pretender) longtemps monté sans prétention par Kevin Nabet et finalement à une longueur seulement de la gagnante sur le fil.

On notera que le gagnant du prix du Président de la république (Gr3) D’Jango (Balko) est tombé en début de parcours, et que Srelighonn (Martaline) s’est dérobé en raison d’un problème de bride au bout de la ligne d’en face. Edgeoy (Saddler Maker), toujours à la pointe du combat, a plafonné pour finir et finit quatrième.

Placée de pratiquement toutes ses courses de haut niveau l’année dernière, Roxinela avait déjà fini sa saison 2019 en beauté en s’imposant dans le prix Georges Courtois (Gr2). Elle avait effectué sa rentrée dans le prix Murat (Gr2), où elle a longtemps figuré et ne s’est jamais avouée vaincue, puis avait échoué à Compiègne dans le prix Héros XII (Gr3) remporté par Edgeoy avant de prendre la deuxième place du prix Rigoletto (L), toujours à Compiègne, loin d’un spécialiste de cette piste, Hell Boy.

François-Marie Cottin est l’entraîneur de cette représentante de Gheorghe et Roxana Codre, également éleveurs de la fille de la brave Grivette (Antarctique), lauréate à 4 ans du prix Alain du Breil (Gr1) sur les haies d’Auteuil.

 

Historique

Le premier Prix des Drags fut couru le vendredi 1er juin 1883 à Auteuil. Steeple-chase, handicap, disputé sur 4 200 mètres, il revint au favori le concurrent anglais Lord Chancellor, portant le top-weight 75,5 kilos, qui avait fait ses preuves outre-Manche en s’adjugeant le Grand Sefton Chase à Aintree et le Grand Military Gold Cup à Sandown. Il n’avait pas disputé cinq jours avant le Grand Steeple-Chase de Paris, entreprise réalisée par la jument anglaise Eau de Vie qui, après avoir obtenu la deuxième place le dimanche, dut se contenter de la troisième le vendredi. Crédité de 11 550 F pour la victoire de son cheval dans « les Drags », M. Henderson décida de le laisser encore quatre jours à Paris pour récolter 12 750 F supplémentaires le lundi 4 juin, et cela sans effort, Lord Chancellor courant seul dans le Prix des Cascades (5 000 mètres), les opposants ayant décliné la lutte devant la supériorité évidente du sauteur britannique.

Même scénario l’année suivante avec pour vedette Eau de Vie (9 ans) appartenant au duc de Hamilton, entraînée en Angleterre par Richard Marsh et montée par le beau-frère de celui-ci, l’amateur Dennis Thirlwell. Premier succès le vendredi dans le Prix des Drags aux dépens de Baudres, le champion du baron Finot, lauréat le mercredi de la Grande Course de Haies d’Auteuil. Mais le second succès, le lundi 9 juin dans le Prix des Cascades, n’est pas une promenade de santé. Portant 78 kilos, Eau de Vie ne précède que d’une tête son compatriote, le 4 ans Donny Carney (63 kilos). Celui-ci n’avait pas chômé, s’étant classé quatrième du Grand Steeple le dimanche 1er juin et premier du Prix du Défilé (3 600 mètres) le vendredi 6 juin.

Ces deux victoires initiales de chevaux britanniques furent sans lendemain. En effet au palmarès de la course (pas disputée de 1915 à 1918, ni en 1940), on ne relève que trois autres noms de concurrents venus d’outre-Manche, ceux de Jerry M (1909), de Easter Hero (1928) et de Herring Gull (1970, entraîné par John Ciechanowski bien connu en France). Tous trois avaient au préalable participé au Grand Steeple cinq jours avant. Les deux derniers nommés y avaient chuté. Quant à Jerry M, qui avait été défait par Saint Caradec, il devait prendre sa revanche un an plus tard en surclassant l’opposition française.

De 1883 à 1894, le Prix des Drags se courait sous la forme d’un handicap avec une seule condition « tout gagnant après la publication des poids portera 3 kilos ». A partir de 1895, il devint une course à conditions (avec différentes surcharges) pour les chevaux ayant été engagés dans le Grand Steeple-Chase de Paris ou la Grande Course de Haies d’Auteuil à l’exclusion des gagnants de ces deux courses de l’année. En somme, le Prix des Drags était destiné aux infortunés du Grand Steeple-Chase de Paris couru cinq jours plus tôt. Il en fut ainsi jusqu’en 1947, année où l’exclusion ne concerna plus que le gagnant du Grand Steeple. A compter de 1970, le lauréat du Grand Steeple ne fut plus exclu en tant que tel, mais simplement parce que les conditions prévoyaient que les chevaux ne devaient pas avoir gagné un prix de 80 000 F, puis en 1973 un prix de 200 000 F. Enfin à compter de 1988, le Prix des Drags fut couru le même jour que le Grand Steeple et ce jusqu’en 1997, période pendant laquelle la qualité des partants s’estompa. En 1998, quand le Grand Steeple fut avancé au dernier dimanche de mai, le Prix des Drags resta attaché à la troisième semaine de juin, composant, avec la Grande Course de Haies et le Prix Alain du Breil, la seconde réunion d’excellence à Auteuil au cours du premier semestre. L’allocation destinée au vainqueur ayant été fortement augmentée, le Prix des Drags a retrouvé une nouvelle jeunesse et attire désormais les meilleurs steeple-chasers disponibles, dont les rescapés du Grand Steeple disposant maintenant d’un répit de trois semaines.

Les Drags, pas la drague...

Le Larousse définit le drag comme une sorte de voiture (genre mail-coach), « dans laquelle les femmes suivent un drag, c’est-à-dire une course simulant une chasse à courre dans laquelle la bête est figurée par un cavalier dont le cheval traîne une peau de renard, traçant ainsi une piste sur laquelle des chiens sont lâchés ».

La journée des Drags, c’est la fête de l’élégance voulue à Auteuil par le prince de Sagan, président de la Société des Steeple-Chases de France. Après le Grand Steeple couru le dimanche et la Grande Course de Haies disputée le mercredi, sont programmées le vendredi, à partir de 1893, quatre courses portant des noms évocateurs : Prix du Rendez-vous, Prix du Défilé, Prix des Drags, Prix de la Vénerie. Ce jour, des attelages à quatre chevaux (four-in-hand), rassemblés place de la Concorde devant l’hôtel de Coislin (qui abrite le siège de la Société des Steeple-Chases de France), s’ébranlent à 1 h 15 menés par leurs distingués propriétaires (et non par des cochers), transportant une dizaine d’invités. Remontant les Champs Elysées, puis descendant l’avenue du Bois (maintenant avenue Foch), ils serpentent le long des lacs du bois de Boulogne et pénètrent à 2 heures sur la pelouse d’Auteuil. Ils y défilent au son d’une joyeuse marche militaire. Une fois descendus, les élégants passagers traversent la piste, sur le tapis qui leur est déroulé, pour se rendre au pesage où ils sont les hôtes des membres du Comité. Tournant le dos à la scène hippique, ils se promènent dans les coulisses, sous les grands arbres du paddock, et font quelques arrêts au Pavillon roumain où est donné un goûter. « Pour des réunions de ce genre, les courses ne sont plus qu’un prétexte : on ne va pas pour voir, mais pour être vu : il s’agit d’une lutte de coquetterie qui efface tout le reste et absorbe tous les regards et c’est bien dans la tribune du Comité que se dispute le prix spécial pour les dames élégantes appartenant à la haute société parisienne ».

Dix-neuf mail-coaches dénombrés le 13 juin 1890 à Auteuil. Vingt-six en 1891, douze en 1904, dix en 1911. Suspendue pendant les deux guerres mondiales, la fête de l’élégance aura cependant une longue vie grâce au renfort des maisons de couture heureuses de présenter la mode ce jour-là. La tradition se poursuivra jusqu’en 1967. Il faudra les événements de 1968 pour condamner à mort l’élégance à Auteuil. 

N.B. Texte extrait du livre « Auteuil hier et aujourd’hui » (tome 1, 1830-1915) par Guy Thibault (Editions du Castelet, Menton).

Les séries

Ils sont au nombre de huit. Deux chevaux ont gagné la course trois fois : Journaliste (1908, 1910, 1911) et Quo Vadis (1954, 1955, 1958). Et six l’ont gagnée deux fois : Gisors (1886, 1887), Violon II (1904, 1906), Héros XII (1920, 1923), Dryas (1946, 1947), Florinaco (1963, 1965) et El Paso III (2001, 2002).

Prix des Drags et Grand Steeple

Le doublé a été réalisé 14 fois. Dans l’ordre Grand Steeple-Drags, quatre fois, par Valois (1896-1897), Kargal (1943, 1945), Bel La Vie (2013-2015), Storm of Saintly (2014-2016). Dans l’ordre Drags-Grand Steeple, dix fois, par Solitaire (1896-1897), Jerry M (1909-1910), L’Yser (1921-1923), Symbole (1941-1942), Bouzoulou (1948-1949), Bonosnap (1956-1957), Cacao (1966-1967), Ubu III (1991-1995), Arenice (1995-1996), Polar Rochelais (2009-2010). Un cheval, Héros XII, a intercalé une victoire dans le Grand Steeple (1922) entre deux succès dans les Drags (1920, 1923). Enfin, bien que le vainqueur du Grand Steeple n’était pas qualifié pour courir la même année le Prix des Drags, le doublé fut réalisé en 2002 par El Paso III, à qui fut attribuée la première place du Grand Steeple-Chase à l’automne après le distancement de Double Car seulement signifié à cette époque après une longue enquête relative à la présence de substances prohibées.

 

Propriétaires

  • Jules Finot (3 victoires) : North Pole (1885), Ardent II (1898), Quitte ou Double (1900) ;
  • Eugène Fischhof (3 victoires) : Journaliste (1908, 1910, 1911) ;
  • Max de Rivaud (3 victoires) : Strelitz (1930), Heugon (1931), Mérigo (1944) ;
  • Alberto Duggan (3 victoires) : L’Arbre Broyé (1939), Dryas (1946, 1947) ;
  • Pierre Delafosse (3 victoires) : Quo Vadis (1954, 1955, 1958) ;
  • Daniel Wildenstein (3 victoires) : Ardfern (1961), Dear Patrick (1984), Indien Bleu (2000).

Entraîneurs

  • Jean-Paul Gallorini (6 victoires) : Ardfern (1961), Si Jamais (1989), King Mister (1993), Cour d’Honneur (1994), Indien Bleu (2000) et Princesse Kap (2014)
  • Alphonse Baresse (4 victoires) : De La Tour (1890), Senlis (1891) et Violon II (1904, 1906). 
  • Maurice d’Okhuysen (4 victoires) : Strelitz (1930), Heugon (1931), Jalgreya (1943) et Kargal (1945). 
  • René Pelat (4 victoires) : Quo Vadis (1954, 1955, 1958) et Vidilino (1971). 
  • François Doumen (4 victoires) : Nupsala (1987), Ubu III (1991), Corton (1997) et Rubissimo (1999). 

Jockeys

  • Paul Péraldi (4 victoires) : Rameau (1951), Quo Vadis (1954, 1955) et Bonosnap (1956) ;
  • Christophe Pieux (4 victoires) : Chamberko (1998), El Paso III (2002), Hercule Noir (2005) et Louping d’Ainay (2008).
  • George Mitchell (3 victoires) : Héros XII (1920, 1923) et Virulent (1924). 
  • Robert Bates (3 victoires) : Mérigo (1943) et Dryas (1946, 1947). 
  • Denis Leblond (3 victoires) : Ardfern (1981), Dear Patrick (1984) et Gamelion (1986). 
  • Philippe Chevalier (3 victoires) : King Mister (1993), Cabernet (1996) et Corton (1997).