Francis Graffard : « In Swoop progresse en permanence »

2 octobre 2020

Francis Graffard : « In Swoop progresse en permanence »

Photos scoopdyga.com / PA Images

Entraîneur à Chantilly, Francis Graffard présente In Swoop au départ du Qatar Prix de l’Arc de Triomphe. Ce cheval de 3 ans est né en Allemagne, au sein du prestigieux Gestut Schlenderhan appartenant à la famille von Ullmann. Or les chevaux allemands ont la réputation de posséder une aptitude au terrain lourd… ce qui pourrait constituer un énorme atout dimanche !

« Ce n’est pas parce qu’il est allemand qu’il sait nécessairement “nager”, confie Francis Graffard avec un certain humour. Le cheval n’a jamais eu l’occasion de courir sur une piste aussi pénible que celle attendue dimanche. Une seule fois, à Lyon, le terrain était un peu souple et manifestement, cela ne l’a pas dérangé. Pas plus que lundi, lors de son dernier travail sur une piste bien souple. »

Qu’en pense son éleveur et propriétaire le baron von Ullmann ? « J’ai évoqué avec lui la question du terrain cette semaine. Il m’a dit que tous les chevaux de sa famille, que ce soit en lignée paternelle ou maternelle, allaient bien dans le terrain souple. J’espère simplement qu’il ne sera pas une exception au sein de sa famille. »

L’autre question, au sujet d’In Swoop, est celui de la valeur des chevaux de 3 ans par rapport à leurs aînés. En l’occurrence, In Swoop fait partie des chefs de file de sa génération, puisqu’il a gagné le Derby allemand à Hambourg au printemps (c’était d’ailleurs la première fois qu’un entraîneur français remportait cette grande épreuve). « Il est assez difficile de les situer, car nous avons vu peu de confrontations au plus haut niveau entre les 3 ans et leurs aînés sur la distance de 2 400 mètres. La seule chose que je sais, c’est qu’In Swoop a beaucoup d’atouts être dans les cinq premiers. C’est un cheval d’un naturel très calme, qui peut donner l’impression de ne pas s’intéresser à la course, comme dans le Derby allemand : il était monté aux bras pour garder le contact… et il n’a commencé à galoper que dans les deux cents derniers mètres pour gagner ! Il a beaucoup de tenue et encaisse bien ses courses. Il progresse en permanence et est monté sur sa course d’il y a trois semaines, où il manquait de travail ce qui ne l’a pas empêché de me surprendre très positivement. Il sera au top dimanche. »

C’est aussi un cheval tout neuf, puisqu’il ne disputera dans l’Arc que sa cinquième course !

La dernière fois que l’un des favoris était arrivé avec aussi peu d’expérience sur le championnat du monde des pur-sang, il s’était imposé : c’était Trève en 2013.

 

Deirdre, espoir du peuple des courses japonaises

C’est le rêve de tout un peuple ! Le Japon est toujours en quête d’un premier succès dans le Qatar Prix de l’Arc de Triomphe. Le champion Orfèvre avait été battu du minimum pour sa première participation en 2012, puis avait subi la loi de Trêve l’année suivante.

Cette année, c’est la femelle Deirdre qui portera les espoirs du pays du Soleil levant. Elle est devenue l’an dernier le premier cheval japonais à remporter un Groupe 1 en Grande-Bretagne. Maintenant, elle s’attaque à la France, après avoir effectué sa préparation à Newmarket (Angleterre).

Yoshitake Hashida, fils et assistant de Mitsuru Hashida, l’entraîneur de Deirdre, a analysé les chances de sa protégée : « Deirdre va très bien. Nous avons essayé de comprendre pourquoi elle avait mal couru la dernière fois [septième et dernière des Qatar Nassau Stakes (Groupe 1), ndlr]. Nous avons tenté de trouver des solutions et avons un peu changé son alimentation, par exemple, ainsi que l’entraînement le matin pour qu’elle reprenne de la fraicheur, mentalement comme physiquement. Cela a l’air de bien marcher. J’ai le sentiment qu’elle revient dans une condition assez similaire à celle de l’an dernier. Je pense qu’elle est capable de fournir une belle performance dimanche. Évidemment, nous parlons de l’Arc : l’Arc, c’est l’Arc, la meilleure course du monde. Nous sommes outsiders : nous arrivons avec modestie. C’est une course tellement prestigieuse. Mais nous croyons Deirdre capable de fournir une belle performance et nous comptons saisir notre chance. Je ne sais pas si l’Arc sera sa dernière sortie. Mais elle rentrera au haras l’année prochaine. »

Deirdre est arrivée en Europe en juin 2019. C’était un choix audacieux pour les propriétaires de la jument. Un choix gagnant puisque Deirdre a remportée quelques semaines plus tard les Qatar Nassau Stakes. Yoshitake Hashida explique : « Les propriétaires de Deirdre veulent avant tout vibrer aux courses. L’aspect financier n’est pas la raison pour laquelle ils veulent avoir des chevaux de course. Deirdre a permis aux Japonais de découvrir la beauté des courses européennes. Nous avons personnellement appris beaucoup de choses lors de cette aventure avec elle, mais les Japonais aussi. Ils ont pu voir les meilleurs chevaux européens en action, parier sur des grandes courses européennes. Je crois que Deirdre a beaucoup apporté aux courses japonaises. Elle est devenue le premier cheval japonais à remporter un Groupe 1 en Grande-Bretagne : je crois que c’est une grande victoire, pour les courses japonaises, mais aussi pour les courses britanniques. Nous avons aussi gagné grâce au soutien des acteurs des courses en Grande-Bretagne : nous sommes une petite équipe et nous n’aurions pas pu y arriver sans aide. En contrepartie, nous avons permis aux Japonais de suivre les courses européennes en suivant Deirdre. Bien sûr, ils connaissent déjà bien l’Arc et Longchamp. Mais nous avons été heureux de leur montrer à quel point Goodwood est beau, ainsi que Leopardstown, Ascot… »