Diane Longines : Victoire historique de Nashwa et Hollie Doyle

19 juin 2022

Nashwa et Hollie Doyle remportent le Prix de Diane Longines (Gr1), dimanche 19 juin 2022 sur l'hippodrome de Chantilly.

Photo scoopdyga.com

Dimanche 19 juin 2022, Hippodrome de Chantilly (Oise). – La 173ème édition du Prix de Diane Longines (Gr1) a sacré la concurrente anglaise Nashwa (Frankel), et pour la première fois une femme dans le rôle du jockey gagnant, Hollie Doyle. Troisième des Oaks d’Epsom lors de sa précédente sortie, la pensionnaire de John et Thady Gosden a pris les devants pour se porter aux côtés de la favorite, Agave (Dubawi) avec dans leur dos, très bien placée, La Parisienne (Zarak). Avec son 17 à la corde, Rosacea (Soldier Hollow) est restée à l’arrière-garde. A l’entrée de la ligne droite, les deux leaders ont pris un peu de champ sur le peloton et il a semblé un instant qu’elles iraient seules rallier le poteau, mais à environ trois cents mètres de l’arrivée, l’anglaise a pris le dessus sur sa rivale et c’est alors La Parisienne que Gérald Mossé a lancée à l’attaque. Le duel qui a suivi est longtemps resté incertain mais Nashwa a gardé le meilleur pour s’imposer d’une courte encolure. À quatre longueurs et demie, Rosacea, venue de très loin par la corde, a arraché la troisième place à Agave tandis qu’à plus de 100/1, Fall in Love (Sea the Stars), longtemps dernière elle aussi, a fini fort cinquième.

Troisième pour sa seule course à 2 ans l’an dernier, Nashwa avait gagné pour sa rentrée avant de tenter sa chance dans les Oaks Trials (L) de Newbury, sur 2 000 mètres, qu’elle avait dominés facilement. Sa tenue avait manqué pour confirmer tout à fait dans les Oaks d’Epsom et ici, elle a montré que les 2 100 mètres étaient pile dans ses aptitudes.

Nashwa a été élevée en Grande-Bretagne par Blue Diamond Stud, le haras d’Imad Al Sagar, propriétaire de Nashwa, qui fit aussi courir le gagnant du Derby d’Epsom Authorized. Elle n’est pas passée en vente, contrairement à son frère aîné Louganini (Zoffany), hongre gagnant vendu 60 000 £ l’année dernière à Tattersalls. Leur mère Princess Loulou (Pivotal) a gagné au niveau Listed en Angleterre et pris la deuxième place du Prix Jean Romanet (Gr1) sur 2 000 mètres à Deauville.

Une fille de Decorated Knight est née en 2021.

Ils ont dit...

Hollie Doyle (jockey de Nashwa, 1re)

« Je n’ai pas les mots pour décrire ce que je ressens. Je ne peux que remercier M. Al Sagar qui m’a donné cette opportunité. Je n’ai que 25 ans et tomber sur des chevaux comme les siens, je sais que cela peut prendre beaucoup de temps ! Avant la course, j’avais une grande confiance en ma pouliche. Elle venait de finir troisième des Oaks, et je savais que le retour sur une distance plus courte allait lui plaire. Concernant la course, je pensais qu’il y aurait plus de train. Mais finalement, on était bien là où on était, à la corde. Pour finir, La Parisienne nous a attaquées très vivement. »

John Gosden (entraîneur de Nashwa, 1re)

« Il y a quelques années, quand Imad Al Sagar, le propriétaire de Nashwa, m’a dit qu’il cherchait un jockey avec qui signer un contrat, et qu’il m’a montré sa liste, j’ai tout de suite appuyé le nom d’Hollie Doyle. C’est une jeune femme très talentueuse, très méticuleuse et travailleuse. Les chevaux donnent tout pour elle ! Aujourd’hui, elle a encore prouvé qu’elle était une pilote de grande classe, car la course ne s’est pas déroulée comme nous l’avions prévu et elle a pris les bonnes décisions. Dans le dernier tournant, elle a su détendre sa pouliche et elle a démarré au bon moment dans la ligne droite : elle a monté avec beaucoup de classe ! Concernant Nashwa, elle vient de livrer deux combats difficiles. Je remercie M. Al Sagar d’avoir accepté de la faire voyager en avion. Avec les températures que nous avons subies, cela a beaucoup aidé la pouliche. À présent, elle va bénéficier de vacances et nous reviendrons certainement en France à l’automne pour courir le Prix de l’Opéra. »

Imad Al Sagar (propriétaire et éleveur de Nashwa, 1re)

« Je suis sur la lune ! Après toutes ces années d'élevage, une victoire classique, c'est une sensation indescriptible. Je suis si fier de cette pouliche et d’Hollie Doyle. Elle l'a si bien montée. Ma pouliche a gagné une grande course, face à de grandes pouliches, entraînées par de grands professionnels... C'est une grande performance et je suis très heureux qu’Hollie devienne la première femme à remporter ce classique. »

Carlos Lerner (coentraîneur de La Parisienne, 2e) - Centre d’entraînement de Maisons-Laffitte (Yvelines)

« Nous avons cru à l’exploit ! Je pense que nous sommes tout simplement battus par une championne... C’est une anglaise qui bat La Parisienne, cherchez l’erreur ! La pouliche a été élevée au haras du Cadran, chez Pierre Talvard, mon ami depuis toujours. Ce dernier m’avait conseillé de l’acheter lorsqu’elle était passée aux ventes. Physiquement, elle m’a toujours beaucoup plu ! Après sa victoire en débutant à Deauville, nous l’avions vendue en grande partie à Peter Bradley. Désormais, c’est mon fils Yann qui fait tout à l’entraînement... Je lui ai passé la main. »

Yann Lerner (coentraîneur de La Parisienne, 2e) - Centre d’entraînement de Maisons-Laffitte (Yvelines)

« C’est top ! Mais je suis un peu déçu car je n’ai pas pu faire mieux que mon père (qui a terminé deuxième de cette course avec Volvoreta, en 2000, et quatrième avec Célimène, en 2009, alors que Yann était à l’époque le jockey de la pouliche NDLR)... On savait que la pouliche était en grande condition. Le matin, elle était dans un super état. Elle a eu un super passage et elle a surtout été montée au millimètre... La Parisienne n’a eu qu’un bout à faire, on ne peut pas faire mieux. La gagnante est un « rock ». La Parisienne est une pouliche qui aime beaucoup les terrains souples, on espère qu’on pourra un Gr1 avec elle. »

Pierre Talvard (éleveur de La Parisienne, 2e) - Haras du Cadran (Orne)

« C’est comme si l’on avait gagné, même si la prime à l’éleveur ne sera pas la même ! Je suis fou de joie, comblé ! Ce n’est pas une surprise de la voir deuxième, j’y croyais. Les pluies de ce matin l’ont aidée. Gérald Mossé l’a très bien montée et il l’a aussi très bien gérée : c’était parfait. On est battus par une très bonne pouliche. La Parisienne a un physique exceptionnel. Mon ami Carlos [Lerner, ndlr] l’avait remarquée quand elle était yearling et l’avait achetée. »

Stéphane Wattel (entraîneur de Rosacea, 3e) - Centre d’entraînement de Deauville (Calvados)

« Je suis très content de Rosacea car elle a été très maniable. Christophe Soumillon a monté une bonne course. Le leader a fait son travail : il a pu ramener le peloton extérieur vers la tête. Dans la ligne droite, le trou était fait mais sa pointe de vitesse a parlé. Monter sur le podium est un accomplissement mais nous avons encore le droit de rêver à une victoire de Groupe 1. D'autant que Rosacea n'avait pas son terrain, ni un bon numéro de corde. Ce ne sera pas toujours comme ça ! »

Claude Beniada (représentant en France de Juddmonte, propriétaire et éleveur d’Agave, 4e) - Centre d’entraînement de Chantilly (Oise)

« Nous sommes ravis, elle court très bien ! Elle a fait son maximum, a eu un bon parcours et n'a pas d'excuses. C'est une bonne performance, il n'y a rien de déshonorant à terminer quatrième du Prix de Diane. C'est une pouliche qui a un bon caractère et qui est facile. Nous verrons comment elle va récupérer, André Fabre décidera de la suite. »

Hiroo Shimizu (entraîneur de Fall in Love, 5e) - Centre d’entraînement de Chantilly (Oise - 60)

« Nous avions établi une bonne tactique compte tenu de notre numéro à l’extérieur. J'avais demandé à son jockey de la reprendre au départ, ce qu'il a fait. Nous nous sommes retrouvés ainsi en septième ou huitième position, en dedans. C'est dommage que la pouliche ait été coincée à trois cents mètres du but. Sans cela, nous aurions pu finir troisième. Mais nous n'aurions pas gagné. C'est une superbe performance de sa part. Cette cinquième place nous ouvre de belles perspectives pour la suite. Peut-être que nous courrons le Prix de Pomone cet été à Deauville. Ensuite, nous pourrions voyager, aux États-Unis par exemple. C'est une pouliche de bon terrain et aux États-Unis, elle trouvera un terrain qu'elle apprécie. Nous pourrions l'emmener à la Breeders' Cup ensuite. »