Darley Morny : Le défilé de la 149ème édition

L'édition 2019 du Darley Prix Morny (Gr1), championnat des 2ans disputé sur 1 200 mètres ce dimanche à Deauville qui se déroule cette année pour la 149ème fois, est aussi la finale des Darley Series. Les deux premières étapes, le Darley Prix Robert Papin (Gr2) et le Darley Prix de Cabourg (Gr3), sont revenues respectivement à A'Ali (Society Rock) et à Earthlight (Shamardal). L'un et l'autre font partie des huit concurrents pour ce rendez-vous de prestige sur le plan européen, qui cette saison plus que jamais mérite son statut de championnat : trois de leurs adversaires viennent de s'imposer au niveau groupe en Grande-Bretagne et en Irlande, et les trois autres sont des poulains sur la montante, capables de profiter de cette occasion pour réussir des débuts fracassants au top-niveau.

Voici leur CV...

A’ALI (Society Rock)

Malgré un départ un peu manqué, A’Ali n’a finalement pas fait trembler ses supporters pour enlever le Darley Prix Robert Papin (Gr2) le 21 juillet dernier. Cela a permis au pensionnaire de Simon Crisford de prendre ses repères sur le parcours du Darley Prix Morny, puisque cette édition du « Robert Papin » avait dû être délocalisée sur la Côte Normande au lieu de se tenir à Maisons-Laffitte. Cette fois, les choses sérieuses commencent vraiment pour A’Ali, car l’opposition sera nettement supérieure que dans le « Robert Papin. Le fils de Society Rock – un top sprinter de ces dernières années – fait néanmoins figure de point d’appui dans cette édition du « Morny ». Une victoire de sa part lui permettrait de faire aussi bien que Reckless Abandon qui, en 2012, avait gagné le « Morny » après avoir remporté les Norkfolk Stakes (Gr2) de Royal Ascot, puis le « Robert Papin ». A’Ali a gagné les deux premières courses nommées et tente d’empocher la troisième ce dimanche.

GOLDEN HORDE (Lethal Force)

Présenté par l'entraîneur anglais Clive Cox, déjà au palmarès du Prix Morny avec Reckless Abandon (2012), Golden Horde est un sérieux client dans cette édition 2019. Cinquième à Royal Ascot des Coventry Stakes (Gr2 – la meilleure course de 2ans du meeting anglais), il vient de s’imposer dans les Qatar Richmond Stakes (Gr2), lors du meeting de Glorious Goodwood. Vite parmi les premiers, il s’est livré dans la phase finale à une lutte épique avec Threat (2^e des Coventry Stakes) et ces deux-là ont devancé de plus de trois longueurs le troisième, Royal Dornoch. Les Richmond Stakes de Goodwood sacrent toujours un bon cheval : en 2015, c’était Shalaa qui s’y imposait avant de s’imposer dans le « Morny ». Visiblement déjà très lutteur malgré son inexpérience, Golden Horde est un sérieux candidat à la victoire ici.

EARTHLIGHT (Shamardal)

Depuis 2000, le « Morny » est resté français à trois reprises seulement et la dernière victoire pour un cheval entraîné dans l’Hexagone remonte à 2011 avec Dabirsim. Celui qui est le plus indiqué pour mettre fin à cette hégémonie étrangère cette année, c’est Earthlight. Il est présenté par André Fabre, qui a déjà gagné le « Morny », mais cela commence également à dater un peu : son unique succès dans cette épreuve remonte à 1992 avec le champion Zafonic. Jusqu’à présent, Earthlight ne compte aucune fausse note. Après deux succès très faciles, il a réussi avec brio son test au niveau Groupe dans le Darley Prix de Cabourg (Gr3), qu’il a survolé devant un pensionnaire de Charlie Appleby qui venait de s’imposer avec la manière dans le Prix Roland de Chambure (Listed). Earthlight est peut-être du bois dont on fait les cracks. Si c’est le cas, il peut s’imposer dimanche

ROYAL DORNOCH (Gleneagles)

Issu de la première production de Gleneagles - qui compte déjà des gagnants de courses de Groupe -, Royal Dornoch n’a pas encore le palmarès de son compagnon d’entraînement, Arizona. Il vient de bien courir dans les Qatar Richmond Stakes (Gr2) de Goodwood, y terminant troisième, mais il était alors bien battu par Golden Horde, qu’il rencontre à nouveau ce dimanche. A priori, Royal Dornoch trouve ce dimanche quelques adversaires bien meilleurs que lui et ce serait une vraie surprise s’il parvenait à s’imposer.

ARIZONA (No Nay Never)

Etonnamment, l'entraîneur numéro un en Irlande Aidan O’Brien n’a pas gagné le Darley Prix Morny depuis 2001 et le phénomène Johannesburg. Il délègue cette année Arizona, un fils de l’américain No Nay Never qui avait remporté le « Morny » en 2013 sous l’entraînement de Wesley Ward. Appartenant à la même famille maternelle que Dabirsim, Arizona réalise un début de carrière tout à fait prometteur. Il s’est hissé parmi les meilleurs de la génération des 2ans le 18 juin dernier lorsqu’il a enlevé les Coventry Stakes (Gr2) à Royal Ascot. Annoncé dans un premier temps comme devant courir le 9 août dernier les Phoenix Stakes (Gr1) au Curragh, Arizona a finalement décliné la lutte, évitant ainsi d’affronter le très bon Siskin. Que faut-il en conclure ? Son entourage estimait-il que SIskin était imbattable au Curragh et que le « Morny » était plus abordable pour Arizona ? Réponse dimanche.

DEVIL (Siyouni)

Avec une seule course au compteur, Devil est le concurrent le moins expérimenté dans ce Darley Prix Morny. Le 27 juillet dernier, lors de l’ouverture du meeting de Deauville, Devil a gagné avec classe l’Arqana Prix de Tancarville, sur le même parcours que le « Morny ». Il n’est pas rare de voir des gagnants du « Tancarville » - une course pour inédits très prisée – tenter directement leur chance dans le « Morny », mais le doublé devient de plus en plus rare. Entraîneur de Devil, Freddy Head l’a déjà tenté, notamment avec Naaqoos en 2008 (il sera cinquième du « Morny »). Le challenge est donc difficile pour Devil, mais s’il décroche une place sur le podium, cela voudra bien dire que ce cheval appartenant à la grande famille allemande de Borgia s’annonce comme l’un des meilleurs 2ans de sa promotion.

RAFFLE PRIZE (Slade Power)

L’an dernier, la pouliche Pretty Pollyanna s’imposait dans le Darley Prix Morny après avoir laissé une très grosse impression au meeting de Newmarket July dans les Duchess of Cambridge Stakes (Gr2). Cette année, la gagnante du Groupe 2 de Newmarket s’appelle Raffle Prize et elle est au départ ce dimanche du « Morny ». Le 12 juillet dernier, Raffle Prize s’est montré intouchable, contrôlant la course quasiment d’un bout à l’autre. Ce succès faisait suite à celui obtenu d’une tête à Royal Ascot dans les Queen Mary Stakes (Gr2), sur 1 000m. C’était le deuxième succès de son entraîneur, Mark Johnston, dans ce Groupe 2 au meeting royal d'Ascot ; le premier ayant été enregistré en 2003 avec la grande championne Attraction. Si Raffle Prize possède autant de talent qu’Attraction, elle peut faire mouche ce dimanche associée à l’homme en forme du moment, Frankie Dettori, déjà cinq fois au palmarès du « Morny ».

AROHA (Kodiac)

En six sorties, Aroha n’a toujours pas passé le poteau en tête, mais le palmarès de cette fille de Kodiac est déjà fort respectable. Elle compte notamment en juin une troisième place dans les Albany Stakes (Gr3), qui est la meilleure course pour pouliches de 2ans du meeting royal d'Ascot, et elle a confirmé ensuite fin juillet en terminant deuxième des Princess Margaret Keeneland Stakes (Gr3), toujours à Ascot. Cette fois, Aroha va trouver également les mâles et pas n’importe lesquels, puisque l’élite des 2ans de vitesse de l’Europe est là. Il lui faudra donc hausser encore son niveau de jeu pour rivaliser avec eux.