9 October 2023
Photo scoopdyga.com
Aujourd’hui, j’aimerais d’abord vous remercier, vous qui avez tant donné pour les courses au cours des dernières années : en participant activement à ce Comité, en dirigeant une société de courses, en représentant une association, en travaillant au sein du Conseil d’administration, ou encore en assumant la charge d’une vice-présidence ou d’un Conseil. Un grand merci à tous. Vous avez toute ma gratitude et ma reconnaissance, et j’associe évidemment à ces remerciements ceux qui vous ont précédé au cours des quatre mandatures que j’ai eu l’honneur de présider.
Depuis que j’ai annoncé mon retrait, j’ai eu du temps pour réfléchir à ce que nous avons accompli ensemble. Et c’est de cela que j’aimerais vous parler à présent.
Le premier témoignage que je veux vous transmettre, c’est qu’il ne faut jamais opposer les uns aux autres. Il ne faut jamais opposer le plat à l’obstacle, jamais opposer Paris aux régions, jamais opposer les petits aux gros acteurs. Car ce qui fait la richesse de notre filière, c’est sa diversité. Une pyramide a besoin à la fois d’un sommet élevé et d’une base large.
Cela a été un fil conducteur pour moi, à chaque fois que je devais prendre une décision importante.
Le monde dans lequel nous vivons – et là je ne parle pas des courses, mais de notre société en général – est parfois assez sombre. Les hommes préfèrent, parce que c’est plus facile, accroître les fractures plutôt que de chercher à les réduire. Ils préfèrent souffler sur les braises au lieu de chercher à éteindre le début d’incendie.
Eh bien après de longues années à la tête de France Galop, ma conviction profonde est que nous, les acteurs des courses au galop, réussissions assez bien à résister à cette mauvaise tentation de la division. Certes, nous ne sommes pas toujours d’accord entre nous, mais nous sommes rarement désunis.
Entre aujourd’hui et la mi-décembre, certains d’entre vous mèneront une campagne, que ce soit lors des élections professionnelles ou lors de l’élection présidentielle : vous ferez ce que bon vous semble, mais si vous le pouvez, gardez toujours en tête l’intérêt général et ne vous laissez pas envahir par la tentation du clanisme.
Plus que jamais, il est tout à fait essentiel et vital que nous restions unis. Car c’est cette union qui fait notre puissance. Lorsque nous sommes unis entre nous, galopeurs, nous sommes plus forts ; lorsque nous sommes unis avec le trot, nous sommes plus forts ; lorsque nous sommes unis avec le PMU, nous sommes plus forts.
C’est le France Galop que j’ai voulu incarner. Un France Galop fort, qui sait se faire respecter et se faire apprécier à l’extérieur pour obtenir gain de cause :
- C’est parce que nous étions forts et unis que nous avons pu obtenir de Bercy la taxation du PMU sur le Produit Brut des Jeux, ce qui a représenté dès la première année un gain fiscal de 15M€ ;
- C’est parce que nous étions forts et unis que nous avons obtenu la baisse de la TVA à 5,5% pour l’élevage ;
- C’est parce que nous étions forts et unis que nous avons obtenu un rééquilibrage des charges que nous partageons avec le trot.
Et c’est parce que nous étions forts et crédibles vis-à-vis de l’État que nous avons obtenu un redémarrage rapide après le premier confinement.
La seconde chose qui me semble importante, quand on préside France Galop, c’est de garder en permanence à l’esprit que l’argent de la société-mère appartient aux acteurs des courses. Et que le devoir absolu de la société-mère, c’est de produire de la marge pour les acteurs des courses. Je pense que c’est ce que nous avons fait tout au long de ces années, ce qui nous permet en 2023 de délivrer un niveau d’allocations record : 289 M€.
Pour atteindre cet objectif, il a fallu jouer sur plusieurs leviers simultanément – et si vous voulez le maintenir et le développer, il faudra jouer sur plusieurs leviers simultanément :
- D’une part contrôler nos charges à chaque instant, ce que nous avons fait – notamment – en optimisant les effectifs, en diminuant le nombre de mètres carrés, et en concentrant le nombre de directeurs ;
- D’autre part augmenter nos recettes, ce que nous avons fait en développant fortement la billetterie, les hospitalités, les recettes hors jours de courses et le sponsoring.
Et pour que cela fonctionne, il faut une troisième chose : une vision panoramique, un vrai plan stratégique et des objectifs clairs. Grâce à cela, vous aurez des équipes hyper mobilisées. Il ne restera plus, ensuite, comme nous l’avons fait avec Olivier Delloye, qu’à leur donner les moyens financiers et humains pour réussir – et de la confiance !
La confiance aussi est essentielle et je veux vous en convaincre. Je vous ai dit tout à l’heure que la clé, pour avoir une filière en bonne santé, c’est la bonne entente et l’union entre les acteurs des courses, malgré des positions différentes. Avec les salariés, en en particulier avec les cadres de France Galop, c’est pareil :
- France Galop est fort lorsque les élus et les salariés sont unis ;
- France Galop est fort lorsque les élus et les salariés partagent une ambition commune claire ;
- France Galop est fort lorsque leurs relations reposent sur la confiance.
Le troisième et dernier point que je souhaitais partager avec vous concerne l’état d’esprit qui doit être le nôtre, lorsque nous assumons une responsabilité de leader dans la filière, ce qui a été votre cas à tous lorsque vous avez accepté de siéger au Comité.
Ce n’est pas neutre de s’engager, vous le savez bien : on prend beaucoup de coups et on ne vous dit pas souvent merci. Mais quelle satisfaction lorsque l’on a l’impression d’avoir fait œuvre utile !
Exercer des responsabilités, c’est d’abord être à l’écoute. Regarder et écouter le monde qui change, pour savoir muter dans le bon timing :
- C’est ce que nous faisons sur ces sujets sociétaux vitaux que sont le Bien-être équin, la place des femmes ou l’usage de la cravache ;
- C’est ce que nous faisons pour fluidifier l’emploi dans la filière ;
- C’est ce que nous faisons en attirant un public totalement nouveau grâce aux JeuXdis de ParisLongchamp.
Soyez toujours à l’écoute. Car c’est ce qui nous rend capables d’innover et de partir à la conquête de nouveaux clients et de plus de chiffre d’affaires…
Exercer des responsabilités, c’est aussi être proactif et réactif, tout en raisonnant et en agissant dans une optique de long terme :
- C’est ce que nous avons fait en 2005 en modifiant la distance du Jockey Club, dont l’ancienne formule ne tenait plus le choc concurrentiel avec le Derby d’Epsom… presque vingt ans plus tard, notre Derby français est devenu la plus grande course classique en Europe ! ;
- C’est ce que nous entreprenons en transformant le système informatique de France Galop, qui en avait cruellement besoin ; cette transformation sera très structurante pour l’avenir, et permettra de nombreux développements futurs ;
- C’est ce que nous initions en lançant un grand « Plan Propriétaires 2024 », qui va donner à France Galop les moyens de fidéliser et de recruter massivement dans les années à venir.
En conclusion, je veux vous dire à quel point je suis heureux de passer le témoin avec une situation assainie :
- Économiquement plus saine : car le résultat net de France Galop est à nouveau positif ;
- Financièrement plus saine : car la trésorerie de la société-mère est à présent restaurée ;
- Et socialement plus saine, ce dont témoigne notamment la rationalisation du nombre de mandats syndicaux, ainsi que le rajeunissement et la montée en compétence des équipes.
Je suis fier de confier les rênes à mon successeur :
- Avec une trajectoire positive et des niveaux d’allocations records (289 M€) ;
- Avec un programme black-type renforcé en plat et en obstacle ;
- Avec un programme général optimisé pour concilier à la fois l’intérêt immédiat des professionnels (c’est-à-dire un programme qui s’adapte au quotidien à la population de chevaux) et leur intérêt à moyen terme (un programme qui produit plus d’enjeux donc plus d’allocations) ;
- Avec un retour à la hausse du nombre de propriétaires actifs et le plus fort taux de recrutement de propriétaires jamais connu.
Pour terminer, je tiens à remercier infiniment Olivier Delloye, avec lequel je pense que nous avons formé un bon tandem et avec lequel j’ai pris un très grand plaisir à travailler. Je voudrais aussi remercier les directeurs de France Galop et leurs équipes.
Emmanuelle Malecaze-Doublet et toute l’équipe du PMU.
L’ensemble des équipes de l’Institution : Fédération nationale, Afasec, GTHP, Equidia.
Et une nouvelle fois, vous tous qui m’avez entouré lors des différentes mandatures : vice-présidents, administrateurs et membres du Comité.
Mes derniers mots vont à ma famille, qui m’a tant soutenu, que j’aime et à laquelle je vais pouvoir à présent donner plus de temps.