17 June 2022
À la recherche de la perle rare lors de la plus grande course de pouliches
Le Prix de Diane Longines, dont on disputera ce dimanche 19 juin la 173e édition, est l’événement le plus glamour de l’hippodrome de Chantilly. Le spectacle sera aussi sur la piste, car ce Groupe 1 – le niveau d’excellence des courses hippiques – vise à sacrer la meilleure pouliche européenne de 3ans. Celle qui passera le poteau en tête dimanche s’assurera un avenir doré au haras tout en pouvant émettre les plus hautes ambitions pour les courses les plus relevées de l’automne, dont le mythique Qatar Prix de l’Arc de Triomphe. Une véritable perle rare : environ 25.000 pur-sang naissent chaque année en Europe, et une seule aura droit aux honneurs dus à la gagnante du Prix de Diane Longines !
Dix-huit pouliches seront en lice cette année avec une forte majorité de représentantes françaises : seules trois candidates nous viennent des îles Britanniques. Mais attention ! Les irlandaises ont remporté les deux dernières éditions de cette course mythique...
ENTRAÎNEURS – Carlos et Yann Lerner : un air de tango venu de Maisons-Laffitte (78 – Yvelines)
Argentin d’origine, Carlos Lerner et son fils Yann, entraîneurs installés à Maisons-Laffitte, selleront deux partantes dans le Prix de Diane Longines. Une performance pour une écurie de taille moyenne (une soixantaine de chevaux à l’entraînement).
Le Prix de Diane Longines, les Lerner connaissent bien... mais attendent toujours un premier succès ! En 2000, Yann Lerner était encore un gamin quand Volvoreta se classait deuxième pour l’entraînement paternel. En 2009, il était en selle sur Célimène quand la pouliche s’était classée quatrième. Yann Lerner a arrêté sa carrière de jockey en 2012 et s’est associé à son père l’année suivante. Le duo s’entend à merveille et se complète !
Concernant leurs deux atouts de cette édition, La Parisienne et Queen Trezy, ils déclarent : « Queen Trezy et La Parisienne ont fait un canter lundi matin. Tout s’est bien passé : c’était juste de l’entretien, les deux pouliches sont prêtes. Ce sera tranquille pour le reste de la semaine, avec les grosses chaleurs annoncées. Concernant La Parisienne, elle avait fait un travail sérieux mardi dernier sur l’hippodrome de Chantilly avec celui qui sera son jockey, Gérald Mossé. Queen Trezy sera quant à elle associée à Ronan Thomas. Tout va bien. »
PROPRIÉTAIRE – La pouliche Queen Trezy, le rêve de l’hôtelier Éric Feurtet (71 - Saône-et-Loire)
Éric Feurtet vit un rêve éveillé : dimanche, sa casaque sera portée par Queen Trezy dans le Prix de Diane Longines !
C’est une première participation dans l’épreuve mythique pour ce passionné.
Ce propriétaire de chevaux, à la tête du domaine de Rymska, en Saône-et-Loire, un établissement certifié Relais & Châteaux, a un parcours original dans les courses : il s’y est lancé par le biais de l’élevage, en 2013. Avec sa première poulinière, il a fait naître Rymska (à qui son domaine doit son nom), qui s’est distinguée au niveau des courses de Groupes aux États-Unis. Il a actuellement un élevage composé d’une douzaine de poulinières qui cohabitent sur les herbages du domaine avec des bœufs Wagyu ou des porcs de race Mangalitza...
Sur les conseils de Carlos Lerner, il a acheté une part de Queen Trezy aux ventes de Deauville, en association avec les époux Le Menestrel et Nicolas de Chambure, directeur du haras d’Étreham où la pouliche a été élevée. Il raconte son expérience : « Je crois que je n’ai pas encore réalisé... Je suis sur un petit nuage. Yann et Carlos Lerner ont amené la pouliche au top. Je sais que dimanche, elle sera parfaite. Toute ma famille sera là, à mes côtés, pour voir courir Queen Trezy. Nous partons confiants. »
CHANTILLY – Deux jeunes entraîneurs installés sur le plus grand centre d’entraînement d’Europe au départ
À côté des grandes maisons, deux jeunes entraîneurs cantiliens selleront dimanche leurs premières partantes dans le Prix de Diane Longines.
Gaël Barbedette est un enfant de la balle : son père Régis a longtemps été l’homme de confiance de l’entraîneur Freddy Head et veillait sur la championne Goldikova. C’est logiquement qu’il a choisi de s’installer à Chantilly, et dimanche, il pourra compter sur l’outsider Beauté Cachée : « L’objectif est que tous les propriétaires se fassent plaisir. Beauté́ Cachée est une pouliche que nous avons toujours beaucoup appréciée. En dernier lieu, dans une course support d’événement à ParisLongchamp, la pouliche n’avait pas bénéficié d’un très bon parcours. On s’y rend donc avec une seule idée en tête, se faire plaisir ! Rosario Mangione lui sera associé. »
Hiroo Shimizu a eu plus de chemin à faire pour trouver l’écurie de ses rêves : le jeune quadragénaire arrive tout droit du Japon, mais il a fait ses classes à Chantilly, apprenant son métier notamment au côté de Fabrice Chappet. Il vole de ses propres ailes depuis fin 2017. Le Japon fait partie des grands pays de courses, et certains de ses ressortissants n’hésitent pas à franchir les frontières pour exercer leur passion en Europe. C’est le cas par exemple de Satoshi Kobayashi, un pionnier, installé comme entraîneur à Chantilly depuis plus d’une décennie.
Hiroo Shimizu a fait appel à l’un de ses compatriotes, Takuya Ono, pour piloter sa pensionnaire Fall in Love. Takuya Ono, âgé de 35 ans, est arrivé en France le 7 juin et va y rester jusqu’à la fin du mois d’août. Il a monté sa première course dimanche dernier, à Nort-sur-Erdre, s’imposant en selle sur un pensionnaire d’Hiroo Shimizu et pour les mêmes couleurs que celles de Fall in Love (3S Race Horse Management Ag - Shigeo Nomura).
DEAUVILLE, UNE HISTOIRE DE FILIATION (14 – Calvados)
Entraîneur - Stéphane Wattel, le pionnier
Cinq pouliches représenteront dimanche le centre d’entraînement de Deauville, qui n’a cessé de prendre de l’importance depuis la dernière décennie. L’entraîneur Stéphane Wattel fait figure de pionnier : il a été l’un des premiers professionnels à choisir ce lieu pour préparer ses chevaux, à deux pas de la plage et non loin de tous les grands haras producteurs de pur-sang. C’est d’ailleurs pour l’un d’eux, le haras de la Pérelle, qu’il sellera l’une des favorites, Rosacea, aidée dans sa tâche par une leader, Galla.
Concernant Rosacea, il explique : « La situation n’est pas la même que dans la Poule d’Essai : nous arrivions sur la Poule suite à une victoire dans le Prix de la Grotte (Groupe 3) où elle avait battu certaines des autres pouliches au départ. C’était logique de la voir en favorite. Mais elle était probablement déjà prête dans le Prix de la Grotte avec moins de marge que les autres. Je pense que Mangoustine a mérité sa victoire dans la Poule : elle n’a pas eu un parcours facile et elle aurait pu avoir des excuses si elle avait été battue. Il n’y a rien à dire sur ce succès ! Dans le Diane, la situation est différente : elle arrive sur la course avec des pouliches de tout horizon, des candidatures très amusantes : cela va de Zellie, qui était l’an dernier la meilleure française, à Nadette, qui a gagné très facilement la dernière fois. L’opposition est multiple et, finalement, nous avons une chance parmi tant d’autres dimanche : et tant mieux, c’est moins de pression (rires) ! Je suis tout simplement content d’avoir une partante dans le Diane et d’avoir une bonne pouliche comme elle... Nous verrons dimanche : parfois, la marge vient aussi de l’allongement de la distance et peut- être que ce sera en notre faveur. »
Entraîneur - Yann Barberot, l’héritier
Stéphane Wattel a longtemps collaboré avec Yann Barberot quand ce dernier était jockey. À l’heure de raccrocher les bottes, Yann Barberot a logiquement choisi lui aussi de s’installer comme entraîneur sur le centre de Deauville. Les deux hommes sont restés très liés, mais dimanche, ils seront adversaires : Yann Barberot présentera Daisy Maisy, une pouliche qui porte la casaque de Gitte Poulsen-Allaire, l’épouse de l’un des professionnels les plus reconnus dans le monde du trot, Philippe Allaire, installé à quelques encablures de Deauville, sur la commune de Victot-Pontfol. Il analyse les chances de sa pouliche : « Daisy Maisy va très bien ! C’est un beau challenge. C’est la première fois que j’aurai un partant dans une course aussi prestigieuse, je suis vraiment content. Je trouve que c’est un challenge amusant et je pense que l’allongement de la distance devrait lui convenir. S’il y a des orages et que la piste s’assouplit, ce ne sera pas un problème. Ses lignes sont aussi très bonnes, qu’il s’agisse de la Poule ou de la Grotte. Son éleveur, Thierry de la Héronnière, est venu la voir et il a trouvé qu’elle avait vraiment bien évolué physiquement. Elle est magnifique, on dirait presque un mâle ! Elle a de gros points de force. Les couleurs Allaire sont en forme puisqu’ils ont encore gagné des Groupes samedi à Vincennes : j’espère ne pas lui faire honte (rires) ! Grégory Benoist sera en selle. »
Entraîneur - Romain Le Dren Doleuze, de Dunette à Nadette
Autre professionnel deauvillais au départ dimanche, Romain Le Dren Doleuze porte un nom déjà très lié au Prix de Diane Longines : il est le fils de Georges Doleuze qui a gagné la course en 1979 comme jockey en selle sur Dunette. Son frère, Olivier, a aussi gagné le classique en tant que jockey, en selle sur Egyptband. C’était en 2000. Romain Le Dren Doleuze a choisi d’exercer comme entraîneur, et cette année, il sellera Nadette : « Elle est en plein épanouissement. On l’a respectée à 2ans et on lui a laissé le temps de grandir durant l’hiver. Là, elle nous le rend bien. Elle sera associée à son jockey habituel, Théo Bachelot. C’est une bonne nouvelle pour nous. Théo est une pierre angulaire de notre équipe et nous alignons les bons résultats ensemble... »
Entraîneur - Jean-Claude Rouget, le patron
Jean-Claude Rouget, lauréat il y a deux semaines du Qatar Prix du Jockey Club, est le quatrième entraîneur deauvillais au départ du Prix de Diane Longines, le plus titré aussi, puisqu’il a remporté la course à trois reprises. Cette année, il sera représenté par Yukata, une pouliche encore inexpérimentée, titulaire de deux succès en trois sorties, mais qui n’a encore jamais évolué au plus haut niveau.
ÉTAT DU TERRAIN : objectif bon terrain !
Les équipes de Chantilly mettent tout en œuvre pour proposer une piste parfaite aux pouliches, avec l’objectif d’un bon terrain dimanche. Étant donné les fortes chaleurs qui touchent actuellement la France entière, un arrosage est nécessaire, mais il est piloté au jour le jour. Les professionnels sont informés au jour le jour de l’état de la piste sur le compte Twitter de France Galop.
Comme lors du Qatar Prix du Jockey Club, la lice sera placée à zéro.