Historique du Grand Prix de Deauville : Une histoire de la Côte Normande

28 août 2021

Historique du Grand Prix de Deauville : Une histoire de la Côte Normande

Photo scoopdyga.com

 

Août, Deauville

LUCIEN BARRIÈRE GRAND PRIX DE DEAUVILLE

 

Groupe 2, 3ans et au-dessus, 2 500m, 200 000 €

Créé en 1866 (Coupe de Deauville)

Tenant du titre : Glycon (h4, FRA by Le Havre et Glorious Sight, par Singspiel), au Haras de Saint-Pair, élevé par Haras de Saint-Pair, entraîné par Jean-Claude Rouget, monté par Cristian Demuro.

Record de la course : 2'38''2, Ziyad (2019)

La course sera disputée pour la 151ème fois en 2022.

 

L'édition 2021

 

Dimanche 29 août 2021, Hippodrome de Deauville-La Touques (Calvados). - Favori après avoir dominé le Prix de Reux (Gr3), Glycon (Le Havre) a répondu présent le jour J dans le Lucien Barrière Grand Prix de Deauville (Gr2), dont se disputait cette année la 150ème édition en clôture du meeting estival sur la Côte normande. Le représentant du Haras de saint-Pair a galopé au quatrième rang du peloton de cinq chevaux, fait mouvement au début de la ligne droite et bataillé jusqu’au bout pour résister à un très courageux The Good Man (Manduro), finalement deuxième à une demi-longueur, trois semaines après avoir terminé cinquième du « Reux » pour sa rentrée.

Sublimis (Shamardal) a mis un peu de temps à trouver son action et il finit bien troisième à une courte encolure.

Avant de gagner le Prix de Reux, Glycon restait sur deux sixièmes places dans le Prix d’Harcourt (Gr2) et La Coupe (Gr3). Il est issu de Glorious Sight (Singspiel), une fille de l’excellente Zelding (Warning), qui fut deuxième de la Poule d’Essai de Golden Lilac en 2011 sous les couleurs de R. C. Strauss puis fut adjugée 1,7 million d’euros aux ventes de l’Arc Arqana. Elle a aussi donné une fille de Dubawi vendue 450 000 £ aux ventes de Newmarket, où la vendait le Haras de Saint-Pair en 2019. Une fille de Siyouni est née en 2020.

 

Historique

L'origine de la course remonte au 6 août 1866 quand fut disputée la première Coupe de Deauville, dotée d'une somme de 20 000 F et d'un objet d'art de 10 000 F, ce qui constituait, pour l'époque, une allocation très importante. Ouverte aux 3 ans et au-dessus, la course se disputait sur 2 400 mètres et prévoyait des surcharges élevées afin, soit d'écarter les chevaux déjà largement récompensés, soit de les confronter à une tâche sévère. C'est Affidavit, appartenant à H. Lunel, qui fut le premier vainqueur. Les événements de 1870 n'interrompirent pas le cours des meetings de Deauville, celui de 1870 (8 août) ayant lieu à la veille de la guerre, celui de 1871 (15 août) marquant le retour à la paix. Mais une nouveauté. En 1871, la Coupe prend le nom de Grand Prix de Deauville, qu'il perdra momentanément, de 1908 à 1911, pour emprunter l'appellation de « Grand Prix de Trouville-Deauville ».

Le Grand Prix de Deauville ne fut pas couru pour cause de guerre de 1914 à 1918 et en 1940. Pour la même raison, il émigra à Longchamp en 1941, 1942 et 1945, à Maisons-Laffitte en 1943 et au Tremblay en 1944. Sa distance a varié. A l'origine fixée à 2 400 mètres, elle fut portée à 2 500 mètres en 1886 et à 2 600 mètres en 1903. Ramenée à 2 500 mètres lors de ses transferts à Longchamp et à Maisons-Laffitte, la distance fut reportée en 1944 à 2 600 mètres qui furent abandonnés en 1973 pour 2 700 mètres. Depuis 1990, retour aux 2 500 mètres actuels.

Deauville

« Mornyville », c'est l'appellation employée en 1864 par le journal Le Sport pour désigner la petite cité de Deauville, séparée par la rivière La Touques de sa sœur jumelle, Trouville-les-Bains. Plus de cent-cinquante villas, un casino et un grand hôtel y ont déjà été construits quand le duc de Morny, avec le concours de son ami le docteur Oliffe, décide d'organiser des courses à Deauville dans l'espoir de concurrencer bientôt Brighton en Angleterre et Baden-Baden en Allemagne. Sur soixante-six hectares, provenant d'anciens marais asséchés, au pied de coteaux verdoyants, un terrain a été ensemencé de gazon et deux pistes ont été tracées, l'une de 2 200 mètres, l'autre de 3 400 mètres. Des tribunes ont été édifiées (sur le modèle de celles du champ de courses de Fontainebleau), derrière lesquelles ont été aménagés la salle des balances, le buffet, un salon pour les dames et des stalles. L'organisation matérielle est apportée à la nouvelle Société des Courses de Deauville par la Société d'Encouragement, dont un membre, Louis Hocquart de Turtot, préside aux opérations de pesage et juge les arrivées, et par la Société des Courses de Caen, dont le président Charles Calenge donne les départs. A la disposition du public parisien, un train express de 1ère classe partira le dimanche matin à 7 h 20 et arrivera à Trouville à midi. Il repartira à 1 h du matin pour être à Paris à 6 h. Prix de l'aller et du retour, 30 F.

Les deux premières journées de courses ont lieu le dimanche 14 et le lundi 15 août 1864 au cours desquelles sont distribués 23 500 F de prix. Six courses plates le dimanche. La première course, le Prix du Chemin de Fer, revient à Dame Blanche appartenant à Paul Aumont, éleveur voisin au haras de Victot. L'épreuve vedette, un handicap, le Prix de Deauville (2 500 mètres) doté de 9 200 F au vainqueur, attire neuf partants. Le gagnant est Jean Sans Peur, propriété d'Arthur Schickler, monté par Arthur Watkins ; deux jockeys tombent, sans mal, un cheval ayant heurté un piquet. Au programme de la seconde journée, deux courses au trot et trois steeple-chases. Le champion des trotteurs français, en l'occurrence la jument Bayadère, appartenant à MM. Montfort et Tiercelin, devance aisément trois adversaires sur 4 000 mètres. On apprend que l'ordre dans lequel devaient être courus deux steeple-chases a dû être interverti par suite du retard d'un des concurrents à se présenter au pesage. Enfin, un cavalier « ayant éprouvé un accident en prenant son galop d'essai, a été remplacé par un débutant, M. Fessard, qui a très heureusement accompli cette hasardeuse tentative ».

Deuxième meeting de Deauville, les 6 et 7 août 1865. Cinq courses le dimanche, dont le Prix de Morny. Sept courses le lundi, dont une course pour gentlemen-riders gagnée par un concurrent venu d'Allemagne, Saïd, appartenant au comte Lehndorff et montée par le capitaine Hunt, cavalier réputé. Egalement un steeple-chase remporté par la célèbre jument du baron Finot, Astrolabe, et une course au trot gagnée par Essai, au marquis de Croix, battant un unique adversaire, Figaro. La vedette du meeting s'appelle La Reine Berthe, qui enlève le dimanche le Prix de Deauville (handicap, 2 500 mètres, 10 350 F) et le lundi le Prix de la Société d'Encouragement (3 000 mètres, 5 500 F) sous les couleurs de Frédéric de Lagrange.

En 1866, le meeting s'étoffe : trois journées. Du samedi 4 au lundi 6, dix-sept courses avec pour grande nouveauté, la Coupe de Deauville, la course décrite ci-dessus. Le Prix de Morny - qui revient à Le Petit Caporal, appartenant à Achille Fould - donne lieu à deux chutes dans le dernier tournant ; le jockey Willy Carter est relevé avec le bras fracturé. Le Prix de Deauville, important handicap (2 500 mètres, 11 150 F) est sujet à controverses. Lors d'un premier départ, un concurrent, Marino, est resté au poteau et Fleur des Bois l'emporte. Puis, le starter (le comte d'Hédouville) se ravisant, déclare mauvais le départ, bien qu'il ait abaissé son drapeau. On recommence la course avec trois concurrents en moins - ils refusent de recourir - et c'est Marino (lui aussi à Achille Fould) qui gagne. Le Grand Steeple-Chase (6 000 mètres, 14 700 F) revient à un autre célèbre sauteur du baron Finot, Valentino, monté par John Page, champion des jockeys d'obstacle de l'époque. On enregistre deux chutes, l'une à la « barre fixe », l'autre à la « palissade en planches ». Enfin, le lundi, le Prix de la Touques, sur 1 500 mètres, est ouvert aux 2ans et au-dessus. 14 kilos d'écart, les 2 ans portant 44 kilos. Les 3 ans et au-dessus sont à réclamer pour 15 000 F. Le 2ans Montgoubert, au comte de Lagrange, deuxième du Prix de Morny le samedi, l'emporte au petit galop. L'année suivante, il sera le vainqueur de la Coupe de Deauville.

Après le décès en 1884 de Louis Hocquart de Turtot, c'est Florian de Kergorlay qui lui succède à la présidence de la Société des Courses de Deauville. Celle-ci se constitue en société civile le 23 mai 1888 avec jouissance de l'hippodrome pour une durée de quatre-vingt années. En 1890, est inauguré le nouveau pavillon des balances de l'hippodrome, création de l'architecte Delarue. Il existe toujours.

Le 20 août 1887, a lieu dans l'enceinte du pesage de l'hippodrome une première vente aux enchères publiques organisée par Lyon-Chéri. 20 sujets présentés, 9 vendus. Parmi les retirés, Augure, qui gagnera la Grande Course de Haies d'Auteuil en 1891. Deuxième vente le 18 août 1888. Les 25 yearlings peuvent être visités dès le 16 août, aux boxes de l'établissement Chéri, près de l'hôtel de ville. 21 vendus. En 1891, vente pour 7 100 F de Callistrate. C'est le premier des grands chevaux vendus yearling à Deauville. Il gagnera le Prix Lupin et le premier Prix du Conseil Municipal. En 1892, Chéri-Raymond Halbronn achète aux consorts Mauger des terrains pour la construction d'un élégant établissement de vente champêtre qui, après divers agrandissements, contiendra 294 boxes sur une superficie de 18 198 m2. En 1893, vente par le haras de Pépinvast d'Omnium II qui gagnera dix-sept courses dont le Prix du Jockey Club. Le 19 août, ventes de poulinières (entre les vacations de yearlings) qui se poursuivront régulièrement jusqu'en 1903. En 1894, 200 yearlings sont présentés à Deauville. 125 sont vendus. En 1897, vente par le haras du Gazon de Perth qui remportera dix courses dont la Poule d'Essai, le Prix du Jockey Club et le Grand Prix de Paris. En 1899, inauguration du Tattersall Français (entre l'hippodrome et l'établissement Chéri) construit dans le style normand avec colombages et toits découpés recouverts de chaume. Après plusieurs agrandissements, ce second établissement de vente s'étendra en 1926 sur 10 185 m2 et contiendra 212 boxes. En 1901, quelque 500 yearlings sont présentés dans les deux établissements de vente mais seulement la moitié est vendue. Le 19 août 1904, 58 sujets d'élevage provenant de la succession de Paul Aumont (haras de Victot) sont vendus à Deauville. Le prix record, 62 000 F, est payé pour la poulinière Dormeuse par le comte Lehndorff, directeur du haras de Graditz (Prusse). En 1905, des propriétaires étrangers se manifestent de façon conséquente aux ventes de yearlings. Dès lors, ils n'en seront plus absents, sauf pendant les deux guerres mondiales. Et en 1912, alors que le prix de vente moyen est de 7 072 F, un yearling atteint pour la première fois 100 000 F. Il s'agit de Mont d'Or, acquis par un Américain, Joseph E. Widener.

En 1911, au décès de Florian de Kergorlay, le fauteuil de président de la Société des Courses de Deauville (transformée en société anonyme le 11 juillet 1908) est occupé par Jacques Le Marois. Le Prix des Deux Ans reprend son nom de Prix Morny, comme avant 1871. Le Prix de Longchamp (3 400 mètres) devient le Prix Florian de Kergorlay - en 1929 il deviendra Prix Kergorlay tout court et se dispute encore aujourd'hui sous le nom de Darley prix Kergorlay (Gr2). M. Le Marois décide de moderniser les installations. Ainsi, quand le 6 août 1913 est célébré le cinquantenaire de l'hippodrome, on peut en admirer deux nouveautés, des tribunes en briques (dans le style du Tremblay) et une piste en ligne droite longue de 1 600 mètres, tracée en grande partie sur des parcelles d'herbage, d'abord louées puis progressivement acquises. Mais pas de modifications au coquet pavillon des balances revêtu de colombages qui date de 1890, ni au parcours de steeple-chase dont la banquette irlandaise constitue la principale difficulté. Cette même année 1913, la Société des Courses de Deauville donne en location à la Société anonyme des Ecuries du Polo de Deauville un terrain sur lequel celle-ci fait construire 150 boxes.

Samedi 1er août 1914. La réunion (cinq courses d'obstacle ) prévues ce jour à Deauville est annulée par les commissaires « vu l'impossibilité où ils se trouvent à la dernière heure d'obtenir le service de police nécessaire pour assurer l'ordre et le fonctionnement des courses sur l'hippodrome ». Mardi 3 août, la France reçoit la déclaration de guerre de l'Allemagne. La Première Guerre mondiale commence.

L'année 1919 voit la reprise des courses sur les bords de la Touques le 6 août et le retour des yearlings sur le ring de Deauville le 10 août. Le 17 août, Ksar, élève du haras de Saint-Pair-du-Mont, est adjugé 151 000 F à Edmond Blanc. Il gagnera le Prix du Jockey Club et deux fois le Prix de l'Arc de Triomphe. Et le Grand Steeple (4 700 mètres) prend le nom de Prix Henri Ridgway en souvenir de l'éminent sportsman, commissaire des courses à Deauville depuis 1896, décédé en 1913.

En décembre 1920, survient le décès de Jacques Le Marois. De ce fait est décidée le 11 février 1921 la fusion de la Société des courses de Deauville avec la Société d'Encouragement au moyen de l'absorption de la première par la seconde. Cela va priver la Plage Fleurie de courses d'obstacles de 1922 jusqu'à l'ouverture en août 1928 de l'hippodrome de Clairefontaine.

En 1926, avec Astéroïde, vainqueur du Grand Prix, le propriétaire américain Ralph-Beaver Strassburger remporte sa première grande victoire en France. Il gagnera encore la course en 1931 avec Célérina. Grand ami de la France, il installe pour ses chevaux un superbe haras près de Lisieux (Les Monceaux) et aménage pour lui une belle villa près de l'hippodrome, entourée de pommiers située à flanc de coteau qui sera léguée à la municipalité de Deauville. C'est la « Villa Strassburger », qui abrite de brillantes réceptions.

Le 9 août 1928 est inauguré l'hippodrome de Clairefontaine-Deauville, logé au milieu d'un parterre de fleurs et de pommiers sur la commune de Bénerville. On y court en plat principalement, en obstacle et aussi un peu au trot.

1930, aux ventes de yearlings - qui ont enregistré des records en 1927 - c'est la débâcle. Le chiffre d'affaires s'effondre de 45 % par rapport à l'année précédente. La cause ? La surproduction s'ajoutant au krach boursier de 1929.

Le dimanche 27 août 1939, l'hippodrome ferme ses portes au soir du Grand Prix gagné par Birikil, tandis que vendeurs et acheteurs quittent les établissements de vente à l'issue d'une morne vacation, le marasme continuant à sévir sur le marché des yearlings. Le dimanche 3 septembre, déclaration de guerre. Les courses sont suspendues. A la reprise en 1940, et durant toute la guerre, les principales courses du programme de Deauville prennent place sur les hippodromes parisiens, Longchamp, Maisons-Laffitte ou Le Tremblay. Les ventes de yearlings ont lieu à Neuilly au Tattersall Français.

1946. Dans un département encore couvert de ruines, à la demande du casino et de la municipalité de Deauville, le ministre de l'Intérieur donne son accord pour la reprise des courses « qui est nécessaire au succès de la saison de Deauville ». Treize réunions sont données du 7 au 25 août. Le Grand Prix de Deauville est gagné par Kerlor, appartenant au marquis de Ganay, président de la Société d'Encouragement. La réouverture de l'hippodrome de Clairefontaine a lieu le 5 août 1947 et quelques jours après on enregistre la reprise des ventes de yearlings. En 1950, premier Gala des Courses (qui se déroulait avant-guerre au Cirque d'Hiver à Paris) au casino de Deauville donné au profit de l'Association des Jockeys.

1955. Deauville est choisie comme théâtre du Grand Prix Européen des Gentlemen-Riders, le Prix Georges Courtois. Son premier lauréat est Sidano monté par Paul-Noël Delahoutre. Parmi les dix-neuf cavaliers figurent le prince Aly Khan, le Group Captain Peter Townsend, héros de l'aviation britannique, et le journaliste-éleveur John Hislop. Six nations sont représentées. Le Grand Prix de Deauville revient à Rosa Bonheur dont Aly Khan s'est rendu acquéreur la veille.

1956. Remue-ménage chez les éleveurs. Les établissements de vente traditionnels, Chéri et le Tattersall Français n'ont plus qu'une clientèle de vendeurs réduite (39 inscriptions) dans leurs vastes locaux déserts. Un concurrent, l'Office du Pur Sang met en vente 346 yearlings dans une prairie bordant l'avenue Florian de Kergorlay au moyen d'une installation de fortune. D'autres éleveurs abandonnent Deauville pour présenter leurs yearlings à Paris (Maisons-Laffitte puis Saint-Cloud) où ils vendront jusqu'en 1960. En 1957, la Société des hôtels et casino, présidée par François André, décide d'acquérir les établissements de vente des Deauville (294 boxes chez Chéri, 212 au Tattersall) aux héritiers de Georges Courtois qui en était devenu propriétaire durant la guerre.

En 1958, on constate la remise à neuf des tribunes et des bâtiments de l'hippodrome. Et pour la première fois, au cours du Gala des Courses, est remise la « Cravache d'Or » au jockey titulaire du plus grand nombre de victoires l'année précédente. C'est Jean Deforge, champion des jockeys en 1957, 1958 et 1959, qui est récipiendaire des trois premières années.

1961. Deauville célèbre le centenaire de la « Plage Fleurie ». La Société d'Encouragement met sur pied un programme spécial qui attire dix-neuf chevaux de l'étranger. Ils fournissent vingt-huit partants et ne gagnent que trois courses. Mais le Grand Prix du Centenaire de Deauville, doté exceptionnellement de 200 000 F au vainqueurs, revient au 3 ans italien Molvedo, qui gagnera quelques semaines après le Prix de l'Arc de Triomphe.

En 1962, la Société d'Encouragement achète les établissements de vente de Deauville à la Société des hôtels et du casino. Elle les met à la disposition des organismes de vente. Premières ventes automnales à Deauville. 420 poulinières et sujets divers sont présentés. 247 sont vendus. Les étrangers sont acheteurs. Ce nouveau marché va s'ancrer rapidement. En 1968, création de l'Agence Française de Vente du Pur Sang dont le premier président-directeur général est Maurice O'Neill. En 1971 est inauguré un nouveau hall de vente, en forme d'amphithéâtre, ayant une capacité de 450 places assises. En 1976 la présidence de l'Agence Française revient à Elie de Brignac qui en 1977 en confie la direction générale à Philippe Augier. A son tour celui-ci deviendra président-directeur général de l'agence en 1989. En septembre 1986 se déroule une première vente de yearlings trotteurs par l'Agence Française du Trot, une filiale de l'Agence Française. Un nouveau marché est créé. En 1991, l'Agence Française construit (à l'angle de l'avenue Florian de Kergorlay et de la rue Jules Saucisse) un nouveau bâtiment avec des bureaux (où elle installe son siège) et une salle d'exposition utilisée par la société Deauville Auction pour des ventes aux enchères, principalement d'œuvres d'art.

1973. Réfection du tournant de la piste ronde de l'hippodrome par la création d'un parcours unique remplaçant les anciennes pistes, intérieure et extérieure. En 1979, dans le Grand Prix de Deauville, alors qu'il lutte pour la deuxième place, Lester Piggott perd sa cravache ; il s'empare de celle de son concurrent Alain Lequeux, et la lui rend après le passage du poteau. Cet " emprunt ", dit-il, lui vaut une mise à pied de vingt jours. Après le meeting d'été de 1982, Nicolas Madamet demande à entraîner en permanence ses chevaux sur l'hippodrome de Deauville. L'autorisation lui est donnée. Il est bientôt rejoint par Eric Danel. En juillet 1984, 120 boxes supplémentaires sont édifiés. Le centre d'entraînement permanent de Deauville est né.

Les 22 et 26 octobre 1991, sont données deux réunions de courses supplémentaires. Elles coïncident avec l'inauguration d'Horse Expo, salon annuel des professionnels du cheval de courses. Ainsi naît une nouvelle semaine d'activité hippique à Deauville. En 1992, une réunion de courses est donnée début mai. Renouvelée en 1993, l'expérience sera ensuite abandonnée.

En 1994, afin de sauvegarder les courses de Deauville dans une période de crise économique, la « Société d'Encouragement et des Steeple-Chases de France » - qui deviendra en 1995 France Galop - décide de transférer la propriété d'une partie de l'hippodrome (pistes et pesage) à un syndicat mixte (regroupant les collectivités locales et régionales) chargé de la réalisation des travaux de modernisation nécessaires. Ainsi le 30 juillet 1995, après d'importants travaux réalisés pendant l'intersaison, l'hippodrome de la Touques rouvre ses portes. Deux nouveautés : un restaurant panoramique et une « nouvelle piste » créée en empruntant la partie extérieure du très large « gazon d'entraînement », lui même situé à l'intérieur de la piste principale. Et c'est France Galop, nouvelle institution dirigeante des courses au galop, qui est chargé de la gestion de l'hippodrome.

Fin 1999, France Galop cède à l'Agence Française de Vente les établissements de vente (anciennement Chéri) situés avenue Hocquart de Turtot, et à des tiers son secrétariat de la rue Le Marois et l'écurie Blood Horse située avenue de la République. Elle conserve la propriété de l'ancien Tattersall (avec ses 220 boxes), les écuries de l'hippodrome (avec 280 boxes dont 60 nouvellement construits), les parkings privés, les bâtiments techniques auxquels elle adjoint - pour le siège - de nouveaux bureaux implantés à côté du pavillon des balances.

Et le 6 juillet 2003, afin de préserver la piste en herbe, à la place de la « nouvelle piste », est ouverte une piste en sable (avec des fibres caoutchouteuses et une huile pour le liant) de 2 000 mètres de long, utilisable pour l’entraînement et les courses quel que soit le temps, même l’hiver. Ainsi un mini-meeting avec neuf nouvelles réunions est programmé pour la première fois en décembre 2003 (six) et janvier 2004 (trois). Enfin en 2006, pour l’organisation des ventes, l’Agence Française de Vente du Pur Sang cède la place à la société Arqana alors que la société Deauville Auction est remplacée par Art Curial pour les ventes aux enchères d’œuvres d’art.

En août 2006, le groupe ARQANA naît du rapprochement entre l'Agence Française de Vente de Pur-Sang et Goffs France, à l'initiative de plusieurs investisseurs dont l'Aga Khan. « Le groupe ainsi créé s'est rapidement installé dans le peloton de tête des agences de ventes puisqu'elle occupe la deuxième place au niveau européen ». 

Partenariat

Il fut introduit en 1987 par la maison Lancel qui le poursuivit jusqu'en 1998. Après un an de vacance, les Casinos Barrière sont devenus en l'an 2000 les nouveaux partenaires du Grand Prix de Deauville, cité où ils exercent leur activité depuis la naissance du groupe sous la houlette de François André auquel succéda son neveu Lucien Barrière.

Les femelles

Sur 149 éditions, les femelles ont été victorieuses seulement 26 fois. Leur dernière victoire, celle de Siljan's Saga, remonte à 2015. Leur pourcentage de victoires - 17 % -, est normal pour une épreuve réunissant surtout des chevaux de 4 ans et au-dessus, catégorie peu fournie en femelles dont les meilleures rejoignent le haras à la fin de leur troisième année. Quelques-unes de ces juments sont demeurées célèbres. Par exemple la première lauréate La Périchole (1871) pour Edgar de La Charme, qui remporte le Grand Steeple-Chase de Deauville en 1874 pour le comte de Saint-Sauveur (plus tard marquis) son nouveau propriétaire. Kincsem (1878), merveilleuse jument hongroise, demeurée invaincue en 54 courses. Punta Gorda (1907), issue d'un réclamer qui ne quittera le turf qu'après 73 courses soldées par 25 victoires et autant de places. Basse Pointe (1911), qui s'approprie la même année deux courses alors prestigieuses, le Prix du Conseil Municipal et le Prix Gladiateur. Célérina (1931), qui sera la mère du gagnant du Grand Prix de 1943, Pensbury. Et Schonbrunn (1970), championne en Allemagne, achetée par Daniel Wildenstein, qui sera la grand-mère de Sagace (Arc de Triomphe) et de Steinlen (Breeders' Cup Mile).

Concurrents venus de l'étranger

Ouvert dès 1872 « aux chevaux de toute espèce et de tout pays », le Grand Prix de Deauville ne fut pas long à attirer une célèbre pouliche adepte des longs déplacements, la hongroise Kincsem. A 4 ans en 1878, elle triomphe sans difficulté sur les bords de la Touques et poursuivra sa carrière à 5 ans, demeurée invaincue dans ses cinquante-quatre tentatives. En 1881, peu après avoir été battu de justesse par l'américain Foxhall dans le Grand Prix de Paris, le 3ans anglais Tristan doit se contenter d'une lointaine troisième place à Deauville. Mais son propriétaire français, Charles-Joachim Lefèvre, profitant du caractère international de l'épreuve, décide de le faire revenir pour disputer la seule course ouverte alors aux chevaux d'âge élevés à l'étranger. Ainsi, de Newmarket, où il est entraîné par Tom Jennings fils, Tristan revient à Deauville en 1882 et enlève le Grand Prix portant 65,5 kilos. Et, avec trois kilos de plus, il récidive en 1883 et 1884, accomplissant un triplé qui va demeurer unique. L'année suivante, 1885, nouvelle victoire d'un visiteur anglais, le 3ans Althorp sous les couleurs de Lucien de Hirsch. La série se poursuit encore en 1887, avec le succès « au petit galop, de quatre longueurs », de Pythagoras, entraîné à Pise, portant la casaque du comte de Canevaro. Après quoi, survient un long, très long, répit.

En effet, il faudra attendre… trois quarts de siècle avant d'enregistrer une nouvelle victoire d'un visiteur. En l'occurrence, celle d'un autre poulain venu d'Italie, Molvedo dont le succès à Deauville en 1961 fut le prélude à sa victoire dans le Prix de l'Arc de Triomphe. En 1975, un autre cheval arrivé d'Italie six semaines plus tôt, Duke of Marmelade, franchit en tête la ligne d'arrivée mais est rétrogradé à la cinquième place pour avoir gêné le cinquième. L'année suivante, il devra se contenter de la troisième place. C'est en 1987 que se manifestent les visiteurs britanniques. Ils occupent les deux premiers rangs, le vainqueur Almaarad, entraîné par John Dunlop, confirmant sa victoire acquise trois semaines plus tôt sur la même piste dans le Prix Kergorlay. C'est le début d'une vague déferlante car de 1987 à 2001, les visiteurs raflent neuf victoires. Les entraîneurs victorieux sont encore John Dunlop avec Taipan (1997), Peter Chapple-Hyam avec White Muzzle (1994), Michael A. Jarvis avec un lauréat du Prix du Jockey Club, Holding Court (2001) et surtout Paul Cole, conquérant à lui seul de cinq Grands Prix, avec Ibn Bey (1988), Snurge (1991 et 1993), Strategic Choice (1996) et Courteous (1999). Néanmoins les indigènes ont repris le pouvoir de façon presque systématique puisque seuls le 3 ans anglais Jukebox Jury en 2009 et l'allemand Savoir Vivre (2016), entraîné par le Français Jean-Pierre Carvalho outre-Rhin, puis Loxley (2018), pensionnaire de l'écurue Godolphin entraîné en Angleterre, et encore Telecaster (2020), pensionnaire de Hughie Morrison, ont battu les chevaux entraînés en France ces dernières années.

 

Propriétaires

  • Famille Wildenstein (8 victoires) : Charlemagne (1929) et Rieur (1930) pour Georges, Schonbrunn (1970), Ashmore (1974 et 1976), Air de Cour (1985) et Robertet (1990) pour Daniel, Policy Maker (2003) pour la famille Wildenstein ;
  • Frédéric de Lagrange (5 victoires) : Montgoubert (1867), Trocadero (1868), Mortemer (1869), Nougat (1876) et Castillon (1881) ;
  • Famille Rothschild : Alizier (1950), Flute Enchantée (1953) et Djakao (1969) pour Guy, Epistolaire (1998) et Russian Hope (2000) pour Édouard. 


Entraîneurs

  • André Fabre (9 victoires) : Zalataia (1983), Borromini (1989), Modhish (1992), Swain (1995), Epistolaire (1998), Polish Summer (2002), Cherry Mix (2004), Getaway (2008) et Masterstroke (2012). En 2004, André Fabre a sellé les trois premiers Cherry Mix, Martaline et Bailador.
  • Tom Jennings (5 victoires) : Montgoubert (1867), Trocadero (1868), Mortemer (1869), Nougat (1876) et Castillon (1881), les cinq chevaux du comte de Lagrange. 
  • George Cunnington (5 victoires) : Polyeucte (1886), Naviculaire (1892), Merlin (1895), Van Diemen (1897) et Cheikh (1908) ;
  • Paul Cole (5 victoires) : Ibn Bey (1988), Snurge (1991 et 1993), Strategic Choice (1996) et Courteous (1999). 

Deux femmes ont gagné la course : Corine Barande-Barbe avec Cirrus des Aigles (2011) puis Myriam Bollack-Badel avec Cocktail Queen (2014)


Jockeys

  • Yves Saint-Martin (5 victoires) : Bounteous (1962), Val de Loir (1963), Ashmore (1976), Perrault (1981) et Baby Turk (1986) ;
  • Dominique Bœuf (5 victoires) : Borromini (1989), Robertet (1990), Policy Maker (2003) et Irish Wells (2006, 2007).
  • George Stern (4 victoires) : Monsieur Amédée (1900), Jacobite (1901), Maximum (1902) et Biniou (1909). 
  • Guy Duforez (4 victoires) : Fantastic (1936), Saint Preux (1937), Birikil (1939) et Verso II (1944). 
  • Frederic Webb (3 victoires) : Tristan (1882, 1883 & 1884).
  • Charles Bouillon (3 victoires) : Adaris (1942), Basileus (1945) and Kerlor (1946).
  • Roger Poincelet (3 victoires) : Cordon Rouge III (1943), Coast Guard (1951) and Damaka (1952).
  • Thomas R. Quinn (3 victoires) : Snurge (1991 and 1993) and Strategic Choice (1996).
  • Thierry Jarnet (3 victoires) : Modhish (1992), Swain (1995) and Epistolaire (1998).
  • Olivier Peslier (3 victoires) : Polish Summer (2002), Tiberian (2017), Ziyad (2019).