Historique du Paul de Moussac : Une Poule à Chantilly

16 juin 2020

Historique du Paul de Moussac : Une Poule à Chantilly

Photo scoopdyga.com

Juin, Chantilly

Prix de Paul de Moussac Longines

 

Groupe 3, Poulains de 3 ans, 1 600 mètres, 56 000 €

Créé en 1909

Tenant du titre : National Service (h3, FRA par Elusive City et Forces Sweetheart, par Allied Forces), appartenant à Erika Gilliar, élevé par Erika Gilliar, entraîné par Gavin Hernon, monté par Tony Piccone.

Temps record (depuis 1978) : 1’35’’3 par Turtle Bowl (2005).

Le prix Paul de Moussac (ex-prix de la Jonchère) se déroule en 2021 pour la 109ème fois, dans sa forme actuelle pour la 50ème fois.

L'édition 2020

Vendredi 19 juin 2020, Chantilly. – C’était une édition très ouverte du prix Paul de Moussac Longines (Gr3), course de 1 600 mètres poulains de 3 ans, et l’arrivée a effectivement été très animée. Le favori Kenway (Galiway), précédemment cinquième de l’Emirates Poule d’Essai des Poulains (Gr1), semblait en mesure de prendre le dessus sur National Service (Elusive City) lorsque sa selle a glissé, ce qui a eu pour effet de faire sauter le poulain aux abords du poteau. Il est tout de même resté deuxième devant Charlesquint (Showcasing), remarquable à ce niveau après avoir été bousculé au moment décisif.

Brave Shiina (Bated Breath) finit bien en venant de l’arrière-garde à une longueur du trio de tête avec King Pacha (Acclamation). Oftenwork (Maxios) a craqué après avoir mené.

Le lauréat avait été supplémenté pour participer à la course. Ce hongre avait gagné pour ses débuts sur la PSF de Chantilly devant un cheval qui a gagné depuis. Deuxième à Saint-Cloud pour sa rentrée le 19 mai, une tête derrière King Pacha, qu’il retrouvait ici, après avoir mené, il montait de catégorie mais cette rentrée semble lui avoir été très profitable.

Le poulain a été racheté 28 000 € aux ventes de yearlings de Deauville en octobre 2018, où l’avait présenté Anna Sundstrom (Coulonces Sales). Sa mère est gagnante de huit courses en Grande-Bretagne et en République Tchèque, et elle a produit deux gagnants avant lui, son dernier poulain référencé.

Historique

En 2006, le prix de La Jonchère perd son nom d’origine pour honorer celui d’un important propriétaire-éleveur, Paul de Moussac, décédé en 1995. Si une jonchère est un lieu couvert de joncs et si La Jonchère est un parc situé sur la commune de La Celle Saint-Cloud, c’est aussi le nom d’une pouliche, lauréate du prix de Diane en 1877, dont ce prix nous rappelle le souvenir. Le prix de La Jonchère a été créé en 1909 pour les chevaux de 3 ans et au-dessus, et disputé sur une piste de Longchamp inaugurée l’année précédente. C’est la « nouvelle piste », qui a la particularité d’avoir le profil d’une ligne brisée, avec départ à la porte de Boulogne et arrivée au second poteau. Le prix de La Jonchère resta fidèle à ce parcours des 1 400 mètres de Longchamp pendant de longues années, les exceptions étant l’annulation de la course à cause de la Première Guerre mondiale (de 1915 à 1918) et le transfert au Tremblay du fait de la Seconde Guerre mondiale (en 1943, 1944 et 1945). C’est seulement à partir de 1987 que le prix de la Jonchère s’éloigna de Longchamp pour se promener à Chantilly (1987 à 1989, 1991, 1993), à Saint-Cloud (1990 et 1992) et à Maisons-Laffitte (1994). Revenu à Longchamp en 1995 et 1996, il l’a abandonné pour Chantilly depuis 1997. La distance initiale de 1 400 mètres a été portée à 1 500 mètres de 1966 à 1970. Depuis 1971, elle a été fixée à 1 600 mètres.

Depuis 1972, le prix de La Jonchère est réservé aux 3 ans, les aînés ayant à leur disposition à la même époque le prix du Chemin de Fer du Nord. Les deux courses sont au programme de la même journée (prix de Diane) depuis 2005, à l’exception de l’année 2020, lorsque le prix Paul de Moussac a été disputé mi-juin, deux semaines environ avant la réunion du prix de Diane Longines et du Jockey Club dans le cadre des aménagements consécutifs du calendrier et du programme dûs à l’épidémie de coronavirus. Compte tenu de sa position dans le programme, quelques semaines après la Poule d'essai des Poulains, cette course sert parfois de nouveau départ pour les milers de cet âge qui n'avaient pas atteint le niveau suffisant début mai à ParisLongchamp, où ont joué de malchance ce jour-là.

Paul de Moussac (1924-1995)

Si son activité principale fut le courtage maritime, Paul de Moussac avait hérité le goût du cheval de son grand-père, Gaston de Moussac (qui avait été directeur de l’Ecole de dressage de La Roche-sur-Yon) et de son père Henry de Moussac, qui fut entraîneur public de trotteurs en Vendée. C’est le 22 avril 1962 à Auteuil que les couleurs (casaque cerclée noir et jaune, toque jaune) de Paul de Moussac connurent leur première victoire dans le prix du Pont d’Iéna avec Kisling qui fit encore mieux en décembre, en remportant, sur le même hippodrome, un tiercé, le prix Jean de Neuflize.

Paul de Moussac s’intéresse surtout à l’élevage. À partir d’une petite ferme d’une douzaine d’hectares (entourant un joli manoir) aux confins de l’Orne et du Calvados acquise en 1962, il va constituer un des principaux haras normands, le Mézeray, disposant aussi d’une antenne de pré-entraînement. Après une dizaine d’années, les élèves du Mézeray se hissent au plus haut niveau, tels Margouillat (1970, prix Hocquart, prix Dollar, 3ème de l’Arc de Triomphe, à la croupe d’Allez France et de Comtesse de Loir), Noir et Or (1975, prix du Conseil de Paris, Grand prix d’Evry, 4ème du Jockey Club), Luth Enchantée (1980, prix Jacques Le Marois et du Moulin de Longchamp, 3ème de l’Arc de Triomphe), Trempolino (1984, battu de peu dans le prix du Jockey Club, mais gagnant de l’Arc de Triomphe dans un temps record).

En 1988, naît Subotica, qui, vendu yearling à Deauville, va porter les couleurs d’Olivier Lecerf. Deuxième du prix du Jockey Club, il enlève le Grand prix de Paris et l’année suivante, il s’illustre en gagnant le prix Ganay et le prix de l’Arc de Triomphe. En cette même année 1992, le Grand prix de Paris revient à la casaque cerclée noir et jaune, portée par Homme de Loi, acheté yearling en Irlande. Toujours en 1992, Apple Tree (1989) remporte le Turf Classic à Aqueduct puis, à 5 ans, il enlève la Coronation Cup, le Grand prix de Saint-Cloud et se place troisième de l’Arc de Triomphe. En 1993, pour la troisième fois, la place de deuxième du prix du Jockey Club est occupée par un élève du Mézeray, Dernier Empereur (1990, fils de Trempolino) qui, à 4 ans, s’adjuge les Champion Stakes à Newmarket. A côté de ces champions, on notera que trois chevaux de Paul de Moussac, Pampabird (1983), Mill Native (1988) et French Stress (1989), remportèrent le prix du Chemin de Fer du Nord disputé le même jour que le prix de La Jonchère qui portera son nom.

Tel était le prestigieux palmarès du Mézeray quand son créateur, passionné d’élevage, mourut le 21 mai 1995. Paul de Moussac avait fait sien ce précepte de Mme Jean Couturié : « Si vous voulez élever un gagnant de gros handicap, élevez pour gagner l’Arc ! »

La Jonchère

La Jonchère était une femelle baie par Vermout et Deliane (The Flying Dutchman), née en 1874 chez Auguste Lupin. Sous les couleurs de celui-ci, elle remporta cinq courses dont, à 3 ans, le prix Daru et le prix de Diane. Ce faisant, elle offrait à Auguste Lupin la cinquième de ses six victoires dans le « Derby des pouliches », ce qui constitue le record de l’épreuve.

C’est à la judicieuse importation en 1859 d’une jument anglaise, nommée Impérieuse, qu’Auguste Lupin est redevable de La Jonchère et de quelques-uns de ses meilleurs élèves. Lauréate en 1854 des Mille Guinées et du St Leger à Doncaster (devant Blink Bonny, héroïne des Oaks et du Derby), Impérieuse traça au haras par trois filles dont la plus célèbre est Deliane. Lauréate du prix de Diane en 1865, Deliane donna naissance à trois vainqueurs classiques, à savoir Enguerrande (1873, Poule d’Essai, Oaks, Cadran, 2ème du Jockey Club), Xaintrailles (1882, Poule d’Essai) et La Jonchère. Envoyée au haras, celle-ci devint l’ancêtre de plusieurs excellents performers de par le monde (Angleterre, Chili, Etats Unis), les plus célèbres étant toutefois deux français, deux gris : Filibert de Savoie, héros du Grand prix de Paris de 1920 ; et Fléchois (1918), connu pour les premiers accessits qu’il obtint dans le Grand prix de Paris et dans le prix de l’Arc de Triomphe à deux reprises.

 

Propriétaires

  • Casaque Wildenstein (6 victoires) : Corviglia (1940) et Verrières (1957) pour Georges, Faraway Son (1971), Boxing Day (1990), Freedom Cry (1994) et Android (1996) pour Daniel.
  • William-K. Vanderbilt (3 victoires) : Prestissimo II (1909), Oversight (1910) et Maskara (1920).
  • Jean Stern (3 victoires) : Entrechat (1925), Pas de Quatre (1956) et Sweet Home (1958).
  • François Dupré (3 victoires) : Ménétrier (1948, 1949) et Bel Amour (1951).
  • Ralph-Beaver Strassburger (3 victoires) : Luzon (1952, 1953) et Antler (1954).
  • Mohammed Al Maktoum (3 victoires) : Polish Precedent (1989), Sharman (1993) et Grazalema (1999).
  • Casaque Wertheimer (4 victoires) : Avaray (1976) et Bellypha (1979) pour Jacques, Medecis (2002), Anodin (2013) pour Wertheimer&Frère. acquise par Wertheimer & Frère avec Medecis (2002).
     

Entraîneurs

  • André Fabre (9 victoires) : Polish Precedent (1989), Metal Storm (1991), Sharman (1993), Freedom Cry (1994), Android (1996), Grazalema (1999), Art Master (2004), Mutual Trust (2011), Trais Fluors (2017).
  • François Mathet (6 victoires) : Ménétrier (1948, 1949), Bel Amour (1951), Catilina (1963), Lightning (1977) et Mannshour (1978).
  • Alec Head (4 victoires) : Djébé (1950), Satingo (1973), Avaray (1976) et Bellypha (1979).
  • Jean-Claude Rouget (4 victoires) : Gold and Steel (1995), Oiseau de Feu (2009), Xanadou (2012), Zelzal (2018).
  • William Duke (3 victoires) : Prestissimo II (1909), Oversight (1910), Maskara (1920).
  • Frank Carter (3 victoires) : Perdicas (1924), Samphire (1927) et Ambrose Light (1936).
  • Georges Bridgland (3 victoires) : Antler (1954), Trévières (1960) et Nemours (1965).
  • Freddy Palmer (3 victoires) : Contraband (1974), Dandy Lute (1975) et Ruscelli (1980).
  • Pascal Bary (3 victoires) : Soft Currency (1987), Silic (1998) et Arcadia’s Angle (2008).
  • Freddy Head (3 victoires): Anodin (2013), Charm Spirit (2014), Almanaar (2015).
     

Jockeys

  • Roger Poincelet (6 victoires) : Fanatique (1944), Ménétrier (1948, 1949), Djébé (1950), Antler (1954), Fiftieth State (1962).
  • Freddy Head (6 victoires) : Lemmy (1967), Daring Display (1972), Satingo (1973), Avaray (1976), Bellypha (1979), What a Guest (1982).
  • Yves Saint-Martin (4 victoires) : Catilina (1963), Calife (1968), Faraway Son (1971) et Ruscelli (1980).
  • Cash Asmussen (4 victoires) : Majuscule (1984), Magical Wonder (1986), Soft Currency (1987) et Polish Precedent (1989).
  • Olivier Peslier (4 victoires) : Freedom Cry (1994), Android (1996), Turtle Bowl (2005), Anodin (2013), Spirit (2014).
  • Frank O’Neill (3 victoires) : Oversight (1910), Le Charmeur (1911) et Maskara (1920).
  • Jean-Claude Desaint (3 victoires) : Contraband (1974), Dandy Lute (1975) et Lou Piguet (1981).
  • Christophe-Patrice Lemaire (3 victoires) : Kentucky Dynamite (2006), Arcadia’s Angle (2008) et Oiseau de Feu (2009).
  • Thierry Jarnet (3 victoires) : Metal Storm (1991), Sharman (1993), Almanaar (2015).